S. m. (Histoire moderne) titre que prirent les successeurs de Mahomet, dans le nouvel empire temporel et spirituel établi par ce législateur. Voyez l'article MAHOMETAN.

Ce mot est ordinairement arabe, khalifah, qui signifie proprement un successeur ou un héritier. Quelques-uns prétendent qu'il vient d'un verbe qui signifie non-seulement succéder, mais encore être en la place d'un autre en qualité d'héritier et de vicaire. C'est en ce sens selon Erpenius, que les empereurs et les grands-prêtres sarrasins étaient appelés califes, comme étant les vicaires ou les lieutenans de Dieu ; mais l'opinion la plus reçue est qu'ils prirent ce titre en qualité de successeurs de Mahomet.

Après la mort de Mahomet, Aboubekre ayant été élu par les Musulmants pour remplir sa place, il ne voulut point prendre d'autre titre que celui de khalifa ressoul Allah, c'est-à-dire vicaire du prophète ou messager de Dieu. Omar, qui succéda à Aboubekre, représenta au chef des Mahométans que s'il prenait, à l'imitation du calife dernier mort, le titre de vicaire ou de successeur du prophète, par la suite des temps le mot vicaire serait répété et multiplié sans fin : sur cette représentation et par l'avis de Mogairah, Omar prit le titre d'emir moumenin, c'est-à-dire le seigneur ou le prince des croyans. Depuis ce temps, tous les califes ou les successeurs légitimes de Mahomet ont consenti à porter ce nom. Ils ont encore retenu le titre de calife sans aucune addition.

Les premiers califes réunissaient donc en leurs personnes l'autorité temporelle et spirituelle, et étaient en même temps chefs de l'empire et du sacerdoce, comme avaient été les empereurs romains dans le Paganisme : aussi les princes mahométants recevaient-ils d'eux l'investiture de leurs états avec beaucoup de cérémonies religieuses, et ils décidaient des points de doctrine. Les califes successeurs de Mahomet ont régné dans la Syrie ; et on les divise en deux races, celle des Ommiades, et celle des Abassides : mais à mesure que les Sarrasins augmentèrent leurs conquêtes, les califes se multiplièrent, plusieurs de leurs souverains ayant pris ce titre : car outre celui de Syrie et de Babylone, qu'on nommait encore le calife du Caire, on trouve dans les historiens des califes de Carvan, de Fez, d'Espagne, de Perse, de Cilicie, de Mésopotamie. Mais depuis que les Turcs se sont rendus maîtres de la plus grande partie des conquêtes des Sarrasins, le nom de calife a été aboli ; et la première dignité de la religion mahométane chez eux, est devenue celle de muphti. Voyez MUPHTI. (G.)