S. m. (Histoire ancienne) gros bâton pointu, ou pièce de bois, dont on se sert pour faire des enclos, des palissades. Les Grecs et les Romains s'en servaient pour fortifier leurs camps en les plantant sur la crête du parapet ; mais ils n'avaient pas le même usage de les tailler ni de les ébrancher. Voici ce que Polybe remarque à cette occasion. Chez les Grecs, dit-il, les meilleurs pieux sont ceux qui ont beaucoup de branches autour du jet. Les Romains au contraire n'en laissent que deux ou trois, tout au plus quatre, et seulement d'un côté. Ceux des Grecs sont plus aisés à arracher : car comme les branches en sont fortes et en grand nombre, deux ou trois soldats y trouveront de la prise, l'enleveront facilement ; et voilà une porte ouverte à l'ennemi, sans compter que tous les pieux voisins en seront ébranlés. Il n'en est pas ainsi chez les Romains, les branches sont tellement mêlées et insérées les unes dans les autres, qu'à-peine peut-on distinguer le pied d'où elles sortent. Il n'est pas non plus possible d'arracher ces pieux, parce qu'ils sont enfoncés trop avant ; et quand on parviendrait à en enlever un de sa place, l'ouverture qu'il laisse est presque imperceptible. D'où il est aisé de voir avec quelle attention les anciens fortifiaient leurs camps, partie de la guerre que les modernes ont presque totalement abandonnée.

On plantait encore dans le camp d'espace en espace des pieux, pour servir de but aux jeunes soldats qu'on y exerçait à tirer des armes et à lancer le javelot.

Dans les supplices, le pieu servait à attacher les criminels condamnés à être battus de verges : ce qu'on appelait ad palum alligare. Quelques-uns prétendent qu'on s'en servait aussi pour les empaler, comme on fait aujourd'hui chez les Turcs, mais sans fondement ; on ne trouve point dans les historiens de traits qui aient rapport à cette espèce de supplice.