S. m. (Histoire ancienne) les Romains appelaient jugum un certain assemblage de trois piques ou javelines, dont deux étaient plantées en terre debout, surmontées d'une troisième attachée en-travers au haut des deux autres ; elles formaient une espèce de baie de porte, plus basse que la hauteur d'un homme ordinaire, afin d'obliger les vaincus qu'on y faisait passer presque nuds l'un après l'autre, de se baisser ; ce qui marquait l'entière soumission, et cela s'appelait mittère sub jugum.

Tous les autres peuples voisins de Rome avaient le même usage. C'était le comble du déshonneur dont se servait le vainqueur, pour faire sentir le poids de sa victoire à ceux qui avaient succombé : les Romains ont rarement éprouvé cette honte, et l'ont assez souvent fait éprouver à leurs ennemis.

Cependant ils l'éprouvèrent dans la guerre contre les Samnites, lorsque le consul Spurius Posthumius pour sauver les troupes de la république enfermées par sa faute aux défilés des fourches Caudines, qu'on nomme aujourd'hui streta d'Arpaia, consentit de subir lui-même cette infamie avec toute son armée. Il est vrai que de retour à Rome, il opina dans le sénat, qu'on le renvoyât pieds et poings liés, pour mettre à couvert la foi publique du traité honteux qu'il avait conclu ; son avis fut suivi, mais les Samnites ne voulurent point recevoir le malheureux consul.

Denys d'Halicarnasse rapporte liv. III. que les pontifes à qui Tullus Hostilius avait renvoyé le jugement d'Horace, accusé du meurtre de sa sœur, commencèrent à purifier la ville par des sacrifices, et après plusieurs expiations ils firent passer Horace sous le joug : c'est une coutume, dit-il, parmi les Romains, d'en user ainsi envers les ennemis vaincus, après quoi on les renvoie chez eux. (D.J.)