sub. m. plur. (Histoire ancienne) nom qui parait donné dans l'Ecriture-sainte, aux Juifs d'origine ou prosélites établis en Grèce, en Syrie, et ailleurs.

Comme ce mot Hellénistes, fort obscur par lui-même, se trouve seulement dans le nouveau Testament ; les plus grands critiques du dernier siècle ont cherché avec soin quels gens il faut entendre par les Hellénistes, dont il est fait mention dans les chapitres VIe . 1, ix, . 29, et XIe . 20, des actes des apôtres.

Scaliger pense que ces Hellénistes n'étaient autre chose que les Juifs d'Alexandrie. Heinsius étendant ce terme beaucoup davantage, et avec raison, donne ce nom à tous les Juifs qui parlaient un grec mêlé d'hébraïsmes et de syriacismes, comme est le grec des Septante, qui ont traduit la Bible ; et ces sortes de Juifs lisaient cette traduction dans leurs synagogues. Suivant Saumaise, les Hellénistes sont des Grecs prosélytes du Judaïsme ; M. Simon pense à peu-près de même, en distinguant deux sortes de Juifs, les Hébreux, c'est-à-dire, les habitants de la Palestine et de la Chaldée, et les Hellénistes, c'est-à-dire les Juifs qui parlaient grec.

Vossius me semble encore plus exact ; il dit que la nation juive s'étant partagée en deux factions, avait donné lieu par ce partage, aux deux noms de Juifs et d'Hellénistes ; selon lui, les Juifs étaient ceux qui souffraient avec peine une domination et des rites étrangers, et ce sont, ajoute-t-il, les zélés dont parle Josephe. Les Hellénistes au contraire, se prétaient volontiers au joug et aux usages des Grecs.

Enfin, M. Fourmont est persuadé que les Hellénistes des chap. VIe et ix. des actes des apôtres, sont les Hellénistes Syriens de M. Simon et de Vossius, lesquels soumis par les Grecs, s'accommodaient de leurs mœurs et de leurs coutumes : c'étaient-là ces chrétiens prosélytes, qui se plaignaient des Hébreux, c'est-à-dire, des Juifs de la Palestine. " Alors (dit le texte sacré, act. VIe vers. 1.) le nombre des disciples se multipliant, il s'éleva un murmure des Juifs Grecs, contre les Juifs Hébreux, de ce que leurs veuves se voyaient méprisées dans la dispensation de ce qui se donnait chaque jour " ; , etc. Mais en même temps, selon M. Fourmont, les Hellénistes du chap. XIe vers. 20. des actes, ne sont ni des Juifs Hébreux, ni des Juifs Grecs ; loin de-là, ce sont les Payens, les Gentils de Grèce, auxquels la vision de S. Pierre permettait d'annoncer l'Evangile.

En effet, presque tous les critiques supposent dans leurs explications, que les Hellénistes des chap. VIe et ix. des actes, étaient les mêmes que ceux dont il est parlé dans le chap. Xe ; cependant ils me paraissent être, comme à M. Fourmont, des gens très-différents ; et pour s'en convaincre il faut lire les trois chapitres entiers, et en suivre l'esprit. Mais l'embarras, la difficulté, c'est que le même mot Hellénistes, , est donné aux uns comme aux autres ; et nous n'avons ici pour nous éclairer, aucun autre passage ni du texte sacré, ni des auteurs profanes, où se trouve ce terme ; il a été peut-être forgé par S. Luc, qui écrivait à des gens qui l'entendaient, et nous ne sommes pas de ce nombre. (D.J.)