S. m. (Histoire moderne) ou comme on disait autrefois, APPENNAGE, (Histoire moderne) terres que les souverains donnent à leurs puinés pour leur partage, lesquelles sont reversibles à la couronne, faute d'enfants mâles dans la branche à laquelle ces terres ont été données. Ducange dit que dans la basse latinité on disait apanare, apanamentum, et apanagium, pour désigner une pension ou un revenu annuel qu'on donne aux cadets, au lieu de la part qu'ils devraient avoir dans une seigneurie, qui ne doit point, suivant les lois et coutumes, se partager, mais rester indivise à l'ainé. Hoffman et Monet dérivent ce mot du celtique ou allemand, et disent qu'il signifie exclure et forclorre de quelque droit ; ce qui arrive à ceux qui ont des apanages, puisqu'ils sont exclus de la succession paternelle. Antoine Loysel, cité par Ménage, croit que le mot apanager voulait dire autrefois donner des pennes ou plumes, et des moyens aux jeunes seigneurs qu'on chassait de la maison de leurs pères, pour aller chercher fortune ailleurs, soit par la guerre, soit par le mariage.

Nicod et Ménage dérivent ce mot du Latin panis, pain, qui souvent comprend aussi tout l'accessoire de la subsistance.

Quelques-uns pensent que les apanages, dans leur première institution, ont été seulement des pensions ou des payements annuels d'une certaine somme d'argent.

Les puinés d'Angleterre n'ont point d'apanage déterminé comme en France, mais seulement ce qu'il plait au roi de leur donner. Voyez PRINCE, etc.

En France même, sous les rois de la première et ceux de la seconde race, le droit de primogéniture ou d'ainesse, et celui d'apanage, étaient inconnus ; les domaines étaient à-peu-près également partagés entre tous les enfants. Voyez PRIMOGENITURE et AINESSE.

Mais comme il en naissait de grands inconvéniens, on jugea dans la suite qu'il valait mieux donner aux cadets ou puinés des comtés, des duchés, ou d'autres départements, à condition de foi et hommage, et de réversion à la couronne à défaut d'héritiers mâles, comme il est arrivé à la première et à la seconde branche des ducs de Bourgogne. A présent même les princes apanagistes n'ont plus leurs apanages en souveraineté : ils n'en ont que la jouissance utîle et le revenu annuel. Le duché d'Orléans est l'apanage ordinaire des seconds fils de France, à moins qu'il ne soit déjà possédé, comme il l'est actuellement, par un ancien apanagiste.

On ne laisse pas d'appeler aussi improprement apanage, le domaine même de l'héritier présomptif de la couronne ; tel qu'est en France le Dauphiné ; en Angleterre la principauté de Galles ; en Espagne celle des Asturies ; en Portugal celle du Bresil, etc.

On appelle aussi apanage, en quelques coutumes, la portion qui est donnée à un des enfants, pour lui tenir lieu de tout ce qu'il pourrait prétendre à la succession.

Paul Emîle a remarqué que les apanages sont une invention que les rois ont rapportée des voyages d'outre mer. (G-H)