Histoire des Turcs

(Histoire des Turcs) premier ministre de la Porte ottomane ; voici ce qu'en dit Tournefort.

Le sultan met à la tête de ses ministres d'état le grand-vizir, qui est comme son lieutenant général, avec lequel il partage, ou plutôt à qui il laisse toute l'administration de l'empire. Non-seulement le grand-vizir est chargé des finances, des affaires étrangères et du soin de rendre la justice pour les affaires civiles et criminelles, mais il a encore le département de la guerre et le commandement des armées. Un homme capable de soutenir dignement un si grand fardeau, est bien rare et bien extraordinaire. Cependant il s'en est trouvé qui ont rempli cette charge avec tant d'éclat, qu'ils ont fait l'admiration de leur siècle. Les Cuperlis père et fils, ont triomphé dans la paix et dans la guerre, et par une politique presque inconnue jusqu'alors, ils sont morts tranquillement dans leurs lits.

(Hist. milit. des Turcs) on entend par ces deux mots ziamet & timar, de certains fonds de terre, dont les conquérans turcs ont dépouillé le clergé, la noblesse, & les particuliers du pays, qu'ils ont pris sur les Chrétiens. Ces sortes de terre ayant été confisquées au profit du grand-seigneur, il les a destinées à la subsistance d'un cavalier de la milice, appellé zaïm ou timariot : car zaïm ou timariot est le nom de la personne, & ziamet ou timar le nom de la terre.

Le ziamet ne differe du timar, que parce qu'il est d'un plus grand revenu, car il n'y a point de ziamet qui vaille moins de 20 mille aspres de rente : ce qui est au-dessous n'a que le titre de timar. Le sieur Besguier juge que le mot ziamet vient de l'arabe ; car, dit-il, zaïm signifie en arabe, un seigneur, un commandant, qui conduit un certain nombre d'hommes dont il est le maître. Quant au mot timar, il le dérive du grec , qui signifie honneur, parce que ces récompenses se donnoient pour honorer la vertu des soldats. Les Grecs appelloient ces marques d'honneur , & appelloient ceux qui en étoient honorés . Les Turcs ont emprunté ces mots des Grecs, & se les sont appropriés avec peu de changement : car au lieu de timarion, ils disent timar, en retranchant la terminaison grecque.