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Catégorie : Histoire ancienne
adj. (Histoire ancienne) Les Romains qui étaient dans l'usage de corrompre les noms de toutes les nations étrangères, appelaient les Carthaginois Poeni, vraisemblablement parce qu'ils tiraient leur origine de Phénicie ; et l'on nommait punicus ou punique ce qui leur appartenait. C'est ainsi qu'on appelait bella punica ou guerres puniques, les trois guerres dans la dernière desquelles la république des Carthaginois, ainsi que la ville de Carthage furent totalement détruites et soumises par les Romains.

Les auteurs ont été assez partagés sur la nature de la langue punique, c'est-à-dire de celle que parlaient les Carthaginois ; quelques-uns ont cru que la langue punique et la langue arabe étaient les mêmes ; il ne nous en reste que quelques fragments qui ont été conservés dans la comédie de Plaute, appelée poenulus ou le petit carthaginois. Les Romains ont eu soin de détruire toutes les archives et les monuments historiques qui pouvaient conserver le souvenir d'une nation qui leur était odieuse. Des critiques très-célèbres ont fait voir qu'originairement cette langue était la même que celle qui se parlait en Phénicie, c'est-à-dire à Tyr, d'où Didon avait fui pour fonder sa nouvelle colonie de Carthage. Cependant cette langue s'altéra avec le temps, et ne conserva pas la pureté de la langue hébraïque ou phénicienne. Malgré ces variations on trouve une très-grande ressemblance entre la plupart des noms propres des Carthaginois qui ont passé jusqu'à nous, et les noms hébreux ou phéniciens. C'est ainsi que les noms Carthaginois Sichaeus, Machaeus, Amilco ou Himilcon, Hamilcar, Hanno, Hannibal, Asdrubal, Mago, Anna, Adherbal etc. ont une très-grande ressemblance avec les noms hébreux et phéniciens Zachaeus, Michaeus, Amalec, Melchior, Hinnon ou Hanon, Hana-baal, Ezra-baal, Magog, Hannah, Adar-baal etc. Le nom même de Carthage parait dérivé du mot phénicien charta, ville, et Aco nom propre, ce qui signifie la ville d'Aco. Il y avait un port de ce nom près de Tyr.

Saint Augustin qui, étant évêque d'Hippone en Afrique, habitait le pays occupé par les descendants des Carthaginois, nous apprend que la langue punique avait de son temps quelque rapport avec le syriaque et le chaldéen. En 1718 M. Majus, professeur dans l'université de Giessen, publia une dissertation, dans laquelle il prouve que la langue que l'on parle aujourd'hui dans l'île de Malthe, a beaucoup de rapport avec la langue punique. Les matériaux dont il s'est servi pour faire cette dissertation, lui avaient été fournis par un jésuite maltais, appelé le P. Ribier ou Rivière de Gattis ; on y voit que les Carthaginois ont été très-longtemps maîtres de l'île de Malthe, et que leur langage, qui diffère de toutes les autres langues connues, a conservé une très-forte teinture de l'ancienne langue punique. On démontre dans cette dissertation, que les nombres dont les Maltais se servent encore actuellement pour compter, sont les mêmes que dans le chaldéen ou le phénicien. D'un autre côté Jean Quintinius Heduus, auteur qui vivait à Malthe dans le milieu du seizième siècle, dit que l'on y parlait de son temps la langue africaine ou punique, que l'on voyait encore dans l'île des piliers avec des inscriptions puniques, et que les Maltais entendaient très-bien les mots carthaginois qui se trouvent dans Plaute et dans Avicenne. Les Maltais ont encore dans leur langue un proverbe carthaginois, qui nous a été conservé par S. Augustin ; la peste a besoin d'une pièce d'argent, donnez-lui en deux, elle vous quittera d'elle-même.

On voit par ce qui précède, que la langue punique avait du rapport avec le phénicien, l'hébreu et le chaldéen ; langues qui ont beaucoup d'affinité entr'elles. On a trouvé des monnaies carthaginoises en Espagne et en Sicîle ; les caractères que l'on y voit ont assez de ressemblance avec ceux des Phéniciens et même des Hébreux et des Assyriens. Voyez l'hist. univ. d'une société de gens de Lettres, publiée en anglais, à l'article des Carthaginois. (-)

PUNIQUE guerre. Les guerres puniques font la partie la plus intéressante de l'histoire des Romains. Ils n'eurent pas plutôt soumis les Latins, les Toscans, les Samnites et leurs alliés, qu'ils songèrent à passer la mer. Le secours donné par les Carthaginois aux Tarentins en fut le prétexte, et la conquête de la Sicîle le véritable sujet. Rome et Carthage s'acharnèrent l'une contre l'autre ; le voisinage et la jalousie de ces deux grandes républiques, firent naître ces guerres sanglantes que tout le monde sait par cœur. La seconde fut la plus célèbre.

Quand on examine bien cette foule d'obstacles qui se présentèrent devant Annibal, et que cet homme extraordinaire les surmonta tous, on a le plus beau spectacle que nous ait fourni l'antiquité. Ce fut dans cette guerre que ce grand capitaine fit éclater ces talents supérieurs qui lui donnèrent tant d'avantage sur les généraux romains : toujours juste dans ses projets, des vues immenses, le génie admirable pour distribuer dans le temps l'exécution de ses desseins, toute l'adresse pour agir sans se laisser apercevoir ; infini dans les expédiens, aussi habîle à se tirer du péril qu'à y jeter les autres ; du reste sans foi, sans religion, sans humanité, et cependant ayant su se donner tous les dehors de ces vertus autant qu'il convenait à ses intérêts.

Tel était le fameux Annibal lorsqu'il forma le plus hardi projet que jamais aucun capitaine eut osé concevoir, et que l'événement justifia. Du fond de l'Espagne il résolut de porter la guerre en Italie et d'attaquer les Romains jusque dans le centre de leur domination, sans y avoir ni places, ni magasins, ni secours assurés, ni espérance de retraite ; il traverse l'Espagne et les Gaules, passe les Alpes, et vient camper fièrement jusques sur les bords du Tésin, où se donna la première bataille l'an de Rome 535, et où les Romains furent défaits. On sait qu'ils le furent une seconde fais, près de la rivière de Trébie. La perte qu'essuya Flaminius près du lac de Trasymene fut encore plus grande ; et la déroute de Cannes, l'an 537, mit Rome à deux doigts de sa ruine. Elle fut un prodige de constance dans cette occasion ; car abandonnée de presque tous les peuples d'Italie, elle ne demanda point la paix. Il ne fut pas même permis aux femmes de verser des larmes après cette funeste journée ; enfin, le sénat refusa de racheter les prisonniers, et envoya les miserables restes de l'armée faire la guerre en Sicile, sans récompense, ni aucun honneur militaire, jusqu'à ce qu'Annibal fut chassé d'Italie.

Les conquêtes même d'Annibal commencèrent à changer la fortune de cette guerre. Il n'avait pas été envoyé en Italie par les magistrats de Carthage ; il recevait très-peu de secours, soit par la jalousie d'un parti, soit par la trop grande confiance de l'autre. Pendant qu'il resta avec son armée réunie, il battit les Romains ; mais lorsqu'il fallut qu'il mit des garnisons dans les villes, qu'il défendit ses alliés, qu'il assiégeât les places, ou qu'il les empêchât d'être assiégées, ses forces se trouvèrent trop petites ; et il perdit en détail une grande partie de son armée. Les conquêtes sont aisées à faire, parce qu'on les fait avec toutes ses forces : elles sont difficiles à conserver, parce qu'on ne les défend qu'avec une partie de ses forces.

Comme les Carthaginois en Espagne, en Sicile, et en Sardaigne, n'opposaient aucune armée qui ne fût malheureuse ; Annibal, dont les ennemis se fortifiaient sans cesse, se vit réduit à une guerre défensive. Cela donna aux Romains la pensée de porter la guerre en Afrique : Scipion y descendit. Les succès qu'il y eut obligèrent les Carthaginois à rappeler d'Italie Annibal, qui pleura de douleur, en cédant aux Romains cette terre, où il les avait tant de fois vaincus. Tout ce que peut faire un grand homme d'état et un grand capitaine, Annibal le fit pour sauver sa patrie ; n'ayant pu porter Scipion à la paix, il donna une bataille, où la fortune sembla prendre plaisir à confondre son habileté, son expérience et son bon sens.

Carthage reçut la paix, non pas d'un ennemi, mais d'un maître : elle s'obligea de payer dix mille talents en cinquante années, à donner des ôtages, à livrer ses vaisseaux et ses éléphans ; et pour la tenir toujours humiliée, on augmenta la puissance de Masinisse son éternel ennemi.

Enfin les Romains se rappelant encore le souvenir des batailles de Trasymene et de Cannes, résolurent de détruire Carthage. Ce fut le sujet de la troisième guerre punique. Le jeune Scipion, fils de Paul Emile, et qui avait été adopté par Scipion, fils de l'Africain, démolit cette ville superbe, qui avait osé disputer avec Rome de l'empire du monde. On en dispersa les habitants, et Carthage ne fut plus qu'un vain nom.

Cette ville ruinée éleva le cœur des Romains, qui n'eurent plus que de petites guerres et de grandes victoires, au lieu qu'auparavant ils avaient eu de petites victoires, et de grandes guerres. Bientôt ils soumirent l'orient et l'occident, portant jusques chez les peuples les plus barbares la crainte de leurs armes et le respect de leur puissance. Leurs mœurs changèrent avec la fortune ; le luxe de l'Orient passa à Rome avec les dépouilles des provinces. La douceur de vaincre et de dominer, corrompit cette exacte probité, auparavant estimée par leurs ennemis même. L'ambition prit la place de la justice dans leurs entreprises : une sordide avarice et la rapine succédèrent à l'intérêt du bien public ; les guerres civiles s'allumèrent, et l'état devint la proie du citoyen le plus ambitieux et le plus hardi. (D.J.)

PUNIQUE, PIERRE, (Histoire naturelle) lapis punicus, nom donné par quelques auteurs à une pierre spongieuse, qui, pulvérisée, était un remède contre les maladies des yeux : il parait que ce nom vient par corruption de pumex, pierre-ponce.




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