(Géographie moderne) ville d'Italie dans l'état de Gènes, sur le rivage de la mer, à 16 milles au sud-ouest de Gènes, et à 10 au nord-est de Noli. Cette ville, après la capitale, est la plus considérable de l'état de Gènes. Elle est bien bâtie, et a un grand nombre d'églises, qui sont la plupart belles et propres. Plusieurs ordres religieux y ont aussi des couvens. Ses rues sont assez larges, la plupart droites et bordées de maisons de bon goût en-dedans et en-dehors. L'évêché est suffragant de Milan. Son port était autrefois bon, et y attirait le commerce ; mais la république l'a laissé détruire entièrement, pour que Gènes jouit seule du négoce, et que le roi de Sardaigne, qui a de grandes prétentions sur Savonne, ne songeât plus à s'emparer d'une place qui ne lui serait d'aucune utilité. Il ne reste à Savonne que quelques manufactures de soie qui la font subsister ; tous les environs de cette ville y sont extrêmement fertiles ; les fruits de toute espèce, en particulier les limons et bergamottes, y viennent en perfection et en quantité. Long. 26. 4. lat. 44. 18.

C'est la patrie du pape Jules II. de la maison de Rovère. Il entra pape au conclave en 1503, car avant que d'y entrer, son élection était conclue entre les cardinaux ; et l'on peut dire qu'ils n'avaient pas encore choisi une plus ferme colonne du saint siège. Il ne travailla qu'à faire de l'Italie un corps puissant, dont le souverain pontife serait le chef.

Après avoir rempli son premier projet d'agrandir Rome sur les ruines de Venise par la fameuse ligue de Cambray, il eut l'art d'exécuter le second, qui était de chasser les Français, et autres barbares de l'Italie, se proposant de détruire tous les étrangers les uns par les autres, et d'exterminer le reste, alors languissant, de la domination allemande. Il fit lui-même la guerre, il alla à la tranchée, il affronta la mort. Il tourna contre la France cette fameuse ligue qu'il avait d'abord tramée contre Venise, et c'est à Louis XII. qu'elle devint funeste.

On commença par se battre vers Bologne et vers le Ferrarais. Jules II. assiégea la Mirandole. On vit ce pontife, âgé de 70 ans, aller, le casque en tête, à la tranchée visiter les travaux, presser les ouvrages, et entrer en vainqueur par la breche. Tandis que le pape, cassé de vieillesse, était sous les armes, le roi de France, encore dans la vigueur de l'âge, assemblait un concile. Il remuait la chrétienté ecclésiastique, et le pape la chrétienté guerrière. Le concîle fut indiqué à Pise, où quelques cardinaux ennemis du pape, se rendirent. Mais le concîle du roi ne fut qu'une entreprise vaine, et la guerre du pape fut heureuse.

Nos historiens blâment son ambition et son opiniâtreté ; mais il fallait aussi rendre justice à son courage et à ses grandes vues. Il donna au pontificat une force temporelle qu'il n'avait point eu jusqu'alors. Enfin il consomma sa vie en 1513, à 70 ans, après avoir joint Parme et Plaisance au domaine de Rome, du consentement de l'empereur même. Léon X. lui succéda. Essai sur l'histoire générale, tome II. in -8°.

Chiabrera (Gabriel) poète italien du XVIe siècle, naquit à Savonne, en 1552, et mourut en 1638, âgé de 86 ans. Il a fait plusieurs poèmes héroïques, un grand nombre de lyriques, des tragédies, des opéra, des pastorales, en un mot des poésies de tout genre. On dit que Chiabrera était un des plus beaux esprits et des plus laids visages d'Italie ; ce qu'il y a de sur, c'est qu'il a été un des plus féconds poètes de son siècle. (D.J.)