S. m. (Histoire moderne) nom de la faction opposée en Hollande à celle des kabeljaws ; cette dernière tira son nom du poisson qu'on appelle en flamand kabeljaw, merlus, et qui mange les autres ; ils voulaient désigner par ce nom de guerre, qu'ils dévoreraient de même leurs ennemis. Les hoèkens, ou hoèkiens à leur tour s'appelèrent ainsi du mot hollandais hoèk, qui veut dire un hameçon, pour marquer qu'ils prendraient leurs ennemis, comme on prend avec l'hameçon le poisson dont ils avaient emprunté le nom. Quidam se cabilliavios, (sic belgicè vocant asellum piscem) apellabant, quòd ut ille pisces alios vorat, sic ipsi adversarios domarent ; alii se hoeckios dicebant (hoek hollandis hamum significat) quasi sese jactarent cabilliaviis futuros, quod est hamus pisci. Bolland. Januar. tom. I. p. 352.

Ces deux partis opposés (dont les noms, pour le dire en passant, sont estropiés dans tous nos auteurs) s'élevèrent en Hollande vers l'an 1350, lorsque Marguerite, comtesse de Hollande, vint à se brouiller avec son fils Guillaume V. à l'occasion de la régence. Les kabeljaws étaient pour le fils, et portaient des bonnets gris ; les hoèks tenaient pour la mère, et portaient des bonnets rouges. Les villes et les grands seigneurs entrant dans l'un ou dans l'autre des deux partis, se firent la guerre avec une animosité furieuse, qui subsista plus de 140 ans ; car elle commença en 1350, et de finit qu'en 1492.

L'histoire dit que les kabeljaws étaient les plus forts en nombre et les plus cruels, et que les hoèks étaient les plus braves et les moins barbares. La bravoure est communément accompagnée de générosité ; la cruauté et la lâcheté se donnent toujours la main. (D.J.)