ou ZÉLANDE, LA, (Géographie moderne) province des Pays-bas, et l'une des sept qui composent la république des Provinces-Unies ; cette province consiste en plusieurs îles que forme l'Océan, avec des bras de l'Escaut et de la Meuse : ces différents bras de mer séparent la Zélande du côté du nord des îles de Hollande : l'Escaut du côté de l'orient, la sépare du Brabant ; et le Honte la sépare de la Flandre ; vers l'occident elle est bornée par l'Océan.

Le mot de Zélande ou Zéélande, signifie terre de mer, et ce nom convient fort à la situation du pays, qui a toujours été sujet aux inondations. On ignore le nom des peuples qui habitaient anciennement cette région.

L'auteur de la chronique de la Zélande estime que les Zélandais modernes sont danois d'origine, et qu'ils descendent particulièrement des habitants de l'île de Selandre en Danemarck. L'histoire nous apprend du-moins, que Rollon, duc des Danois, tint quelque temps sous sa puissance l'île de Walcheren et les îles voisines. On trouve aussi dans la langue des Zélandais des Pays-bas, plusieurs mots encore usités chez les Sélandais de Danemarck. Toutes ces raisons réunies ont quelque force pour appuyer l'opinion de l'auteur de la chronique de la Zélande.

Ce qu'il y a de plus sur, c'est que les habitants de cette province ne furent convertis au christianisme que dans le ix. siècle. On sait aussi qu'ils furent mis sous le royaume de Lothaire, qui est celui d'Austrasie ; et ensuite, lorsque dans le dixième siècle les comtes furent devenus propriétaires, les Zélandais faisaient partie de la Flandre nommée impériale, parce qu'elle relevait de l'empire : de-là vient que les empereurs prétendaient être en droit de donner ce pays, comme ils le donnèrent en effet, tantôt aux comtés de Hollande, tantôt à celui de Flandres. Robert dit le Frison, qui jouit durant quelque temps du comté de Hollande, ou de la Frise citérieure, se rendit maître des îles de la Zélande, qu'il laissa aux comtes de Flandres ses héritiers, nonobstant les prétentions contraires des Hollandais.

Ensuite la Zélande ayant passé au pouvoir de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, qui succéda à Jaqueline de Bavière, morte sans enfants en 1433, les deux provinces de Hollande et de Zélande ne firent plus qu'un seul corps. Les comtes de Hollande prirent seuls le titre de comte de Zélande, et ils laissèrent le pays à leurs successeurs, dont les princes de la maison d'Autriche héritèrent.

Enfin sous Philippe II. les Zélandais secouèrent le joug de sa domination, et se confédérèrent avec les Provinces-Unies des Pays-bas, qui furent reconnues libres et souveraines en 1648, par le premier article du traité de Munster.

J'ai dit ci-dessus que la province de Zélande consistait en plusieurs îles ; on en compte quinze ou seize, dont la plupart sont assez petites. Les principales sont Walcheren, Duyveland, Nord-Beveland, Zuyd-Beveland, Ter-Tolen, Schowen, Gorée, et Voorn.

Ce pays abonde en pâturages, et produit du blé excellent. Il ne manque d'ailleurs de rien par son commerce maritime ; cependant l'étendue de son territoire n'est que d'environ quarante lieues. Ses villes principales sont Middelbourg, Flessingue, Vere, Ter-Tolen et Ziriczée. On compte en tout huit villes murées, et cent deux villages, sans plusieurs autres, qui ont été engloutis par diverses inondations, surtout par celles des années 1304 et 1309.

La Zélande se gouverne sur le même pied que la Hollande. L'assemblée des états est composée des députés de la noblesse et des six villes principales. Mais comme toutes les anciennes familles nobles sont éteintes, Guillaume, prince d'Orange, mort roi d'Angleterre, composait seul l'ordre de la noblesse, sous le nom de premier noble de Zélande ; et son député avait la première place dans cette assemblée, au conseil d'état et à la chambre des comptes.

On divise ordinairement la Zélande en deux parties, qui sont l'occidentale en-deçà de l'Escaut, et l'orientale au-delà de l'Escaut. L'occidentale, qui s'étend le plus vers la Flandre, comprend les îles de Walcheren, de Nord et Zuyd-Beveland, et de Wolverdyck : l'orientale, qui est la moindre et la plus avancée vers la Hollande, contient les îles de Schowen, Duyveland et Tolen. Toutes ces iles, étant situées dans un terrain fort bas, seraient dans un continuel péril d'être submergées, si elles n'étaient défendues contre l'impétuosité des flots par des dunes, et par des hautes digues, entrelacées de joncs et de bois de charpente, dont le vide est rempli de pierres. Le tout est entretenu avec beaucoup de soin et de dépense.

Depuis que la Zélande est devenue libre et souveraine, les sciences y fleurissent d'une manière brillante ; c'est ce dont on peut juger par l'ouvrage de Pieter de la Rue, intitulé gelletterd Zéeland, etc. Middelbourg 1734, in-4°. et depuis augmenté en 1741, in-4°. On trouvera dans cette belle bibliographie tous les savants qui sont nés dans cette province, et les ouvrages qu'ils ont mis au jour. (D.J.)