JEUX, (Antiquité grecque) jeux institués à Delphes en l'honneur d'Apollon. Nous n'amuserons point le lecteur par les fables d'Ovide et d'Hygin sur l'origine de ces jeux ; nous nous en tiendrons au récit de Pausanias. Cet historien nous apprend que les jeux pythiques eurent pour instituteur Jason, ou Diomède, roi d'Etolie, et pour restaurateur le brave Eurylochus de Thessalie, à qui sa valeur et ses exploits acquirent le nom de nouvel Achille. Ce renouvellement des jeux pythiques par Euryloque, arriva la troisième année de la quarante-huitième olympiade, l'an du monde 3364, et 584 avant la naissance de Jesus-Christ ; depuis ce temps-là les Grecs comptaient quelquefois par pythiades, comme ils comptaient par olympiades.

On ne convient pas trop de l'étymologie du mot de pythiques ; les uns le tirent de Pythus, fils de Delphus, et petit-fils d'Apollon ; d'autres d'Apollon Pythique, , parce qu'on allait l'interroger, c'est-à-dire le consulter ; ou de Delphes, qui s'appelait autrement , en sorte qu'Apollon Pythique et Apollon de Delphes signifient la même chose ; plusieurs enfin veulent que le mot de jeux pythiques doive son origine à la victoire insigne qu'Apollon remporta sur l'énorme serpent Python.

Quoi qu'il en sait, les amphictions avaient dans ces jeux le titre de juges ou d'agonothétes. Philippe, nouvel amphiction, exerça tous leurs droits, et jouit de tous leurs privilèges ; il en abusa même dans la suite et y présida par procureur. Lorsqu'il ne daigne pas nous honorer de sa présence, dit Démosthène dans sa troisième philippique, il envoye présider ses esclaves, c'est-à-dire ses courtisans. Strabon détaille les exercices des jeux pythiques, et Pindare chanta leurs héros sur le même ton que ceux des olympiques.

On célébra d'abord les jeux pythiens tous les huit ans ; mais dans la suite ce fut tous les quatre ans, en la troisième année de chaque olympiade, en sorte qu'ils servirent d'époque aux habitants de Delphes. Dans les commencements ces jeux ne consistaient qu'en des combats de chant et de musique. Le prix se donnait, dit Pausanias, à celui qui avait fait et chanté la plus belle hymne en l'honneur du dieu, pour avoir délivré la terre d'un monstre qui la désolait ; dans la suite on y admit les autres exercices du pancrace, tels qu'ils étaient aux jeux olympiques.

Les Romains, sur quelques vers de Martius, adoptèrent ces jeux l'an 642 de la fondation de leur ville, et leur donnèrent le nom d'apollinaires. Si vous voulez vaincre l'ennemi, portait la prédiction de ce devin, établissez des jeux en l'honneur d'Apollon. D'abord c'était le préteur qui était préposé à la représentation de ces jeux, mais ensuite on établit des quindecimvirs, qui en prirent soin, et qui devaient les donner à la manière des Grecs. (D.J.)