S. m. (Histoire moderne) est une statue mutilée qu'on voit à Rome dans une encoignure du palais des Ursins ; elle tire son nom d'un savetier de cette ville, fameux par ses railleries et ses lardons, dont la boutique était le receptacle d'un grand nombre de fainéans qui se divertissaient à railler les passants.

Après la mort de Pasquin, en creusant devant sa boutique on trouva une statue d'un ancien gladiateur bien taillée, mais mutilée de la moitié de ses membres : on l'exposa à la même place où on l'avait trouvée, au coin de la boutique de Pasquin, et d'un commun consentement on lui donna le nom du mort.

Depuis ce temps-là on attribue à la statue toutes les satyres et les brocards ; on les lui met dans la bouche, ou on les affiche sur lui, comme si tout cela venait de Pasquin ressuscité. Pasquin s'adresse ordinairement à Marforio, autre statue dans Rome, ou Marforio à Pasquin, à qui on fait faire la réplique.

Les réponses sont ordinairement courtes, piquantes et malignes : quand on attaque Marforio, Pasquin vient à son secours ; et quand on l'attaque, Marforio le défend à son tour, c'est-à-dire que les satyriques font parler ces statues comme il leur plait. Voyez PASQUINADE.

Cette licence qui dégénere quelquefois en libelles diffamatoires, n'épargne personne, pas même les papes, et cependant elle est tolérée. On dit qu'Adrien VI. indigné de se voir souvent en bute aux satyres de Pasquin, résolut de faire enlever la statue pour la précipiter dans le Tibre ou la réduire en cendres, mais qu'un de ses courtisans lui remontra ingénieusement que si on noyait Pasquin, il ne deviendrait pas muet pour cela, mais qu'il se ferait entendre plus hautement que les grenouilles du fond de leurs marais ; et que si on le brulait, les Poètes, nation naturellement mordante, s'assembleraient tous les ans au lieu de son supplice, pour y célébrer ses obseques, en déchirant la mémoire de celui qui l'aurait condamné. Le pape gouta cet avis, et la statue ne fut point détruite. Le même motif peut la conserver longtemps.