(Géographie moderne) province méditerranée d'Angleterre, dans le diocèse de Lichfield et Conventry. Elle est bornée au nord - ouest par le comté de Chester ; à l'occident par celui de Shrewsbury ; au midi par ceux de Worcester et de Warwick ; et à l'est et au nord-est par celui de Darby. Elle s'étend du nord au sud l'espace de quarante-quatre milles ; elle en a vingt-sept de large, et cent quarante de circuit : on y compte cinq hundreds ou quartiers, et cent trente églises paroissiales. Il y a quatre villes qui ont droit de députer au parlement ; savoir Stafford, la capitale, Lichfield, Newcastle, Taenworth, et quinze bourgs à marché.

Les principales rivières de cette province, sont la Trent, la Tame, la Dove, la Blithe, et la Saw. La partie septentrionale du comté de Stafford est montueuse, froide, et assez stérîle ; mais la partie méridionale est fertile. Outre les pâturages et les grains, on y trouve des carrières de charbon de terre, d'albâtre, et de pierres de moulin. Nous avons un excellent ouvrage sur son histoire naturelle : Plot (Robert) the natural history of Stafford-Shire, Oxoniae, 1686. in-fol.

Les anciens habitants de ce pays ont été les Carnariens, qui possédaient outre cela les terres comprises dans les comtés de Shrewsbury, de Worcester, et de Chester : après eux ce comté fut le partage des Saxons Merciens.

Il a produit depuis la renaissance des Lettres des savants distingués, entre lesquels on peut nommer Alleyn (Thomas), Lightfoot (Jean), Wollaston (Guillaume), et Sheldon (Gilbert), qui méritent tous quatre nos éloges.

Alleyn naquit en 1542, et mourut en 1632 ; sa science dans les Mathématiques l'exposa de même que le Moine Bâcon, aux jugements désavantageux du peuple, qui le regardait comme un sorcier, tandis que les hommes éclairés le respectaient comme un beau génie. Henri Savile, Cambden, Robert Cotton, Spelman, Selden, etc. ont chanté ses louanges. Ce dernier l'appelle academiae Oxoniensis decus, omnis eruditionis genere ornatissimum. Henri, comte de Northumberland, et Robert comte de Leicester, favori de la reine Elisabeth, l'aimèrent singulièrement. Il n'épargna ni ses soins, ni son crédit, ni sa bourse, pour rassembler des manuscrits dans toutes les Sciences, et pour favoriser leurs progrès. Mais ses propres ouvrages, ses recueils, et ses observations sur l'Astronomie, les Mathématiques, et la nouvelle philosophie, sont tombées dans des mains inconnues.

Lightfoot naquit en 1602, et mourut en 1675 à 74 ans ; c'était un homme prodigieusement habîle dans les antiquités judaïques ; ses ouvrages précédés de sa vie, ont été rassemblés et imprimés à Londres, en 1684. On fit une nouvelle édition de ce recueil à Rotterdam, en 1686, en 2 vol. in-fol. La troisième édition parut à Utrecht en 1699, par les soins de Jean Leveden ; il y a ajouté un nouveau volume contenant les ouvrages posthumes latins de l'auteur, qui n'avaient pas encore Ve le jour, et que M. Jean Strype lui avait envoyés d'Angleterre. Le troisième volume contient 22 traités, dont la plupart sont courts, et quelques-uns imparfaits.

Enfin, M. Strype a publié à Londres en 1700, in -8°. de nouvelles œuvres posthumes de Lightfoot ; il avait eu dessein d'insérer dans cette collection, une chronique de ce qui s'est passé dans le monde au sujet des Juifs, sous les empereurs Ottomans, sur la fin du XIe siècle. Cet ouvrage qui dépeint les malheurs et la destruction des Juifs dans ce temps-là, avait été composé par un certain sacrificateur nommé Joseph, qui vivait sous le règne d'Henri VIII. La traduction de l'hébreu en anglais était de Lightfoot, et de sa propre main.

On voit par la lecture des œuvres de ce savant, qu'il avait quelques sentiments particuliers : par exemple, il croyait, 1°. que les Juifs étaient entièrement rejetés de Dieu. 2°. Il pensait que les clés du royaume des cieux n'avaient été données qu'à saint Pierre. 3°. Que le pouvoir de lier et de délier, accordé à cet apôtre, regardait la doctrine, et non la discipline. 4°. Dans son interprétation de ces paroles de Dieu à Caïn : si tu fais mal, le péché est à la porte ; il prétend que par le péché, il ne faut pas entendre la punition, mais l'oblation pour le péché, pour en faire l'expiation.

Wollaston naquit en 1659, et fit d'excellentes études ; mais comme il était pauvre, il prit l'emploi de second maître d'école dans la province à 70 livres sterlings par an. Peu de temps après, la mort d'un de ses parents, arrivée en 1688. le mit en possession d'un bien très-considérable. Un changement aussi imprévu qu'avantageux, aurait été capable de tourner la tête à bien des gens ; mais la même fermeté d'ame qui avait soutenu Wollaston dans la mauvaise fortune, lui fit supporter la bonne avec modération ; sa philosophie lui apprit à se posséder également dans les deux états opposés.

Il se fixa à Londres, épousa une femme de mérite, et cependant continua toujours de passer sa vie dans la retraite et dans l'étude. Il avait des amis, du loisir, et des livres, dont il sut profiter. Il cultiva presque toutes les sciences, et travailla surtout à perfectionner sa raison, en s'affranchissant des préjugés, en observant l'étendue et l'influence des axiomes, la nature et la force des conséquences ; enfin, en suivant la bonne méthode dans la recherche de la vérité. Il mourut en 1724, de la même manière qu'il avait vécu, en philosophe chrétien.

La reine d'Angleterre fit placer son buste dans une grotte de son jardin de Richemont avec ceux de Newton, de Locke, de Samuel Clarck, etc.

Mais son fameux ouvrage, ébauche de la religion naturelle, the religion of nature delineated, qu'il mit au jour l'année de sa mort, a fait sa principale gloire. Le débit prodigieux qu'eut en Angleterre cet ouvrage, dont il s'est vendu plus de dix mille exemplaires en peu d'années, prouve assez son mérite. Il est peu d'ouvrages finis qu'on puisse opposer à celui qu'il a donné sous le modeste titre d'ébauche. Le dessein exécuté de main de maître, a non-seulement toutes les proportions, mais aussi toutes les grâces de l'expression, du tour, de la solidité, du savoir, et de la nouveauté.

La traduction française de ce beau livre a paru à la Haye en 1726, in -4°. L'auteur a eu l'art de débrouiller le chaos des notes qui règne dans l'édition anglaise ; mais il serait à souhaiter que sa traduction fût moins défectueuse pour le style, et surtout pour le sens ; car il fait souvent dire à M. Wollaston ce qu'il ne dit point, et quelquefois le contraire de ce qu'il dit.

Sheldon (Gilbert) archevêque de Cantorbéri, naquit dans la province de Stafford, en 1598, et mourut à Lambeth en 1677, âgé de 80 ans. C'était un homme adroit au maniment des affaires, généreux, charitable, d'une conversation pleine d'agrément, peut-être même à l'excès, honnête homme, sans avoir beaucoup de religion, dont il ne parlait d'ordinaire que comme d'un mystère d'état, et d'une affaire de pure politique mondaine très - sagement établie. Il a employé 37 mille livres sterling en œuvres de piété. Il a élevé le magnifique théâtre d'Oxford qui porte son nom, et y a employé 14470 liv. 11. s. 11. d. Enfin, il légua à l'université deux mille livres sterling, dont la rente est destinée à l'entretien du théâtre. (D.J.)