ou MAHL, (Histoire moderne) c'est ainsi qu'on nomme le palais du grand mogol, où ce prince a ses appartements et ceux de ses femmes et concubines. L'entrée de ce lieu est interdite même aux ministres de l'empire. Le médecin Bernier y est entré plusieurs fois pour voir une sultane malade, mais il avait la tête couverte d'un voile, et il était conduit par des eunuques. Le maal du grand mogol est la même chose que le serrail du grand seigneur et le haram des rois de Perse ; celui de Dehli passe pour être d'une très-grande magnificence. Il est rempli par les reines ou femmes du mogol, par les princesses du sang, par les beautés asiatiques destinées aux plaisirs du souverain, par les femmes qui veillent à leur conduite, par celles qui les servent, enfin par des eunuques. Les enfants mâles du mogol y restent aussi jusqu'à ce qu'ils soient mariés ; leur éducation est confiée à des eunuques, qui leur inspirent des sentiments très-opposés à ceux qui sont nécessaires pour gouverner un grand empire ; quand ces princes sont mariés, on leur donne un gouvernement ou une vice-royauté dans quelque province éloignée.

Les femmes chargées de veiller sur la conduite des princesses et sultanes sont d'un âge mûr ; elles influent beaucoup sur le gouvernement de l'empire. Le souverain leur donne des offices ou dignités qui correspondent à ceux des grands officiers de l'état ; ces derniers sont sous les ordres de ces femmes, qui ayant l'oreille du monarque, disposent souverainement de leur sort. L'une d'elles fait les fonctions de premier ministre ; une autre celle de secrétaire d'état, etc. Les ministres du dehors reçoivent leurs ordres par lettres, et mettent leur unique étude à leur plaire ; d'où l'on peut juger de la rigueur des mesures et de la profondeur des vues de ce gouvernement ridicule.

Le grand-mogol n'est servi que par des femmes, dans l'intérieur de son palais ; il est même gardé par une compagnie de cent femmes tartares, armées d'arcs, de poignards et de sabres. La femme qui les commande a le rang et les appointements d'un omrah de guerre, ou général d'armée.