S. f. (Histoire ancienne) signifie une suite des princes d'une même race qui ont regné sur un pays. Les dynasties d'Egypte sont fameuses dans l'histoire ancienne, et ont fort exercé les savants. Pour en avoir une notion suffisante, il faut savoir qu'une ancienne chronique d'Egypte, dont parle George Syncelle, fait mention de trois grandes dynasties différentes. Celle des dieux, celle des demi-dieux ou héros, et celle des hommes ou rais. La première et la seconde ont duré, selon cette chronique, trente-quatre mille deux cent trente et un an. On sent à la seule inspection de cette chronologie, qu'elle doit son origine à l'entêtement qu'avaient les Egyptiens de passer pour les plus anciens peuples de la terre. Quant à celle des rais, on ne la fait que de deux mille trois cent vingt-quatre ans, depuis le règne de Menès premier roi d'Egypte, jusqu'à celui de Nectanebe II. sous lequel ce royaume fut conquis par Artaxerxès Ochus. Manethon prêtre égyptien, et qui a écrit l'histoire de sa patrie, compte 30 de ces dynasties de rais, et leur donne la durée de plus de cinq mille trois cent ans jusqu'au règne d'Alexandre. Il est pourtant facîle de concilier son calcul avec le premier, en supposant qu'il a compté comme successives des dynasties qui concouraient ensemble, parce que plusieurs princes dont il fait mention ont regné dans le même temps sur diverses parties de l'Egypte ; ainsi il faut les regarder comme contemporaines et collatérales. Les dynasties de Manethon se divisent en deux parties principales. La première, qui contient dix-sept dynasties depuis Menès jusqu'au temps de Moyse, et dans ces dix-sept dynasties sept noms différents des familles de princes qui occupèrent l'empire, et qui sont les Thinites, les Memphites, les Diospolites, les Héracléopolites, les Thanites, les Elephantins, et les Saïtes, ainsi nommés des villes de This, de Memphis, de Diopolis, d'Héracléopolis, de Thanis, d'Elephantide, et de Saïs, d'où sortaient ces princes, et où ils établirent le siège de leur domination. On compte deux dynasties, c'est-à-dire deux familles de Thinites, cinq de Memphites, quatre de Diospolites, deux d'Héracléopolites, deux de Tanites ou pasteurs, une d'Elephantins, et une de Saïtes. L'ordre, la durée du règne, et la succession de ces princes, est fort incertaine ; et il n'y a pas moins d'obscurité sur les 13 dernières dynasties, qui sont celles des Diospolites, des Tanites, des Bubartites, des Saïtes, des Ethiopiens, des Perses, des Menderiens, et des Sebennites. Ces princes, dont le premier fut Amosis, possédèrent toute la basse Egypte avec l'état de Memphis, qui avait eu fort longtemps ses souverains particuliers. Il n'y eut que la haute Egypte ou la Thébaïde qui ne reconnut point leur puissance, parce qu'elle avait ses rois séparés. Les différentes branches de ces princes ou se succédaient par mort, ou se déthronaient les unes les autres, ou étaient dépossédées par des étrangers, comme il arriva à la deuxième dynastie des Saïtes, de l'être par Cambyse roi des Perses, et à celle des Sebennites de l'être par Artaxerxès Ochus. On conçoit aisément que dans un état sujet à d'aussi fréquentes révolutions, et où les princes de différentes dynasties ont souvent porté le même nom, il n'est guère possible, sans une extrême attention, de ne pas confondre et les règnes et les personnages. Sur l'époque du règne de Menès et la durée des dynasties d'Egypte, on peut s'en tenir à ce qu'en a écrit le P. Pezron dans son livre de l'antiquité des temps ; mais comme cet habîle écrivain a varié, et a pris un système plus étendu dans sa défense de l'antiquité des temps, on peut aussi le corriger et le rectifier. Le chevalier Marsham dans son canon chronicus, a lui-même abrégé le temps de leur durée, et les fait commencer trop près du déluge. Ainsi cette question ne sera de long temps bien éclaircie. Chambers. (G)