S. m. (Histoire moderne) c'est le nom que les sauvages qui habitent l'île de Cayenne donnent à un mauvais génie, qu'ils regardent comme l'auteur de tous les maux. Ces mêmes sauvages donnent encore le nom de piaies ou de piayes à leurs prêtres, qui sont en même temps leurs sorciers et leurs médecins. Avant que d'être agrégés à ce corps, celui qui s'y destine passe par des épreuves si rudes, que peu de gens pourraient devenir médecins à ce prix. Lorsque le récipiendaire a reçu pendant dix années les instructions d'un ancien piaie, dont il est en même temps le valet, on lui fait observer un jeune si rigoureux, qu'il en est totalement exténué ; alors les anciens piaies s'assemblent dans une cabane, et apprennent au novice le principal mystère de leur art, qui consiste à évoquer les puissances de l'enfer ; après quoi on le fait danser jusqu'à ce qu'il perde connaissance ; on le fait revenir en lui mettant des colliers et des ceintures remplis de fourmis noires, qui le piquent très-vivement ; après cela, pour l'accoutumer aux remèdes, on lui fait avaler un grand verre de jus de tabac, ce qui lui cause des évacuations très-violentes, qui durent quelquefois pendant plusieurs jours. Lorsque toutes ces cérémonies cruelles et ridicules sont finies, le récipiendaire est déclaré piaie, et on lui confie le pouvoir de guérir toutes les maladies, cependant il n'est en droit d'exercer qu'après avoir passé encore trois ans d'abstinence. Leur méthode curative consiste en grande partie dans l'évocation des esprits infernaux ; cependant on assure qu'ils font usage de quelques plantes très-efficaces contre les plaies les plus envenimées, à l'aide desquelles ils opèrent quelquefois des cures merveilleuses.