ou YNCA, s. m. (Histoire moderne) nom que les naturels du Pérou donnaient à leurs rois et aux princes de leur sang.

La chronique du Pérou rapporte ainsi l'origine des incas. Le Pérou fut longtemps un théâtre de toutes sortes de crimes, de guerres, de dissensions et de désordres les plus abominables, jusqu'à ce qu'enfin parurent deux frères, dont l'un se nommait mango-capac, dont les Indiens racontent de grandes merveilles. Il bâtit la ville de Cusco, il fit des lois et des règlements, et lui et ses descendants prirent le nom d'inca, qui signifie roi ou grand-seigneur. Ils devinrent si puissants qu'ils se rendirent maîtres de tout le pays qui s'étend depuis Parto jusqu'au Chili, et qui comprend 1300 lieues, et ils le possédèrent jusqu'aux divisions qui survinrent entre Guascar et Atabalipa ; car les Espagnols en ayant profité, ils se rendirent maîtres de leurs états, et détruisirent l'empire des incas.

On ne compte que douze incas, et l'on assure que les personnes les plus considérables du pays portent encore aujourd'hui ce nom. Mais ce n'est plus qu'un titre honorable sans aucune ombre d'autorité, aussi-bien que celui de cacique.

Quant aux anciens incas qui regnèrent avant la conquête des Espagnols, leur nom en langue péruvienne, signifiait proprement et littéralement seigneur ou empereur, et sang-royal. Le roi était appelé capac inca, c'est-à-dire seigneur par excellence ; la reine s'appelait pallas, et les princes simplement incas. Leurs sujets avaient pour eux une extrême vénération, et les regardaient comme les fils du soleil, et les croyaient infaillibles. Si quelqu'un avait offensé le roi dans la moindre chose, la ville d'où il était originaire ou citoyen, était démolie ou ruinée. Lorsque les incas voyageaient, chaque chambre où ils avaient couché en route était aussi-tôt murée, afin que personne n'y entrât après eux. On en usait de même à l'égard des lieux où ils mouraient ; on y enfermait tout l'or, l'argent, et les autres choses précieuses qui s'y trouvaient au moment de la mort du prince, et l'on bâtissait de nouvelles chambres pour son successeur.

Les femmes et les domestiques du roi défunt étaient aussi sacrifiés dans les funérailles ; on les brulait en même temps que son corps, et sur le même bucher. Voyez l'histoire des incas par Garcilasso de la Vega.

INCAS, Pierre des, (Histoire naturelle) on nomme ainsi une espèce de pyrite martiale, très-dure et susceptible d'un très-beau poli ; son nom lui vient de ce que les incas ou rois du Pérou se servaient, dit-on, au défaut de miroirs, de ces pyrites, quand elles avaient été bien polies ; d'ailleurs on lui attribuait un grand nombre de vertus. On fait encore aujourd'hui dans l'Amérique espagnole des boutons et des pierres pour les bagues de ces sortes de pyrites, et l'on est dans le préjugé de croire qu'elles changent de couleur, lorsque celui qui la porte est menacé de maladie. Quand elles sont taillées en facettes, elles ressemblent beaucoup à de l'acier poli, excepté qu'elles tirent un peu sur le jaune. Nous avons dans toutes les parties de l'Europe un grand nombre de pyrites qu'on pourrait employer aux mêmes usages, si on le jugeait à propos.

Les plus belles mines connues de cette pierre sont dans la province de Santafé de Bogota ; on y nomme cette pierre sorotché.