S. m. (Histoire judaïque) nom que les juifs modernes donnent à ce que la loi de Moïse appelle totaphot ; ce sont de certains parchemins mystérieux qu'ils portent dans le temps de leurs prières, et que LÉon de Modene décrit ainsi dans son livre des cérémonies des juifs, part. I. ch. XIe On en distingue de deux sortes, dont l'un est la teffila de la main, et l'autre la teffila de la tête. On écrit sur deux morceaux de parchemin avec de l'encre faite exprès, et en lettres carrées, ces quatre passages de la loi ; écoute Israèl, etc. le second, et il arrivera si tu obéis, etc. le troisième, sanctifie-moi tout premier né, etc. le quatrième, et quand le Seigneur te fera entrer, etc. Ces deux parchemins sont roulés ensemble en forme d'un petit rouleau pointu, qu'on renferme dans de la peau de veau noire ; puis on la met sur un morceau carré et dur de la même peau, d'où pend une courroie aussi de veau large d'un doigt, et longue d'une coudée et demie ou environ. Ils posent ces teffilins au pliant du bras gauche, et la courroie, après avoir fait un petit nœud en forme de jod, se noue à l'entour du bras en ligne spirale, et vient finir au bout du doigt du milieu.

Pour l'autre teffila, on écrit aussi les quatre passages ci-dessus mentionnés sur quatre morceaux de velin séparés, dont on forme un carré, sur lequel on trace la lettre sem ; puis on met par-dessus un autre petit carré de veau, dur comme l'autre, d'où il sort deux courroies semblables en longueur, et en figure à celle du premier teffila. Ce carré se met sur le front, et les courroies après avoir ceint la tête, forment un nœud derrière qui approche de la lettre daleth, puis elles viennent se rendre vers l'estomac. S. Jerome fait mention de ces teffilins des Juifs dans son commentaire sur S. Matthieu, où il est parlé des Phylactères : " les Pharisiens, dit-il, expliquant mal ce passage, écrivaient le décalogue de Moïse sur du parchemin qu'ils roulaient et attachaient sur leur front, et en faisaient une espèce de couronne à l'entour de leur tête, afin de les avoir toujours devant les yeux ". Au reste, il n'y a que les juifs rabbinistes qui suivent cette pratique, et les Caraites leurs adversaires les appellent par raillerie des ânes bridés avec leur teffilin. Voyez FRONTEAU.