(Histoire ancienne) c'étaient chez les Romains des jours pendant lesquels on s'abstenait de travailler. Voyez JOUR.

Le mot feriae est ordinairement dérivé d'à ferendis victimis, parce que l'on tuait des victimes ce jour-là. Martinius dit que les féries, feriae, sont ainsi appelées, velut , dies sacri, jours de fêtes. D'autres observent que les jours en général, et quoiqu'ils ne fussent point jours de fêtes, ont été autrefois appelés festae, ou, comme Vossius veut qu'on lise, fesiae ; d'où s'est formé, suivant cet auteur, le mot feriae.

Ces jours-là étaient principalement marqués par le repos ; au lieu que les jours de fêtes étaient célébrés par des sacrifices ou des jeux, aussi-bien que par la cessation du travail. Il y a cependant des auteurs qui confondent les jours de fêtes avec les féries, feriae. Voyez FETES et JOURS DE FETES.

D'autres confondent les féries, feriae, avec les jours de vacation, dies nefasti. Voyez FASTES.

Le mot de férie revient au mot de sabbat, dont les Israélites se servaient. Voyez SABBAT.

Les Romains avaient plusieurs espèces de féries. Voici leurs noms, au moins des principales : aestivales, ou féries d'été ; anniversariae, les féries anniversaires ; compitalitiae, les compitalices, ou fêtes et féries des rues, ou des carrefours ; conceptivae, les féries votives que les magistrats promettaient chaque année ; denicales, pour l'expiation des familles polluées par un mort ; imperativae ou indictivae, celles que le magistrat ordonnait ; latinae, les féries latines instituées par Tarquin le Superbe pour tous les peuples, voyez FERIES LATINES ; messis feriae, les féries de la moisson ; les paganales, paganales feriae, ou paganalia, voyez PAGANALES ; praecidaneae, qui étaient proprement ce que nous appelons la vigîle d'une fête ; les féries particulières ou propres, privatae ou propriae, celles qui étaient propres à diverses familles, comme à la famille claudienne, aemilienne, julienne, etc. les publiques, publicae, celles que tout le monde gardait, ou que l'on observait pour le bien et le salut public ; sementinae, celles que l'on célébrait pour les semailles ; stativae, les féries fixes, et qui se célébraient toujours au même jour ; saturnales, les saturnales, voyez ce mot ; stultorum feriae ou quirinaliae, les feries des fous et des sots, qui se célébraient le 17 de Février, et qu'on nommait aussi quirinales ; victoriae feriae, celles de la victoire, au mois d'Aout ; vindemiales, celles des vendanges, qui duraient depuis le 20 d'Aout jusqu'au 15 d'Octobre ; les féries de Vulcain, feriae Vulcani, qui tombaient le 22 de Mai ; les féries mobiles, feriae conceptivae ; les féries de commandement, imperativae.

Férie se disait aussi chez les Romains pour un jour de foire, parce qu'on tenait les foires les jours de férie ou jours de fêtes. Struv. Synt. antiq. rom. chap. IXe pag. 425, 443, etc. Voyez FOIRES.

FERIE, (Histoire ecclésiastique) Ce mot en ce sens est dérivé, selon toute apparence, de feria, qui signifiait autrefois fête ou solennité, où l'on était obligé à la cessation de tout travail ; d'où vient que le dimanche est la première férie, car autrefois toute la semaine de pâques était fêtée par une ordonnance de l'empereur Constantin : ainsi l'on appela ces sept jours féries. Le dimanche était la première, le lundi la seconde, etc. et comme cette semaine était alors la première de l'année ecclésiastique, on s'accoutuma à appeler les jours des autres semaines, 2, 3, et 4 féries. D'autres disent que les jours de la semaine n'ont point été appelés féries de ce qu'on les fêtait, ou qu'on les chommait, c'est-à-dire parce qu'on était obligé de s'abstenir d'œuvres serviles, mais pour avertir les fidèles qu'ils devaient s'abstenir de pécher. Voyez Durand, de Offic. div. liv. VIII. ch. j.

On a conservé ce mot dans le breviaire romain, mais dans un sens un peu différent de celui que les anciens lui donnaient ; car c'est ainsi qu'on nomme les jours de la semaine qui suivent le dimanche, sans aucune célébration de fête ni d'octave ; le lundi est la seconde férie, le mardi la troisième, etc.

Ce sont-là les féries ordinaires ; mais il y a encore des féries extraordinaires ou majeures, savoir les trois derniers jours de la semaine sainte, les deux jours d'après pâques, la pentecôte, et la seconde férie des rogations. Voyez le dictionnaire de Trévoux et Chambers. (G)

FERIES LATINES, (Littérature) dans Horace indictae latinae, fête publique et solennelle des peuples du Latium, imaginée politiquement par Tarquin, et que les consuls de Rome qui y présidaient de droit, ne devaient pas manquer de fêter sur le mont d'Albe un jour de chaque année à leur choix. Développons, d'après M. l'abbé Couture (Mém. des Belles-Lettres, tom. VIII.), l'art de l'institution de cette fête, et la scrupuleuse exactitude que les Romains portèrent à la célébrer religieusement, et quelquefois même extraordinairement.

Tarquin le Superbe, que Denis d'Halicarnasse nous représente comme un adroit politique, après avoir, par la plus insigne de toutes les impostures, opprimé Turnus chef des Latins, projeta d'assujettir insensiblement tous les peuples du voisinage, en les accoutumant peu-à-peu à reconnaître la supériorité des Romains. Il commença par leur envoyer des ambassadeurs, pour demander leur alliance et leur amitié. Il n'y eut que quelques villes des Volsques qui firent les difficiles ; la proposition fut agréablement reçue de toutes les autres ; et afin que cette confédération fût durable, il la scella, pour ainsi dire, du sceau de la religion. Il imagina une fête commune à tous ceux qui seraient entrés dans l'alliance. Ils devaient tous les ans se trouver au même lieu, assister aux mêmes sacrifices, et manger ensemble, en témoignage d'une union parfaite. La chose ayant été approuvée, il assigna pour cette assemblée, la haute montagne aujourd'hui Monte-Cavallo, qui était au milieu du pays, et qui commandait la ville d'Albe.

La première condition de ce traité fut, que quelque guerre qui put malheureusement arriver à ces peuples associés, il y aurait une suspension d'armes tant que durerait la cérémonie de la fête. La deuxième condition, que chaque ville contribuerait à la dépense, et que les unes fourniraient des agneaux, les autres du lait, du fromage, et semblables espèces de libation, indépendamment de la liberté qu'aurait chacun des assistants d'y porter son offrande particulière ; mais la principale victime devait être un bœuf dont chaque ville aurait sa part. La troisième condition, que le dieu en l'honneur duquel on célébrait la fête, serait principalement Jupiter latiaris, c'est-à-dire Jupiter protecteur du Latium ; et c'est en partie pour cela que les féries furent appelées latines ; on demanderait à ce dieu la conservation et la prospérité de tous les peuples confédérés en général, et celle de chacun en particulier. Toutes ces clauses parurent justes, et il fut pour cet effet dressé une espèce de rituel, qui devait être scrupuleusement observé.

Quarante-sept peuples, dit Denis d'Halicarnasse, se trouvèrent par leurs députés à la célébration des premières féries latines, et tout fut égal entr'eux, excepté que le président était romain, et le fut toujours depuis.

Les féries latines étaient ordinaires ou extraordinaires ; les féries ordinaires étaient annuelles, sans néanmoins être fixées à certains jours. Le consul romain pouvait les publier pour tel jour qu'il jugerait à-propos ; mais en même temps il ne pouvait y manquer qu'on n'attribuât à sa négligence tous les malheurs qui arrivaient dans son armée : c'est ainsi qu'après la défaite des Romains au lac de Trasimene, l'an de Rome 536, le prodictateur remontra que ce n'était point par l'incapacité de Flaminius que la république avait reçu cette grande plaie, mais seulement par le mépris qu'il avait eu de la religion, n'ayant fait ni les féries latines sur le mont Albain, ni les vœux accoutumés sur le capitole : le prodictateur ajouta qu'il fallait consulter les dieux mêmes par l'inspection des livres sybillins, pour savoir quelles réparations ils exigeaient. En conséquence il fut arrêté qu'on doublerait la dépense, pour remplir avec plus de solennité ce qui avait été obmis par Flaminius, savoir des sacrifices, des temples, des lectisternes, et par dessus tout cela un printemps sacré, c'est-à-dire qu'on immolerait tout ce qui naitrait dans les troupeaux depuis le premier Mars jusqu'au dernier jour d'Avril. Il est aisé de juger par ce seul trait, jusqu'à quel point allait le scrupule des Romains sur l'omission des féries latines.

Je dis plus, le moindre défaut dans les circonstances était capable de troubler la fête. Tite-Live nous apprend que parce qu'on avait reconnu que pendant le sacrifice d'une des victimes, le magistrat de Lanuvium n'avait point prié Jupiter pour le peuple romain, on en fut si scandalisé, que la chose ayant été mise en délibération dans le sénat, et par le sénat renvoyée au jugement des pontifes ; ceux-ci ordonnèrent que les féries serait recommencées tout de nouveau, et que les Lanuviens seuls en feraient les frais. On sait qu'on immolait plusieurs victimes dans les féries, et qu'il y avait aussi plusieurs autels, sur lesquels on immolait successivement.

Au reste si l'exactitude devait être infinie pour l'exécution, le scrupule n'alla pas si loin pour le nombre des jours, ou pour mieux dire, on les augmenta par de nouveaux scrupules ; on crut qu'au lieu d'offenser les dieux en redoublant les offrandes qu'on leur faisait, on se les rendrait par ce moyen encore plus favorables. Les féries latines dans leur institution n'étaient que d'un seul jour, on y en ajouta un second après l'expulsion de Tarquin, et un troisième après la réconciliation des plébéiens avec les patriciens : deux événements trop intéressants pour ne pas mériter les actions de grâces les plus solennelles.

Enfin longtemps après, on les prolongea jusqu'à quatre jours ; mais à parler juste, ce quatrième jour n'était qu'une addition étrangère, puisque la cérémonie de ce jour ne se faisait point dans le lieu marqué par la loi, et que c'était au capitole, et non sur le mont Albain, où le principal de cette fête du quatrième jour, consistait en courses de quadriges, à la fin desquelles le vainqueur recevait un prix assez singulier ; on lui donnait du jus d'absynthe à boire, les anciens étant persuadés, dit Pline, que la santé est une des plus honorables récompenses du mérite.

Les féries latines extraordinaires impératives, étaient si rares, que dans toute l'histoire romaine on n'en trouve que deux exemples ; le premier sous la dictature de Valérius Publicola, et le second sous celle de Q. Ogulnius Gallus, l'an de Rome 696 : encore ce second exemple nous serait-il absolument inconnu, si la mémoire ne s'en était conservée dans les tables capitolines : ce n'est pas qu'il n'arrivât de temps en temps dans l'air, et dans les autres éléments, cent prodiges qui réveillaient la superstition, et pour lesquels prodiges on faisait des supplications extraordinaires, qui étaient de véritables féries ; mais comme elles se passaient dans Rome, nous ne les comptons point parmi les latines, où les peuples voisins fussent obligés de se trouver, et eussent droit de participer aux sacrifices. Le temps que durait les expiations des autres prodiges, était assez borné ; un jour suffisait, et on y en employa rarement un deuxième, ou un troisième : cependant dans des cas extraordinaires où les aruspices jugeaient qu'il était besoin de grandes supplications pour détourner le fléau dont on était menacé, alors, soit que les sacrifices et les supplications se fissent seulement dans la ville et entre les citoyens, soit qu'il fallut aller sur le mont d'Albe et y appeler les peuples qui étaient compris dans l'ancien traité, les féries étaient immuablement de neuf jours.

On voit présentement que les féries latines ordinaires étaient du nombre de celles qu'on nommait indictae ou conceptivae, c'est-à-dire mobiles, parce qu'on ne les célébrait qu'au jour marqué par le consul. On voit aussi qu'on poussa au plus haut point le scrupule sur leur omission et leur rituel, et que ce fut même par principe de religion qu'on étendit leur durée. Nous ajouterons seulement que lorsque ces fêtes vinrent à se célébrer pendant trois ou 4 jours, Rome était presque déserte : c'est pourquoi de peur que les voisins n'entreprissent alors quelque chose contre elle, on créait un gouverneur dans cette ville, seulement pour le temps de la célébration des féries. Nous en avons la preuve dans les paroles d'une lettre qu'Auguste écrivait à Livie, au sujet de son fils le jeune Tibere, qui fut ensuite empereur. In Albanum montem ire eum non placet nobis, aut esse Romae latinarum diebus : cur enim non praeficitur urbi, si potest fratrem suum sequi in montem ? " Nous ne trouvons pas à-propos qu'il aille au mont d'Albe, ni qu'il soit à Rome pendant les fêtes latines : car pourquoi ne le fait-on pas gouverneur de Rome, s'il est capable de suivre son frère au mont d'Albe pour cette solennité " ? On trouvera tous ces faits dans Tite-Live, liv. X. dec. Ve Denis d'Halicarnasse, livre IV. Aulugelle, liv. IX. et X. Macrobe, saturn. liv. I. ch. XVIe et si l'on veut parmi nos compilateurs modernes, dans Struvius, Rosinus, et Pitiscus. Nous croyons cependant n'avoir rien omis d'intéressant. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.