ou USIPIENS, s. m. pl. (Histoire ancienne) peuples de l'ancienne Germanie, qui habitaient dans la Westphalie, sur les bords de la rivière de Lippe appelée alors Luppia.

USIPIENS, les, (Géographie ancienne) Usipii, peuples de la Germanie, et nommés avec les Teucteri par les anciens auteurs, parce qu'ils ont habité dans le même quartier, et que leurs migrations et leurs expéditions ont été faites en commun. César, l. IV. Florus, l. IV. c. XIIe et Tacite, annal. l. I. c. lj. disent Usipetes. Strabon, l. VII. écrit , Nusipios, et Ptolomée .

Quoi qu'il en soit de l'orthographe, voici l'histoire des Usipiens et des Teuctères. Ces peuples habitèrent d'abord entre les Chérusques et les Sicambres ; mais les Cattes les chassèrent, et après qu'ils eurent erré avec divers autres peuples durant trois ans dans la Germanie, ils vinrent s'établir sur le Rhin, au voisinage des Sicambres. Les Ménapiens, nation d'en-deçà du Rhin, occupaient alors les deux bords de ce fleuve. Il y a apparence que ce fut du consentement des Sicambres, que les Usipiens et les Teuctères s'emparèrent du pays des Ménapiens au-delà du Rhin, et passèrent ensuite ce fleuve pour s'y fixer, s'étendant jusqu'aux confins des Eburons et des Condruses.

Dans la 698e année de Rome, et la 53e avant Jesus-Christ, les Usipiens et les Teuctères furent presque entièrement exterminés par César ; il ne se sauva qu'un petit nombre de gens de cheval, qui ne s'étaient point trouvé à la bataille, parce qu'ils avaient passé la Meuse pour aller chercher des vivres et faire du butin. Ceux-ci après la défaite de leurs compatriotes, repassèrent le Rhin, et s'établirent aux confins des Sicambres avec qui ils se joignirent. Cependant sous le règne d'Auguste leur nombre se trouva tellement accru, qu'ils furent en état de tourner leurs armes contre les Romains. Les expéditions de Drusus dans la Germanie nous apprennent que les pays des Usipiens et celui des Teuctères étaient distingués, lorsque les Sicambres habitaient dans leur ancienne demeure.

Les Usipiens s'étendaient le long de la rive droite de la Lippe ; car selon Dion Cassius, l. LIV. Drusus ayant passé le Rhin, et subjugué les Usipiens, il jeta un pont sur la Lippe, pour entrer dans le pays des Sicambres. Il parait que les Teuctères habitaient à l'occident des Sicambres, et que le Rhin les séparait des Ménapiens ; mais on ne saurait décider s'ils demeuraient, de même que les Usipiens, sur la rive droite de la Lippe, ni quel espace les Usipiens occupaient sur le bord du Rhin.

Dans la suite, Tibere ayant transféré les Sicambres dans la Gaule, afin que les garnisons romaines pussent veiller plus aisément sur eux, le pays qu'ils avaient occupé dans la Germanie, fut sans doute cédé par les Romains aux Usipiens et aux Teuctères ; car on voit que ces derniers possédèrent les terres que nous avons dit appartenir aux Sicambres. Alors les Teuctères s'étendaient le long du Rhin, depuis le Segus jusqu'à la Rora, et dans les terres le long de la Lippe et de l'Asie. A l'égard des Usipiens, ils demeuraient sur les deux bords de la Lippe et sur le Rhin, peut-être jusqu'à l'endroit où ce fleuve se partage pour former l'île des Bataves. En effet, Dion Cassius les met au voisinage de cette île ; et Tacite qui leur donne pour voisins les Cattes, fait assez entendre que les Usipiens demeuraient au-dessous des Teuctères, ce qui devait les approcher du commencement de l'île des Bataves.

Les Usipiens et les Teuctères ne demeurèrent pas toujours dans cet état. Leurs bornes se trouvèrent resserrées par des migrations d'autres peuples ; et l'on apprit à Rome, au commencement du règne de Trajan, que les Teuctères avaient été presque détruits par les Chamaves et par les Angrivariens, qui s'étaient emparés d'une grande partie de leurs terres. Si ces peuples ne purent pas détruire aussi les Usipiens, il est du-moins certain qu'ils leur enlevèrent ce qu'ils possédaient à la droite de la Lippe.

Enfin du temps de Constantin, les Usipiens cessèrent en quelque sorte de faire figure dans ces quartiers ; les Bructères et les Chamaves prirent leur place, et soutinrent avec fermeté la guerre vigoureuse que les Romains leur firent. (D.J.)