S. m. (Histoire ancienne) chez les Romains était un magistrat qui avait plusieurs différentes fonctions, mais entr'autres la surintendance des bâtiments publics et particuliers, des bains, des aqueducs, des chemins, des ponts et chaussées, etc.

Ce nom vient d'aedes, temple ou maison ; il fut donné à ces magistrats à cause de l'inspection qu'ils avaient sur les édifices.

Leurs fonctions étaient à-peu-près les mêmes que celles des agoranomes et astynomes en Grèce. Voyez AGORANOMES et ASTYNOMES.

Les édiles avaient aussi inspection sur les poids et mesures. Ils fixaient le prix aux vivres, et veillaient à ce qu'on ne fit point d'exactions sur le peuple. La recherche et la connaissance des débauches et des désordres qui se passaient dans les maisons publiques, étaient aussi de leur ressort. Ils avaient la charge de revoir les comédies et de donner au peuple les grands jeux à leurs dépens.

C'était encore aux édiles qu'appartenait la garde des ordonnances du peuple. Ils pouvaient même faire des édits sur les matières qui étaient de leur compétence, et peu-à-peu ils se procurèrent une juridiction très-considérable, et la connaissance d'une infinité de causes.

Leur charge était si ruineuse par les dépenses qu'elle obligeait de faire, que du temps d'Auguste, il y avait jusqu'à des sénateurs qui refusaient l'édilité pour cette raison.

Les fonctions qui mirent les édiles en si grande considération, appartenaient dans les commencements aux édiles plébéïens ou petits édiles qui étaient d'abord les seuls édiles qu'il y eut : ils n'étaient que deux et avaient été créés la même année que les tribuns : car ceux-ci se trouvant accablés par la multitude des affaires, demandèrent au sénat des officiers, sur qui ils pussent se décharger des affaires de moindre importance : en conséquence le sénat créa deux édiles, qu'on nommait tous les ans à la même assemblée que les tribuns. Voyez TRIBUN.

Mais ces édiles plebéïens ayant refusé dans une occasion célèbre de donner les grands jeux, par la raison qu'ils n'étaient pas en état d'en supporter la dépense ; des patriciens offrirent de les donner pourvu qu'on leur accordât les honneurs de l'édilité.

On accepta leurs offres, et on en créa deux édiles l'an de Rome 388, on les appela édiles majeurs ou curules, parce qu'en donnant audience ils avaient droit de s'asseoir sur une chaise curule ornée d'ivoire ; au lieu que les édiles plébéïens étaient assis sur des bancs.

De plus, les édiles curules avaient part à toutes les fonctions ordinaires des édiles plébéïens, et étaient chargés spécialement de donner au peuple Romain les grands jeux, des comédies et des combats de gladiateurs.

Voici un fait qui mérite bien d'être rapporté : les édiles sur la fin de la république donnaient des couronnes d'or aux acteurs, aux musiciens, aux joueurs d'instruments et aux autres artistes qui servaient aux jeux : Caton engagea Favonius à ne distribuer dans son édilité que des couronnes de branches d'olivier, suivant l'usage qui se pratiquait aux jeux olympiques ; cependant Curion le premier édîle donnait dans un autre théâtre des jeux magnifiques et des présents proportionnés ; mais comme Caton présidait aux jeux de Favonius, les acteurs, les musiciens, les joueurs d'instruments, en un mot tout le peuple, quitta les jeux magnifiques de Curion pour voler à ceux de son collègue, tant la seule présence de Caton influait encore dans l'état.

Dans la suite, pour soulager ces quatre édiles, César en créa deux nouveaux sous le nom d'édiles céréaux, oediles cereales, parce que leur principal emploi fut de prendre soin des blés que les Romains appelaient don de Cerès, donum Cereris ; parce qu'ils croyaient que cette déesse avait appris aux hommes l'agriculture. Ces édiles créés les derniers étaient aussi tirés d'entre les patriciens.

Il y avait encore des édiles dans les villes municipales, qui y avaient la même autorité que les édiles de Rome dans la capitale de l'empire.

On apprend aussi par plusieurs inscriptions, qu'il y avait un édîle alimentaire ; ce qui est marqué par ces commencements de mots, oedil. alim. dont la fonction était, à ce qu'on croit, de pourvoir à la nourriture des personnes qui étaient à la charge de l'état, quoique quelques-uns leur en assignent une autre.

On a aussi trouvé sur une ancienne inscription le mot aedilis castrorum, édîle de camp ; soit que ce fût un officier chargé de la police du camp, soit qu'il ne dû. se mêler que de ce qui concernait la subsistance des troupes, comme nos munitionnaires généraux et nos intendants d'armée. On ne trouve plus d'édiles dans l'histoire depuis Constantin : cette charge était dans la république, celle par laquelle commençait la carrière des honneurs, et comme un degré pour parvenir aux premiers. Chambers. (G)