SENATEUR, (Antiquité romaine) on nommait sénateurs pédaires, les jeunes sénateurs qui suivaient un sentiment ouvert par les anciens, et se rangeaient de leur avis. Les sénateurs pédaires étaient ceux qui n'avaient point passé par les magistratures curules : comme ceux qui avaient eu cet honneur opinaient les premiers, les pédaires ne formaient point ordinairement d'avis, et se contentaient de marquer leur opinion, en se rangeant du côté de celui dont ils suivaient le sentiment, ce qui s'appelait pedibus in sententiam ire ; aussi disait-on qu'un avis pédaire était une tête sans langue.

Je dis que ces sénateurs n'opinaient point ordinairement, parce que cet usage a eu ses exceptions. On lit dans une lettre de Cicéron, que Servilius le fils, qui n'avait encore été que questeur (ce qui était le premier degré de magistrature) opina, et que sur son avis, on ajouta un article au sénatus-consulte.

Ce Bassus, cité par Aulu-Gelle, dit que les sénateurs pédaires allaient au sénat à pied, au lieu que les autres s'y faisaient porter dans leurs chaises curules ; cela se peut, mais outre l'autorité de Varron et de Festus, il parait par Cicéron, que tous les sénateurs allaient au sénat à pied ; ceux qui étaient incommodés s'y faisaient porter en litière, et César même lorsqu'il fut dictateur, n'y allait point autrement.

Enfin, Aulu-Gelle prétend que les senatores pedarii avaient droit d'entrer au sénat et d'y opiner, quoiqu'ils ne fussent point encore proprement sénateurs, parce qu'ils n'avaient point encore été agrégés à ce corps par les censeurs ; mais cette idée ne s'accorde pas avec la signification du mot pedarii. De plus, comme Dion nous apprend que les censeurs avaient agrégé au sénat tous ceux qui avaient passé par les magistratures ; il s'ensuit qu'il n'y aurait point eu alors de ces sénateurs pédaires, et cependant on ne peut pas douter qu'il n'y en eut, puisque nous apprenons de Cicéron, que ce furent proprement les sénateurs pédaires qui formèrent le decret qui était contraire à Atticus. (D.J.)