S. m. (Histoire moderne) ou LANGUE ESCLAVONNE, est la langue des Sclaves anciens peuples de la Scythie européenne, qui vers l'année 518 quittèrent leur pays, ravagèrent la Grèce, fondèrent des royaumes dans la Pologne et la Moravie, et enfin s'établirent dans l'Illyrie, qui prit d'eux le nom de Sclavonia. Voyez LANGUE.

L'esclavon passe pour être, après l'arabe, la langue la plus répandue depuis la mer Adriatique jusqu'à la mer du Nord, et depuis la mer Caspienne jusqu'à la mer Baltique. Cette langue est, dit-on, commune à un grand nombre de peuples différents, qui descendent tous des anciens Sclaves ; savoir, les Polonais, les Moscovites, les Bulgares, les Carinthiens, les Bohémiens, les Hongrois, les Prussiens, les peuples de Souabe : cependant chacun de ces peuples a son dialecte particulier ; et l'esclavon est seulement la langue mère de tous ces idiomes particuliers, comme du polonais, du russien, du hongrois, etc.

Suivant une chronique latine de Sclavis composée par Helmold prêtre de Bosow, et par Arnould abbé de Lubec, et corrigée par M. Leibnitz, il parait que les Sclaves habitaient autrefois les côtes de la mer Baltique, et que ces peuples se divisaient en Orientaux et Occidentaux : dans cette dernière classe étaient les Russes, les Polonais, les Bohémiens, etc. et dans la première étaient les Vandales.

Don Maur-Orbini Roser, de l'ordre de Malte, dans son histoire italienne des Sclaves, intitulée il regno de gli Slavi, imprimée en 1601, prétend que ces peuples étaient originaires de Finlande en Scandinavie. Laurent Pribero de Dalmatie soutient, dans un discours sur l'origine des Sclaves, que ces peuples venaient de Thrace, qu'ils étaient les mêmes que les Thraces, et descendaient de Thiras septième fils de Japhet. Théod. Policarpowitz, dans un dictionnaire grec, latin et esclavon, imprimé à Moscow en 1704, remarque que le mot sclava, d'où est formé esclavon, signifie en cette langue gloire. Chambers. (G)