LE (Géographie moderne) province de France, dans le gouvernement de Guienne ; elle est bornée au nord par le Querci ; au midi par l'Albigeais ; au levant, par les Cévennes et le Gevaudan ; et au couchant, par l'Auvergne. Cette province peut avoir environ 30 lieues de longueur, sur 20 de large. On la divise en comté, et en haute et basse Marche : le comté renferme Rodez, capitale de toute la province. Milhau est la capitale de la haute-Marche, et Villefranche de la basse.

Le Rouergue et sa capitale Rodez, ont pris leur nom des peuples Ruteni, dont César fait plusieurs fois mention dans ses commentaires. Auguste mit les Ruténiens dans l'Aquittaine, et Pline remarque qu'ils confinaient avec la Gaule narbonnaise. Voyez RUTENIENS (Géog. anc.)

Lorsque sous Valentinien I. l'Aquittaine fut divisée en deux, les Ruténiens furent attribués à la première Aquittaine ; ils furent soumis aux Visigoths, dans le cinquième siècle, à Clovis dans le sixième, et après sa mort, les Goths s'emparèrent du Rouergue. Dans le septième siècle, les Rois de Neustrie, ou plutôt les Maires du palais qui dominaient sous leur nom, furent seuls reconnus en Aquittaine. Ce pays passa dans le huitième siècle au pouvoir du duc Eudes, et le roi Pepin en dépouilla Gaïfre, petit-fils d'Eudes. Les rois Carlovingiens, successeurs de Pepin, jouirent du Rouergue jusqu'à la dissipation de leurs états, où chacun se rendit le maître où il put. Sous le règne de Lothaire, et sous celui de Hugues Capet, quoique le Rouergue eut ses seigneurs, comme les autres pays voisins, on ne sait pas néanmoins le nom du premier comte de Rodez, qui se rendit héréditaire.

Dans la suite des temps, Hugues sorti de la maison de Carlat, transigea de ses terres et du comté de Rodez, avec Alphonse, roi d'Aragon, l'an 1167. Par ce traité, le roi d'Aragon se réserva en propre la seigneurie utîle des diocèses de Rodez et de Mende ; mais son successeur par un autre traité fait avec saint Louis l'an 1258, renonça à tout ce qui lui appartenait dans le Rouergue et le comté de Rodez ; c'est ainsi que cette province a été annexée à la couronne.

C'est un pays montagneux, mais fertîle en pâturages, où on nourrit beaucoup de bestiaux, et surtout des mulets. La sénéchaussée de Rouergue a deux sièges présidiaux, Villefranche qui est le plus étendu, et Rodez dont le ressort ne Ve pas au-delà de l'élection de cette ville.

Montjosieu (Louis de) en latin Montejosius, gentilhomme de Rouergue au seizième siècle, a mis au jour cinq livres d'antiquités, où l'on trouve quelques morceaux assez curieux sur la peinture et la sculpture des anciens. (D.J.)