(Géographie moderne) bourg de France en Provence, viguerie d'Hières, et diocèse de Toulon. Ce bourg est la patrie d'Antoine Arena, poète du XVIe siècle, qui se rendit alors célèbre par ses vers macaroniques, et en particulier par sa description de la guerre de Charles-Quint dans son pays, dont il avait été témoin. Il mourut en 1544.

Ce n'est point à Souliers en Provence, mais au château de Souliers dans la province de la Marche qu'est né François Tristan, surnommé l'hermite, poète reçu à l'académie française en 1649, et mort dans la misere en 1655, âgé de 54 ans. On connait à ce sujet l'épigramme de M. de Montmor, maître des requêtes :

Elie, ainsi qu'il est écrit,

De son manteau comme de son esprit

Récompensa son serviteur fidèle.

Tristan eut suivi ce modèle ;

Mais Tristan, qu'on mit au tombeau

Plus pauvre que n'est un prophète,

En laissant à Quinaut son esprit de poète,

Ne put lui laisser un manteau.

Les poésies de Tristan ont été recueillies en trois volumes ; le premier contient ses amours ; le second sa lyre, et le troisième ses vers héroïques ; mais il se distingua surtout par ses pièces dramatiques, qui eurent beaucoup de succès pendant sa vie. Mais sa tragédie de Marianne, retouchée par Rousseau, est la seule qui soutienne encore la réputation de son auteur. Mondori, célèbre comédien de son temps, fit de si grands et de si continuels efforts, pour y bien jouer le rôle d'Hérode, qu'il en mourut. Le rôle d'Oreste dans l'Andromaque de Racine, a causé depuis le même sort à Montfleury.

Tristan a fait aussi des poésies sacrées, et a mis en vers l'office de la Vierge. Enfin il composa lui-même son épitaphe, que voici :

Je fis le chien-couchant auprès d'un grand seigneur.

Je me vis toujours pauvre, et tâchai de paraitre.

Je vécus dans la peine attendant le bonheur,

Et mourus sur un coffre en attendant mon maître.

C'était Gaston de France dont il était gentilhomme ordinaire. (D.J.)