(Géographie moderne) ville d'Italie, aujourd'hui au royaume de Naples, sur le bord de la mer, capitale de la principauté citérieure, au fond d'un golfe de même nom, à douze lieues au sud-est de Naples, et à égale distance au midi de Bénévent. Long. 32. 20. latit. 40. 46.

Cette ville est ancienne, et faisait autrefois partie du petit pays des Picentins, dont Picentia était alors la capitale. Strabon dit que les Romains fortifièrent Salerne pour y mettre garnison, et qu'elle était un peu plus haute que le rivage. Tite-Live nous apprend, l. XXXII. c. 29, que cette ville devint colonie romaine.

Après la ruine de l'empire d'Occident par les Barbares venus des pays septentrionaux, les Lombards et les Goths se firent des établissements aux dépens de l'empire grec, qui s'était ressaisi d'une partie de l'Italie, surtout dans ce qu'on appelle aujourd'hui le royaume de Naples. Mais il n'était pas en état de se soutenir contre tant d'ennemis qui l'attaquaient de tous les côtés. Les Lombards formèrent des duchés et des principautés, comme Capoue, Salerne, et tant d'autres villes qui étaient alors les résidences de souverains qui s'y maintinrent, moyennant quelques soumissions à l'empire Grec.

Charlemagne, qui détruisit le royaume des Lombards, ne toucha point à ces souverainetés, qui étaient subordonnées à l'empire d'Orient ; ainsi, au commencement de l'onzième siècle, Salerne était capitale d'une principauté, dont le seigneur avait un très-beau pays. Guaimare, prince de Salerne, regnait de cette manière, lorsqu'une centaine de gentils-hommes normands délivrèrent cette ville des Sarrazins qui étaient venus pour la piller.

" Ces Français, partis en 983 des côtes de Normandie pour aller à Jérusalem, passèrent à leur retour sur la mer de Naples, et arrivèrent à Salerne dans le temps que cette ville venait de se racheter à prix d'argent. Ils trouvèrent les Salertins occupés à rassembler le prix de leur rançon, et les vainqueurs livrés dans leur camp à la sécurité d'une joie brutale et de la débauche. Cette poignée d'étrangers, reproche aux assiégés la lâcheté de leur soumission ; et dans l'instant marchant avec audace au milieu de la nuit, suivis de quelques Salertins qui osent les imiter, ils fondent dans le camp des Sarrazins, les étonnent, les mettent en fuite, les forcent de remonter en désordre sur leurs vaisseaux, et non-seulement sauvent les trésors de Salerne, mais ils y ajoutent les dépouilles des ennemis ".

Gisulphe, fils et successeur de Guaimare, se trouva fort mal de n'avoir pas ménagé ces mêmes Normands. Ils l'assiégèrent, prirent sa ville, le chassèrent du pays, et le réduisirent à aller vivre à Rome des bienfaits du pape. Maitres de Salerne, ils la fortifièrent, et en formèrent une nouvelle principauté, dont dix-neuf princes de la postérité de Tancrede jouirent successivement.

Le port de cette ville était un des plus fréquentés de cette côte, avant que celui de Naples lui eut enlevé son commerce ; ce port n'est plus rien aujourd'hui, qu'on a abattu le grand mole qui l'enveloppait, et qui mettait les vaisseaux à l'abri des orages. Il ne reste plus à cette ville, que le commerce de terre pour la faire subsister. Ses rues sont vilaines et fort étroites ; mais elle a quelques palais aux environs de la place, au-dessus de laquelle est le château.

Salerne fut honorée de la qualité d'archevêché l'an 974 par Boniface VII. Son université, aujourd'hui très-méprisée, a été autrefois fameuse pour la médecine.

C'est à Salerne qu'est mort en 1085 le pape Grégoire VII. qui avait été si fier et si terrible avec les empereurs et les rais. Il s'était avisé d'excommunier Robert, prince de Salerne, et le fruit de l'excommunication, fut la conquête de tout le Bénéventin par le même Robert. Le pape lui donna l'absolution, et accepta de lui la ville de Bénévent, qui, depuis ce temps-là, est toujours demeurée au saint siege.

Bientôt après éclatèrent les grandes querelles entre l'empereur Henri IV. et Grégoire VII. L'empereur s'étant rendu maître de Rome en 1084, assiégeait le pape dans ce château, qu'on a depuis appelé le château Saint-Ange. Robert accourt alors de la Dalmatie, où il faisait des conquêtes nouvelles, délivre le pape malgré les Allemands et les Romains réunis contre lui, se rend maître de sa personne et l'emmene à Salerne, où ce pape, qui déposait tant de rais, mourut le captif et le protégé d'un gentilhomme normand.

Masuccio, auteur du XVe siècle, peu connu, était de Salerne. On a de lui en italien cinquante nouvelles, dans le goût de celles de Boccace, c'est-à-dire, très-licencieuses. Elles ont été imprimées plusieurs fais, et pillées par des auteurs de même caractère ; témoin les contes du monde adventureux, imprimés à Paris en 1555 in-8 °. La première édition du livre de Masuccio a pour titre il novellino, et parut à Naples en 1476, in fol. Elle fut suivie de plusieurs autres, faites à Venise en 1484, en 1492, en 1503 avec figures ; en 1522, en 1525, in-8 °. en 1531, in-8 °. en 1535, in-8 °. en 1541, in-8 °. etc. Malgré toutes ces éditions, un satyrique d'Italie (Francesco Doni) a eu raison de se divertir de l'auteur, en lui attribuant ironiquement un ouvrage imaginaire, intitulé : Masuccio commento sopra la prima giornata del Boccaccio. (D.J.)

SALERNE, golfe de, (Géographie moderne) golfe de la Méditerranée, sur la côte orientale du royaume de Naples. C'est le Paestanus sinus des anciens. (D.J.)