JEUX, (Antiquité romaine) ludi trojani ; exercice militaire que les jeunes gens de qualité célébraient à Rome dans le cirque, à l'honneur d'Ascagne : Virgile en a fait la description la plus brillante dans le V. livre de l'Enéide, depuis le vers 545. jusqu'au vers 604. voici comme il la termine.

Hunc morem, hos cursus, atque haec certamina primus

Ascanius, longam muris cum cingeret Albam,

Rettulit, et priscos docuit celebrare latinos :

Quo puer ipse modo, secum quo Troïa pubes,

Albani docuere suos : hinc maxima porrò

Accepit Roma, et patrium servavit honorem :

Trojaque nunc, pueri, Trojanum dicitur agmen.

" Lorsqu'Ascagne eut élevé les murs d'Albe-la-longue, il établit le premier en Italie cette marche et ce combat d'enfants : il enseigna cet exercice aux anciens Latins, et les Albains le transmirent à leur postérité. Rome, au plus haut point de sa grandeur, plein de vénération pour les coutumes de ses ancêtres, vient d'adopter cet ancien usage ; c'est de-là que les enfants, qui font aujourd'hui à Rome ce même exercice, portent le nom de troupe troïenne. "

Dion dit que lorsqu'Octave célebra l'apothéose de Jules-César, un an après sa mort, il donna au peuple romain un spectacle semblable à celui de cette cavalcade de jeunes gens, et que depuis il le réitéra. C'est pour flatter Auguste, que Virgile fait ici célébrer par Enée les jeux appelés Troïens, renouvellés par cet empereur alors triumvir, après la victoire d'Actium, c'est-à-dire l'an 726. de Rome. Trojae, dit Suétone, (in Aug. c. xliij.) ludum edidit frequentissimè, majorum minorumve puerorum delectu ; prisci decorique moris existimants, clarae stirpis indolem sic notescère. Auguste croyait que cet exercice ancien et convenable à la jeunesse, donnait aux enfants de condition de la république, l'occasion de faire briller leur adresse, leur bonne grâce, et leur goût pour la guerre.

Virgile saisit encore ici l'occasion de faire sa cour à toute la noblesse romaine, en faisant remonter l'origine de leurs jeux jusqu'à cette troupe de jeunes gens qu'Enée mène avec lui en Italie, et que le poète montre aux Romains, comme les auteurs de leurs principales maisons. On juge bien que celle d'Auguste s'y trouvera. Atis, dit le poète, tendrement aimé d'Ascagne, marche à la tête de la seconde bande troïenne ; les Attius du pays des Latins tirent de lui leur origine.

Alter Atys, genus undè Atyi duxere coloni

Parvus Atys, parvoque puer dilectus Iulo.

Or Julie, sœur de Jules-César, avait été mariée à M. Attius Balbus. Elle fut mère d'Atia, femme d'Octavius, qui eut Octave Auguste. Ainsi pour plaire à ce prince, le poète ne manque pas de donner une origine des plus illustres aux Attius qui étaient d'Aricie, ville du Latium.

Les jeux troïens renouvellés par Auguste, commencèrent à décheoir sous Tibere, et finirent sous l'empereur Claude. (D.J.)