S. m. (Histoire ancienne) sénat d'Athènes ainsi nommé d'une colline voisine de la citadelle de cette ville consacrée à Mars, des deux mots Grecs , bourg, place, et , le Dieu Mars ; parce que, selon la fable, Mars accusé du meurtre d'un fils de Neptune, en fut absous dans ce lieu par les juges d'Athènes. La Grèce n'a point eu de tribunal plus renommé. Ses membres étaient pris entre les citoyens distingués par le mérite et l'intégrité, la naissance et la fortune ; et leur équité était si généralement reconnue, que tous les états de la Grèce en appelaient à l'aréopage leurs démêlés, et s'en tenaient à ses décisions. Cette cour est la première qui ait eu droit de vie et de mort. Il parait que dans sa première institution, elle ne connaissait que des assassinats : sa juridiction s'étendit dans la suite aux incendiaires, aux conspirateurs, aux transfuges ; enfin à tous les crimes capitaux. Ce corps acquit une autorité sans bornes, sur la bonne opinion qu'on avait dans l'Etat de la gravité et de l'intégrité de ses membres. Solon leur confia le maniement des deniers publics, et l'inspection sur l'éducation de la jeunesse ; soin qui entraîne celui de punir la débauche et la fainéantise, et de récompenser l'industrie et la sobriété. Les Aréopagites connaissaient encore des matières de religion : c'était à eux à arrêter le cours de l'impiété, et à venger les dieux du blasphème, et la religion du mépris. Ils délibéraient sur la consécration des nouvelles divinités, sur l'érection des temples et des autels, et sur toute innovation dans le culte divin ; c'était même leur fonction principale. Ils n'entraient dans l'administration des autres affaires, que quand l'état alarmé de la grandeur des dangers qui le menaçaient, appelait à son secours la sagesse de l'aréopage, comme son dernier refuge. Ils conservèrent cette autorité jusqu'à Periclès, qui ne pouvant être aréopagite, parce qu'il n'avait point été archonte, employa toute sa puissance et toute son adresse à l'avilissement de ce corps. Les vices et les excès qui corrompaient alors Athènes, s'étant glissés dans cette cour, elle perdit par degrés l'estime dont elle avait joui, et le pouvoir dont elle avait été revêtue. Les auteurs ne s'accordent pas sur le nombre des juges qui composaient l'aréopage. Quelques-uns le fixent à trente-un ; d'autres à cinquante-un, et quelques autres le font monter jusqu'à cinq cens. Cette dernière opinion ne peut avoir lieu que pour les temps où ce tribunal tombé en discrédit, admettait indifféremment les Grecs et les étrangers ; car, au rapport de Ciceron, les Romains s'y faisaient recevoir : ou bien elle confond les aréopagites avec les prytanes.

Il est prouvé par les marbres d'Arondel, que l'aréopage subsistait 941 ans avant Solon : mais comme ce tribunal avait été humilié par Dracon, et que Solon lui rendit sa première splendeur ; cela a donné lieu à la méprise de quelques auteurs, qui ont regardé Solon comme l'instituteur de l'aréopage.

Les aréopagites tenaient leur audience en plein air, et ne jugeaient que la nuit ; dans la vue, dit Lucien, de n'être occupés que des raisons, et point du tout de la figure de ceux qui parlaient.

L'éloquence des avocats passait auprès d'eux pour un talent dangereux. Cependant leur sévérité sur ce point se relâcha dans la suite : mais ils furent constants à bannir des plaidoyers, tout ce qui tendait à émouvoir les passions, ou ce qui s'écartait du fond de la question. Dans ces deux cas, un héraut imposait silence aux avocats. Ils donnaient leur suffrage en silence, en jetant une espèce de petit caillou noir ou blanc dans des urnes, dont l'une était d'airain, et se nommait l'urne de la mort, ; l'autre était de bois, et s'appelait l'urne de la miséricorde, . On comptait ensuite les suffrages ; et selon que le nombre des jetons noirs prévalait ou était inférieur à celui des blancs, les juges traçaient avec l'ongle une ligne plus ou moins courte sur une espèce de tablette enduite de cire. La plus courte signifiait que l'accusé était renvoyé absous ; la plus longue exprimait sa condamnation.