LE, (Géographie moderne) pays de France, en Picardie. Il est borné au nord par le Cambresis, au midi par le Noyonnais, au levant par la Thiérache, et au couchant par le Santerre. Ce pays est un des premiers bailliages du royaume, dont le siege est à Laon. Sa coutume est suivie dans beaucoup d'autres bailliages. Il abonde en grains et en lin. La rivière de Somme y prend sa source et le traverse ; il a pour capitale la ville de Saint-Quentin.

Le Vermandais comprend une partie du terrain occupé autrefois par les Veromandui, dont il a emprunté le nom. Il était beaucoup plus étendu sous les célèbres comtes de Vermandais, qui étaient les plus puissants vassaux de la couronne, à la fin de la seconde race et au commencement de la troisième. Ils descendaient de Bernard, roi d'Italie, petit-fils naturel de Charlemagne. Ils étaient encore comtes de Troies, dé Meaux et de Roucy. Cette illustre maison étant tombée en quenouille, Philippe Auguste réunit le Vermandais à la couronne, et donna des terres en échange à Eléonore, comtesse de Saint-Quentin.

Pierre de la Ramée, connu sous le nom de Ramus, professeur au collège royal à Paris, était né en 1515 dans un village du Vermandais. Il vint tout jeune chercher les moyens de gagner sa vie à Paris, et faute d'autres ressources, il se mit valet au collège de Navarre ; mais il fit de grands progrès dans les études, et fut reçu maître-ès-arts, en soutenant le contraire de la doctrine d'Aristote sur différentes propositions. Il s'en tira très-bien, et l'envie lui prit d'examiner à fond toute la philosophie de ce prince de l'école : ce fut la source de ses malheurs ; il s'attira beaucoup d'ennemis par ses ouvrages contre Aristote.

Les affaires qu'on lui suscita dans la suite, sous prétexte qu'il suivait les opinions des Protestants, l'obligèrent de se cacher tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre. Enfin il fut assassiné en 1572 pendant le massacre de la S. Barthelemy, par des meurtriers que son ennemi Jacques Charpentier, docteur en médecine et professeur royal, envoya pour le tuer ; son corps indignement traité par les écoliers de ce professeur, fut jeté dans la Seine.

Il a fondé de son propre bien la chaire de mathématique qui porte son nom au collège royal. Il nous reste de lui un traité de militiâ Caesaris, un livre de moribus veterum Gallorum, et quelques autres ouvrages, qui sont à la vérité très-imparfaits, mais qu'on doit regarder comme le crépuscule du jour que Descartes fit luire ensuite pour les sciences. Le plus illustre des disciples de Ramus fut le cardinal d'Ossat, lequel a même écrit étant jeune, un ouvrage pour la défense de son maître ; et cet ouvrage honorable au disciple fut imprimé à Paris chez Wechel en 1564 in-8 °. (D.J.)

VERMANDOIS