adj. et subst. (Histoire judaïque) est un terme employé dans l'ancien Testament, pour signifier une personne distinguée et séparée des autres par quelque chose d'extraordinaire, comme par sa sainteté, par sa dignité, ou par des vœux. Voyez NAZAREAT.

Ce mot vient de l'hébreu nazar, distinguer, séparer ; aussi ce mot était-il distingué chez les Hébreux du mot nazaréen, habitant ou natif de Nazareth, qui vient de natzar ou netzer, sauver, préserver.

Dans le livre des nombres, ch. VIe on trouve le détail des vœux des Nazaréens, c'est-à-dire, des vœux pour lesquels un homme ou une femme se consacraient particulièrement à Dieu, les conditions et suites de ces vœux, comme l'abstinence, etc.

Quand le temps du nazaréat était accompli, le prêtre amenait la personne à la porte du temple, et cette personne offrait au Seigneur un mouton pour l'holocauste, une brebis pour le sacrifice d'expiation, et un bélier pour l'hostie pacifique. Il offrait aussi des pains et des gâteaux, avec le vin nécessaire pour les libations. Après que tout cela était immolé et offert au Seigneur, le prêtre ou quelqu'autre rasait la tête du nazaréen à la porte du tabernacle, et brulait les cheveux sur le feu de l'autel. Alors le prêtre mettait entre les mains du nazaréen l'épaule cuite du bélier, un pain et un gâteau ; puis le nazaréen les remettait sur les mains du prêtre, qui les élevait en sa présence, et les offrait à Dieu : dès-lors le nazaréen pouvait boire du vin, et son nazaréat était accompli. Mais les nazaréens perpétuels qui avaient été consacrés par leurs parents, renonçaient pour jamais à l'usage du vin.

Ceux qui faisaient le vœu du nazaréat hors de la Palestine, et qui ne pouvaient arriver au temple à la fin des jours de leur vœu, se contentaient de pratiquer les abstinences marquées par la loi, et de se couper les cheveux au lieu où ils se trouvaient, se réservant d'offrir leurs présents au temple par eux-mêmes, ou par d'autres, lorsqu'ils en auraient la commodité. C'est ainsi que saint Paul en usa à Unchée, act. XVIIIe Ve 18.

Lorsqu'une personne ne se trouvait pas en état de faire le vœu du nazaréat, ou n'avait pas le loisir d'en observer les cérémonies, elle se contentait de contribuer aux frais des offrandes et des sacrifices de ceux qui avaient fait et accompli ce vœu, et de cette sorte elle avait part au mérite de leur nazaréat. Maimonid. in num. 6.

Nazaréens est aussi employé dans l'écriture pour marquer un homme élevé en dignité, comme il est dit du patriarche Joseph, Genèse xlix. . 26. qu'il était nazaréen entre ses frères. On explique ce terme diversement. Les uns craient qu'il signifie celui qui est couronné, choisi, séparé, distingué, nezer en hébreu signifiant une couronne. Les septante traduisent ce terme par un chef, ou par celui qui est couronné. Le P. Calmet croit que nazir était un nom de dignité dans la cour des rois d'Orient. Encore aujourd'hui dans la cour du roi de Perse, selon Chardin, le nezir est le sur-intendant de la maison du roi, le premier officier de la couronne, le grand oeconome de sa maison et de ses trésors. En ce sens Joseph était le nazir ou le nézir de la maison de Pharaon. Calmet dictionn. de la bibl. tom. 3. pag. 21. au mot Nazaréen. (O)