(Géographie moderne) vaste pays de la Tartarie asiatique. Dans la carte que les jésuites ont donnée du Tibet, le pays de Si-Fan est distinctement marqué comme borné à l'est par la province de Se-chuen au nord par le pays de Coconor, et à l'ouest par la rivière de Tsacho-Tsitsirhana.

Suivant cette position, le pays de Si-fan est entre 29 degrés 54 minutes et 33 degrés 40 minutes de latitude, et entre 12 degrés 30 minutes et 18 degrés 20 minutes de longitude, ouest de Pekin. Sa figure forme un triangle, dont la base qui est au nord, offre environ 300 milles de longueur ; et les deux autres côtés qui font un angle au sud, sont chacun environ de 245 milles. C'est encore aujourd'hui ce qui reste aux Si-fans d'un domaine qui comprenait tout le Tibet, et même quelques territoires de la Chine. On peut inférer de-là et de la conformité qui subsiste entre les langues du Si-fan et du Tibet, que les Chinois étendent le nom de Si-fan à toute cette région, et quelquefois à toutes les nations qui sont à l'ouest de l'empire de la Chine.

Suivant les apparences, c'est ce grand empire de Si-fan, comprenant tout l'espace qui est entre la Chine et l'Indoustan, avec toutes les vastes plaines et les déserts au nord et à l'ouest habités par les Tartares éluths, qui portait autrefois le nom de Tangut, Tanguth, ou Tankut. On a d'autant moins sujet d'en douter, que la langue et les caractères du Tibet, qui sont encore en usage dans le pays de Si-fan, conservent le nom de langue et de caractères de Tangut.

Suivant les historiens chinois, l'année 1227 est l'époque de l'entière ruine des Si - fans, après de longues guerres qu'ils ont eues avec les empereurs de la Chine. Leur état présent ne ressemble guère à celui où ils étaient anciennement ; car ils n'ont pas une seule ville, au-lieu qu'autrefois ils formaient une nation nombreuse et puissante.

Les lamas qui les gouvernent, ne les inquietent pas beaucoup, pourvu qu'ils leur rendent certains honneurs, et qu'ils paient exactement les droits de fo, ce qui Ve à très-peu de chose. Ces droits semblent être des espèces de dixmes religieuses. Les Si-fans ont toujours suivi la religion de Fo, et ont toujours choisi leurs ministres d'état et quelquefois leurs généraux parmi les lamas. Les livres et les caractères de leurs chefs, sont ceux du Tibet. Quoique voisins des Chinois, leurs coutumes et leurs cérémonies ressemblent peu à celles de la Chine ; par exemple, dans les visites que les Si-fans rendent à ceux qu'ils respectent, ils leur présentent un grand mouchoir blanc, de coton, ou de soie. Ils ont aussi quelques usages établis parmi les Tartares-kalks, et d'autres de ceux du Coconor.

Les Si-fans ne reconnaissent qu'à-demi l'autorité des mandarins chinois, et ne se hâtent guère de répondre à leurs citations : ces officiers n'osent même les traiter avec rigueur, ni entreprendre de les forcer à obéir ; parce qu'il serait impossible de les poursuivre dans l'intérieur de leurs affreuses montagnes dont le sommet est couvert de neige, même au mois de Juillet : d'ailleurs, la rhubarbe croissant en abondance dans leur pays, les Chinois les ménagent pour en tirer cette marchandise précieuse. (D.J.)