S. m. pl. (Histoire moderne) espèce de hussards Turcs, qu'on tire de la Servie, de la Bulgarie, et de la Croatie. Ce sont de vieux soldats robustes et expérimentés, fort adroits à manier le cimeterre qu'ils portent pendu à l'arçon de la selle. Ils sont armés d'ailleurs d'un bouclier et d'une lance plus longue et plus grosse que celles dont se servaient autrefois nos hommes d'armes. Ces soldats mettant comme la plupart des Turcs toute leur confiance dans la fortune, leur croyance sur la prédestination les rend comme furieux et hors de sens ; et c'est de-là qu'ils ont été nommés délilers, c'est-à-dire fous, insensés. Autrefois ils fondaient sur l'ennemi sans ordre ni discipline, et réussissaient quelquefois par cette fougue impétueuse. On les a depuis assujettis à des règles, qui semblent avoir diminué leur valeur.

Un bonnet de peau de léopard, dont les ailes leur battent sur les épaules, surmonté d'un grand vol d'aigle avec la queue suspendue à un fil de fer ; de longues chausses de peau d'ours ou de loup, le poil en-dehors, avec des éperons à la hongroise longs d'un pied, et une veste de peau de lion, forment leur habit militaire ; leurs chevaux sont de même caparaçonnés de fourrures.

Les bachas, beglerbegs, et autres principaux officiers, ont des délilers à leur solde quand ils vont à la guerre. Guer. mœurs des Turcs, tom. II. (G)