S. m. (Histoire moderne) nom de la faction opposée à celle des Guelphes. Quelques-uns fixent le commencement de ces deux factions à l'an 1140.

On se rappellera sans-doute que les Gibelins étaient attachés aux prétentions des empereurs, dont l'empire en Italie n'était qu'un vain titre, et que les Guelphes étaient soumis aux volontés des pontifes régnans.

Nous ne remonterons point à l'origine de ces deux partis ; nous ne crayonnerons point le tableau de leurs ravages, encore moins rapporterons-nous les conjectures odieuses des savants sur l'étymologie des noms Guelphe et Gibelin ; c'est assez de dire, avec l'auteur de l'essai sur l'Histoire générale, que ces deux factions desolèrent également les villes et les familles ; et que pendant les XIIe XIIIe et XIVe siècles, l'Italie devint par leur animosité le théâtre, non d'une guerre, mais de cent guerres civiles, qui, en aiguisant les esprits ; accoutumèrent les petits potentats italiens à l'assassinat et à l'empoisonnement.

Boniface VIII. ne fit qu'accroitre le mal ; il devint aussi cruel guelphe en devenant pape, qu'il avait été violent gibelin pendant qu'il fut simple particulier. On raconte à ce sujet qu'un premier jour de carême, donnant les cendres à un archevêque de Genèse il les lui jeta au nez, en lui disant ; " Souviens-toi que tu es gibelin, " au lieu de lui dire, souviens-toi que tu es homme.

Je ne sais si beaucoup de curieux en matière historique, seront tentés de lire aujourd'hui dans Villani, Sigonius, Ammirato, Biondo, ou autres historiens, le détail des horreurs de ces deux factions ; mais les gens de goût liront toujours le Dante : cet homme de génie, si longtemps persécuté par Boniface VIII. pour avoir été gibelin, a exhalé dans ses vers toute sa douleur sur les querelles de l'Empire et du Sacerdoce. (D.J.)