S. m. pl. (Histoire moderne) prêtres de l'île Espagnole en Amérique. Les Espagnols les trouvèrent en grande vénération dans le pays quand ils y arrivèrent. Leurs fonctions principales étaient de prédire l'avenir et de faire la Médecine. Ils employaient à l'une et à l'autre une plante appelée cohoba : la fumée du cohoba respirée par le nez leur causait un délire qu'on prenait pour une fureur divine ; dans cette fureur ils débitaient avec enthousiasme un galimathias, moitié inintelligible, moitié sublime, que le peuple recevait comme des inspirations. La manière dont ils traitaient les maladies était plus singulière. Quand ils étaient appelés auprès d'un malade, ils s'enfermaient avec lui, faisaient le tour de son lit trois ou quatre fais, lui mettaient de leur salive dans la bouche ; et après plusieurs mouvements de tête et autres contorsions, soufflaient sur lui et lui suçaient le cou du côté droit. Ils avaient grand soin auparavant de mettre dans leur bouche un os, une pierre, ou un morceau de chair ; car ils en tiraient après l'opération quelque chose de semblable, qu'ils donnaient pour la cause de la maladie, et que les parentes du malade gardaient avec soin afin d'accoucher heureusement. Pour soulager le malade fatigué de ces cérémonies, ils lui imposaient légèrement les mains depuis la tête jusqu'aux pieds, ce qui ne l'empêchait pas de mourir ; alors ils attribuaient sa mort à quelque pêché récent dont elle était le châtiment.

Ils n'avaient d'autre part aux sacrifices que celle de recevoir les pains d'offrande, de les bénir, et de les distribuer aux assistants ; mais ils étaient chargés de la punition de ceux qui n'observaient pas les jeunes prescrits par la religion. Ils portaient un vêtement particulier, et ils pouvaient avoir plusieurs femmes. Voyez Lop. de Gomar. hist. des ind. occid.