subst. et adj. (Histoire moderne) nom que les Catholiques ont donné par sobriquet aux Protestants Calvinistes ; mais ils n'ont pas appliqué à ce mot le vrai sens qu'il avait dans son origine, et ni Pasquier, ni Ménage, ni le P. Daniel, n'ont su le deviner. Le voici :

L'évêque de Genève qui, suivant la remarque de M. de Voltaire, disputait le droit de souveraineté sur cette ville au duc de Savoie et au peuple, à l'exemple de tant de prélats d'Allemagne, fut obligé de fuir au commencement du seizième siècle, et d'abandonner le gouvernement aux citoyens, qui recouvrèrent alors leur liberté. Il y avait déjà depuis assez longtemps deux partis dans Genève, celui des Protestants, et celui des Catholiques Romains. Les Protestants s'appelaient entr'eux Egnots, du mot eid-gnossen, alliés par serment ; les Egnots qui triomphèrent, attirèrent à eux une partie de la faction opposée, et chassèrent le reste. De-là vint que les Protestants de France eurent le nom d'Egnots, et par corruption de Huguenots, dont la plupart des écrivains français inventèrent depuis de vaines ou d'odieuses origines. Telle est l'étymologie de ceux qui tirent ce mot du roi Hugon, dont on faisait peur aux enfants en Touraine : telle est encore l'opinion de Castelnau Mauvissière, qui dérive ce terme d'une petite monnaie, qu'on a supposé valoir une maille du temps de Hugues-Capet, par où l'on a voulu signifier que les Protestants ne valaient pas une maille, et qu'ils étaient une monnaie de mauvais aloi. Ces insinuations ont fait couler des torrents de sang. (D.J.)