(Géographie moderne) ville d'Asie, dans l'Anatolie, vis-à-vis le port de Constantinople, dont elle est regardée comme un des fauxbourgs ; c'est d'ailleurs un des principaux rendez-vous des caravanes d'Arménie qui vont trafiquer en Europe.

Le port de Scutari servait autrefois de retraite aux galeres de Chalcédoine ; et ce fut à cause de sa situation, que les Perses, qui méditaient la conquête de la Grèce, la choisirent, non-seulement pour en faire une place d'armes, mais pour y déposer l'or et l'argent qu'ils tiraient par tribut des villes d'Asie. Tant de richesses lui firent donner le nom de Chrysopolis, ou ville d'or, selon Denys de Bysance, au rapport d'Etienne le géographe, qui ajoute pourtant que l'opinion la plus commune était que le nom de Chrysopolis venait de Chrysès, fils de Chryséïs et d'Agamemnon.

Il semble que cette ville soit destinée à servir de retraite à des maltotiers ; car les Athéniens, par le conseil d'Alcibiade, y établirent les premiers une espèce de douanne, pour faire payer les droits à ceux qui navigeaient sur la mer Noire. Xénophon assure qu'ils firent murer Chrysopolis ; cependant c'était bien peu de chose du temps d'Auguste, puisque Strabon ne la traite que de village. Aujourd'hui c'est une grande ville, et même la seule qui soit sur le bosphore du côté d'Asie. Cédrene nous apprend qu'en la dixneuvième année de l'empire de Constantin, Licinius son beau-frère, après avoir été battu plusieurs fois sur mer et sur terre, fut fait prisonnier dans la ville de Chrysopolis, et de-là conduit à Thessalonique, où il eut la tête tranchée.

Scutari est embellie d'une mosquée royale et d'une maison de plaisance, ou serrail du grand-seigneur. Long. 46. 31. lat. 41. 7. (D.J.)