S. m. (Histoire moderne) nom qu'on donne en Turquie au gouverneur général d'une grande étendue de pays. Ce mot se trouve écrit diversement dans les auteurs : begleberg, beylery, et begheler-beghi ; il signifie seigneur des seigneurs.

Les beglerbegs sont autant de vicerais qui commandent à tout un royaume ; leur autorité s'étend également sur la guerre, sur la justice, et sur la police : ils ont au-dessous d'eux d'autres gouverneurs particuliers, soit d'une province, soit d'une grosse ville, qu'on nomme sanjacs ou sanjiacs. Après le grand-vizir, les beglerbegs seuls ont le pouvoir de publier dans leurs départements les ordonnances impériales, et d'y tenir la main. Par tout l'empire, hors de l'enceinte de Constantinople, ils peuvent faire décapiter, ou punir de tel autre genre de mort ou châtiment que bon leur semble, les coupables qu'on leur amene, sans que le bacha du lieu puisse s'y opposer ; il a seulement la liberté de se plaindre à la Porte s'ils abusent de leur autorité.

Autrefois il n'y avait que deux beglerbegs dans tout l'empire ; celui d'Europe ou de Romelie, et celui de Natolie en Asie : mais l'empire s'étant accru, le nombre des beglerbegs s'est aussi augmenté en Asie ; celui de Romelie est resté seul en Europe, et semble représenter l'empereur Grec. Il est le plus éminent de tous les beglerbegs ; car quoique tous les vizirs à trois queues jouissent de ce titre, il sert cependant à caractériser plus particulièrement le beglerbeg de Romelie, gouverneur général de toutes les provinces Européennes dépendantes du grand-Seigneur ; le beglerbeg de Natolie et celui de Syrie, qui fait sa résidence à Damas. Le gouverneur de Bude et celui de l'Arabie Pétrée portaient autrefois ce titre ; et si quelques bachas le prennent aujourd'hui, c'est sans l'aveu de la cour qui ne les traite que de plénipotentiaires. Guer. mœur. et usages des Turcs, tome II. (G)