Histoire des Turcs

S. m. (Histoire moderne des Turcs) noms des muets mutilés qui accompagnent ordinairement le grand-seigneur quand il Ve dans les divers appartements du vieux et du nouveau serrail. Ils sont en particulier les gellaks, c'est-à-dire les bourreaux qu'il emploie toutes les fois qu'il veut faire périr quelqu'un en secret, comme des frères, ou d'autres parents, des sultanes, des maîtresses, des grands officiers, etc. Alors les diltsis ont l'honneur d'être les exécuteurs privilégiés de sa politique, de sa vengeance, de sa colere, ou de sa jalousie. Ils préludent à quelque distance leur exécution par des espèces d'hurlements semblables à ceux du hibou, et s'avancent tout de suite vers le malheureux ou la malheureuse condamnée, tenant leurs cordons de soie à la main, marques funestes d'une mort aussi prompte qu'infaillible. Cet appareil simple, mais par-là encore plus sinistre ; le coup mortel imprévu qui en est l'effet ; le commencement de la nuit, temps prescrit d'ordinaire pour l'exécution ; le silence de ces demi-monstres qui en sont les bourreaux, et qui n'ont pour tout usage de la voix qu'un glapissement clair et funeste qu'ils arrachent du gosier en saisissant la victime ; tout cela, dis-je, fait dresser les cheveux, et glace le sang des personnes même qui ne connaissent ces horreurs que par récit. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.
S. m. (Histoire des Turcs) espèce de page du grand-seigneur.

Les ichoglans sont de jeunes gens qu'on élève dans le serrail, non-seulement pour servir auprès du prince, mais aussi pour remplir dans la suite les principales places de l'empire.

L'éducation qu'on leur donne à ce dessein, est inestimable aux yeux des Turcs. Il n'est pas inutîle de la passer en revue, afin que le lecteur puisse comparer l'esprit et les usages des différents peuples.

On commence par exiger de ces jeunes gens, qui doivent un jour occuper les premières dignités, une profession de foi musulmane, et en conséquence on les fait circoncire : on les tient dans la soumission la plus servîle ; ils sont châtiés sévèrement pour les moindres fautes par les eunuques qui veillent sur leur conduite ; ils gémissent pendant 14 ans sous ces sortes de précepteurs, et ne sortent jamais du serrail, que leur terme ne soit fini.

subst. fém. (Histoire des Turcs) Islam ou islamisme, est la même chose que le Musulmanisme ou le Mahométisme ; car moslemin veut dire les Musulmants ; c'est M. d'Herbelot qui a introduit ces mots dans notre langue, et ils méritaient d'être adoptés. Islam vient du verbe salama, se résigner à la volonté de Dieu, et à ce que Mahomet a révélé de sa part, dont le contenu se trouve dans le livre nommé Coran, c'est-à-dire, le livre par excellence. Ce livre qui fourmille de contradictions, d'absurdités, et d'anachronismes, renferme presque tous les préceptes de l'islamisme, ou de la religion musulmane. Nous l'appelons alcoran. Voyez ALCORAN et MAHOMETISME. (D.J.)
S. m. (Histoire des Turcs) soldat d'infanterie turque, qui forme un corps formidable en lui-même, et surtout à celui qui le paye.

Les gen-y-céris, c'est-à-dire, nouveaux soldats, que nous nommons janissaires, se montrèrent chez les Turcs (quand ils eurent vaincu les Grecs) dans toute leur vigueur, au nombre d'environ 45 mille, conformément à leur établissement, dont nous ignorons l'époque. Quelques historiens prétendent que c'est le sultan Amurath II, fils d'Orcan, qui a donné en 1372, à cette milice déjà instituée, la forme qu'on voit subsister encore.

S. m. (Histoire des Turcs) officier des janissaires, dont la charge répond à celle de prevôt d'armée dans nos régiments. Il juge des différends et de légers délits qui peuvent survenir parmi les janissaires ; s'il s'agit de délits considérables, et de choses très-graves, il en fait son rapport à l'aga qui décide en dernier ressort. Voyez JANISSAIRE. (D.J.)