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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Antiquité romaine
S. m. (Histoire romaine) sénateur qui était revêtu par élection pour cinq jours de l'autorité suprême, pendant la vacance du trône, et sous la république, dans le cas de quelque anarchie, au défaut d'un dictateur.

Ce nom est proprement latin, mais il faut bien s'en servir dans notre langue puisque nous n'en avons aucun qui lui réponde ; gouverneur, régent et même entre-roi, ne rendent point le nom interrex, et ne peuvent le rendre, attendu la différence de nos gouvernements avec celui de Rome.

Toutes les fois que dans le commencement de cette république l'élection d'un roi ne se faisait pas sur le champ, et qu'il y avait un interrègne, le pouvoir passait entre les mains des sénateurs, qui choisissaient un chef pour gouverner l'état avec toutes les marques de la dignité royale ; on appelait le patricien qui en était honoré interrex. C'était lui qui assemblait le peuple pour procéder à l'élection d'un nouveau roi ; mais sa charge ne durait que cinq jours, au bout desquels on en déclarait un autre, si la vacance du trône n'était pas remplie. On disait déclarer l'interrex plutôt qu'élire : le mot consacré était, prodere interregem.

Il est vrai cependant que les Historiens ne sont point d'accord sur la manière dont les sénateurs distribuèrent entr'eux l'exercice de l'autorité suprême, dans l'interrègne qui subsista une année entière après la mort de Romulus. Denys d'Halicarnasse assure que chaque sénateur fut interrex cinq jours de suite. Tite-Live marque que les sénateurs s'étant partagés en dixaines, chaque dixaine commandait alternativement durant cinq jours ; mais qu'il n'y en avait qu'un de ces dix qui portât les marques de la souveraineté, et qui fit marcher devant lui les licteurs avec les haches et les faisceaux.

Le commandement de l'armée après la mort de Romulus, fut prolongé pour un an aux consuls, et le sénat nomma pour premier interrex Cn. Claudius, fils d'Appius. Ce fut sur la fin de cet interrègne, que celui qui en fit le dernier la fonction, adressant la parole au peuple en pleine assemblée, lui tint ce discours remarquable : " Elisez donc un roi, Romains, le sénat y consent ; et si vous faites choix d'un prince digne de succéder à Romulus, le sénat le confirmera ".

Après l'établissement de la république sous les consuls, quoiqu'il n'y eut plus de rais, on garda le nom et la fonction d'interrex ; car lorsque les magistrats étaient absens ou morts, qu'ils ne pouvaient tenir les comices, qu'ils avaient abdiqué, qu'il y avait eu quelque défaut dans leur élection, ou qu'en un mot l'état se trouvait dans une espèce d'anarchie, qui ne demandait pas néanmoins qu'on vint à créer un dictateur, on déclarait un interrex pris du nombre des patriciens ; sa fonction ne durait comme sous la royauté que cinq jours, au bout desquels on en créait un autre.

Il convoquait le sénat par son pouvoir, faisait assembler le peuple pour l'élection des consuls ou des tribuns militaires lorsqu'ils avaient lieu, et veillait à ce qu'on y procédât dans les règles.

Pendant le temps de sa charge, tous les magistrats, excepté les tribuns du peuple, déposaient leur autorité. En effet il arriva que l'an 700 de la fondation de Rome, ils s'opposèrent si fortement à l'élection des consuls que l'interrex ne pouvant les y contraindre, on fut obligé de déclarer Pompée dictateur : c'est-là, je pense, la dernière fois qu'il est parlé de cette magistrature provisionnelle dans l'Histoire romaine. Elle tomba d'elle-même avec la république, quand les empereurs se rendirent maîtres de tout le gouvernement. Voyez si vous voulez, Rosinus, lib. VII. cap. XVIe Pitisci Lexicon antiq. rom. et Middleton, Traité du sénat romain. (D.J.)




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