S. f. (Histoire moderne) collège de théologie, fameux dans l'université de Paris, et qui tire son nom de Robert de Sorbon son fondateur. Celui-ci, qui était confesseur et aumonier du roi S. Louis, ayant formé en 1256, le dessein d'établir un collège en faveur de 16 pauvres étudiants en théologie, 4 de chaque nation de l'université, le roi donna à ce collège plusieurs maisons qui étaient de son domaine dans la rue Coupe-gueule, vis-à-vis le palais des Thermes, et au moyen de quelques échanges de rentes, Robert de Sorbon fit bâtir dans cet emplacement ce collège pour 16 écoliers et un proviseur, c'est-à-dire, un principal ou supérieur. On les appelait les pauvres de Sorbonne, et leur maison la pauvre Sorbonne, pauper Sorbonna. Mais par la suite elle s'enrichit, et de collège destiné à loger des étudiants, elle devint une société particulière dans la faculté de théologie de Paris, et une retraite pour un certain nombre de docteurs et de bacheliers de cette maison. Cependant elle s'était toujours maintenue dans son ancienne simplicité, jusqu'au temps que le cardinal de Richelieu la fit rebâtir avec une magnificence, qui seule serait capable d'immortaliser son nom : ce qu'on y admire le plus c'est l'église dans laquelle est le mausolée de ce cardinal. Trais grands corps de logis comprennent, outre la bibliothèque, la salle des actes, la salle à manger, les cuisines, etc. trente-six appartements pour les docteurs et bacheliers de la maison, et ces appartements sont donnés à l'ancienneté. Pour être admis dans cette maison, dès qu'on a été reçu bachelier en théologie, il faut professer un cours de philosophie dans quelque collège de l'université, cependant on postule, ou, comme on dit, on supplie pour être agrégé à la maison et société, et l'on soutient un acte que l'on appelle Robertine, du nom du fondateur, ce que les bacheliers font ordinairement avant que d'entrer en licence. De ceux qui sont de la maison, on en distingue de deux sortes ; les uns sont de la société, et ont droit de demeurer en Sorbonne, et de donner leur suffrage dans les assemblées de la maison, les autres sont de l'hospitalité, c'est-à-dire, agrégés à la maison sans être de la société. On les appelle ordinairement docteurs licenciés ou bacheliers de la maison et société de Sorbonne. Mais leur véritable titre, et celui qu'ils prennent dans les actes de la faculté, est docteurs licenciés et bacheliers de la faculté de théologie de Paris, de la maison et société de Sorbonne ; ce qu'on exprime en latin par doctor, licentiatus, ou baccalaureus theologus sacrae facultatis Parisiensis, socius Sorbonicus. On donne aussi communément aux autres docteurs de la faculté le titre de docteur de Sorbonne ; et bien des gens en prennent occasion de penser que la maison de Sorbonne a quelque supériorité dans la faculté de théologie de Paris. Cette maison respectable par les hommes célèbres qu'elle a produits, par les savants qui la composent, et par ceux qu'elle forme encore tous les jours, n'est après tout qu'une société particulière, comme plusieurs autres, et surtout celle de Navarre, qui composent le corps de la faculté de théologie avec une autorité et des fonctions parfaitement égales dans les assemblées, et les autres actes de faculté. Il est vrai encore que les assemblées soit ordinaires, soit extraordinaires de la faculté se tiennent dans la grande salle de Sorbonne ; mais cet usage ne tire point à conséquence, parce qu'elle s'assemblait autrefois aux mathurins, et qu'elle peut encore s'assembler dans telle maison de son corps qu'elle juge à-propos.

Il y a proche de la Sorbonne des écoles extérieures, où six professeurs, dont quatre sont entretenus par le roi, et deux ont été fondés par des particuliers, font des leçons réglées de théologie. Ces chaires sont toujours remplies par des sujets de la maison de Sorbonne, laquelle nomme aussi à plusieurs autres places, comme à celle de grand maître du collège Mazarin, dont les chaires de philosophie, ainsi que celles du collège du Plessis, sont toujours données à des membres de la maison et société de Sorbonne. Le premier supérieur de la maison se nomme proviseur ; et dans l'intérieur, l'autorité, c'est-à-dire, le maintien des règlements et du bon ordre, appartient au chef des docteurs, qu'on nomme senieur de Sorbonne, et au chef des bacheliers en licence, qu'on appelle prieur de Sorbonne. Voyez PRIEUR et SENIEUR.

Pour ce qui concerne la bibliothèque de cette maison. Voyez le mot BIBLIOTHEQUE.