S. m. pl. (Histoire ancienne) Gymnosophistes ou philosophes Indiens, dont il est souvent parlé dans les anciens. Ils en racontent des choses fort extraordinaires ; comme de vivre couchés sur la terre ; de se tenir toujours sur un pied ; de regarder le soleil d'un oeil ferme et immobîle depuis son lever jusqu'à son coucher ; d'avoir les bras élevés toute leur vie ; de se regarder sans-cesse le bout du nez, et de se croire comblés de la faveur céleste la plus insigne, toutes les fois qu'ils y apercevaient une petite flamme bleue. Voilà des extravagances tout à fait incroyables ; et si ce fut ainsi que les brachmanes obtinrent le nom de sages, il n'y avait que les peuples qui leur accordèrent ce titre qui fussent plus fous qu'eux. On dit qu'ils vivaient dans les bois, et que les relâchés d'entr'eux, ceux qui ne visaient pas à la contemplation béatifique de la flamme bleue, étudiaient l'Astronomie, l'histoire de la nature, et la politique, et sortaient quelquefois de leurs déserts pour faire part de leurs contemplations aux princes et aux sujets. Ils veillaient de si bonne heure à l'instruction de leurs disciples, qu'ils envoyaient des directeurs à la mère, si-tôt qu'ils apprenaient qu'elle avait conçu ; et sa docilité pour leurs leçons était d'un favorable augure pour l'enfant. On demeurait trente-sept ans à leur école, sans parler, tousser, ni cracher ; au bout de ce temps, on avait la liberté de mettre une chemise, de manger des animaux, et d'épouser plusieurs femmes ; mais à condition qu'on ne leur révélerait rien des préceptes sublimes de la gymnosophie. Les brachmanes prétendaient que la vie est un état de conception, et la mort le moment de la naissance ; que l'âme du philosophe retenue dans son corps, est dans l'état d'une chrysalide, et qu'elle se débarrasse à l'instant du trépas, comme un papillon qui perce sa coque et prend son essor. Les événements de la vie n'étaient selon eux ni bons ni mauvais ; puisque ce qui déplait à l'un plait à l'autre, et qu'une même chose est agréable et desagréable à la même personne en différents temps : voilà l'abrégé de leur morale. Quant à leur physique, c'était un autre amas informe de préjugés : cependant ils donnaient au monde un commencement et une fin ; admettaient un Dieu créateur, qui le gouvernait et le pénétroit ; croyaient l'univers formé d'éléments différents ; regardaient les cieux comme le résultat d'une quintessence particulière ; soutenaient l'immortalité de l'âme ; et supposaient des tribunaux aux enfers, etc. Clément d'Alexandrie en fait l'une des deux espèces de gymnosophistes. Voyez PHILOSOPHIE DES INDIENS et GYMNOSOPHISTES.

Quand ils étaient las de vivre, ils se brulaient ; ils dressaient eux-mêmes leur bucher, l'allumaient de leurs mains, et y entraient d'un pas grave et majestueux.

Tels étaient ces sages que les philosophes Grecs allèrent consulter tant de fois : on prétend que c'est d'eux que Pythagore reçut le dogme de la métempsycose. On lit dans Suidas qu'ils furent appelés Brachmanes, du roi Brachman leur fondateur. Cette secte subsiste encore dans l'orient, sous le nom de Bramènes ou Bramines. Voyez BRAMINE.