(Géographie moderne) ville de France, dans la Picardie, capitale du Santerre, sur le bord septentrional de la somme, à 12 lieues au-dessus, et au levant d'Amiens, à 10 au S. O. de Cambray, et à 32 de Paris, parmi des marais, qui avec des fortifications en font une très-forte place.

Elle est ancienne, car les premiers rois Mérovingiens y avaient un domicile. Clovis II. ayant donné cette place à Archinoald, maire de son palais, il y bâtit un monastère pour des moines Ecossais. Le premier abbé fut S. Wltan, neveu de S. Furcy, abbé de Lagny ; lequel S. Furcy est enterré à Péronne, où il est devenu depuis ce temps-là le patron de la ville.

Héribert, Comte de Vermandais, s'empara de Péronne, et enferma dans la forteresse Charles III. dit le Simple, qui y finit ses jours en 929, âgé de cinquante ans. Il est vrai que ce malheureux prince se fit toujours mépriser de son peuple pendant sa vie, par sa faiblesse et son manque de courage. N'ayant pas su faire valoir ses droits à l'Empire, après la mort de Louis IV. l'Empire sortit de la maison de France, et devint électif. Charles le Simple fut enterré à Péronne. Il avait eu trois femmes ; de la première dont on ne sait pas le nom, il eut Giselle, mariée en 912 à Rollon, premier duc de Normandie ; de la seconde, nommée Fréderune, morte en 917, on doute s'il eut des enfants ; de la troisième, nommée Ogine, il eut Louis, depuis appelé d'Outremer. Cette Ogine, fille d'Edouard I, roi des Anglais, après avoir marqué un grand courage dans presque tout le cours de sa vie, finit par se marier par amour, après la mort de son mari, avec Héribert, comte de Troie., second fils d'Héribert, comte de Vermandais, qui avait tenu son mari prisonnier les sept dernières années de sa vie.

Les successeurs d'Héribert jouirent de Péronne et de ses dépendances, jusqu'au temps de Philippe Auguste. En 1466 Louis XI. donna cette ville et ses annexes à Charles, duc de Bourgogne, et s'en resaisit ensuite après la mort de ce prince.

L'église collégiale de cette ville, a été bâtie et dotée par le même Archinoald dont nous avons parlé ; cette collégiale est aujourd'hui de soixante petites prébendes, toutes à la nomination du roi.

Péronne est surnommée la pucelle, parce qu'elle n'a jamais été prise, quoiqu'assiégée quelquefois, et entr'autres par le comte Henri de Nassau en 1536. Elle a sa coutume particulière, qui est suivie à Mont-Didier et à Roye. Il y a dans cette ville, une élection et un bailliage auquel la prevôté est unie ; mais elle est surtout rédoutable par les vexations des commis des fermes. Long. 20. 35. 44. lat. 49. 55. 30.

Frassen (Claude) natif de Péronne ou de Vire, s'est distingué par son savoir dans l'ordre de S. Français, dont il devint définiteur général en 1682. Il a fait plusieurs ouvrages, et entr'autres des dissertations sur la bible intitulées : Disquisitiones publicae 2 vol. in-4°. Il mourut à Paris en 1711, à quatre-vingt onze ans.

Longueval (Jacques) laborieux jésuite, naquit à Péronne en 1680 ; il a publié les huit premiers volumes de l'histoire de l'église Gallicane, et avait presque mis la dernière main au neuvième et au dixième volume de cet ouvrage, lorsqu'il mourut à Paris d'apopléxie en 1735 à cinquante-quatre ans. (D.J.)