S. f. (Histoire ancienne et moderne) lisière de soie, de laine, de cuir ou d'autres matières, que l'on attache autour des reins. L'usage en est ancien. Chez les Juifs, Dieu ordonna au grand-prêtre d'en porter une. Les Juifs étaient ceints lorsqu'ils célébraient la pâque, suivant l'ordre qu'ils en avaient reçu. Dès ce temps la ceinture servait aussi de bourse. L'amplitude des habits grecs et romains en rendit l'usage nécessaire chez ces peuples. Ceux qui disputaient dans les jeux olympiques se ceignaient : mais vers la trente-quatrième olympiade la ceinture leur fut interdite, et ils se dépouillèrent pour courir. La défense de porter la ceinture fut quelquefois chez les anciens une tache d'ignominie et la punition de quelque faute ; d'où il s'ensuit que cette partie du vêtement marquait quelque dignité parmi eux. La ceinture n'était pas moins à l'usage des femmes que des hommes ; elles s'en servaient soit pour relever leurs robes, soit pour en fixer les plis. Il y avait de la grâce à soutenir à la hauteur de la main le lais du côté droit, ce qui laissait le bas de la jambe à découvert ; et une négligence outrée à n'avoir point de ceinture et à laisser tomber sa tunique : de-là les expressions latines discincti, altè cincti, pour désigner un homme indolent ou alerte. Mecène ayant témoigné peu d'inquiétude sur les derniers devoirs de la vie, persuadé que la nature prend soin elle-même de notre sépulture, Seneque dit de lui, altè cinctum dixisse putes, " vous croiriez que celui qui a dit ce mot, portait sa ceinture bien haut ". Gardez-vous, dit Sylla en parlant de César, d'un homme dont la ceinture est trop lâche. Il y avait chez les Celtes une ceinture qui servait pour ainsi dire de mesure publique de la taille parmi les hommes. Comme l'état veillait à ce qu'ils fussent alertes, il punissait ceux qui ne pouvaient la porter. L'usage des ceintures a été fort commun dans nos contrées ; mais les hommes ayant cessé de s'habiller en long, et pris le juste-au-corps et le manteau court, l'usage s'en est restreint peu-à-peu aux premiers magistrats, aux gens d'église, aux religieux et aux femmes ; encore les femmes n'en portent-elles presque plus aujourd'hui, que les paniers et les robes lâches sont devenues communes, malgré les ecclésiastiques, qui se recrièrent beaucoup contre cette mode, qui laissant aux femmes, à ce qu'ils croyaient, la liberté de cacher les suites de leurs fautes, prognostiquait un accroissement de dissolution. Nous avons jadis attaché, ainsi que les anciens, une marque d'infamie à la privation de la ceinture ; les banqueroutiers et autres débiteurs insolvables étaient contraints de la quitter. La raison de cet usage est que nos ancêtres attachant à leur ceinture une bourse, des clés, etc. la ceinture était un symbole d'état ou de condition, dont la privation de cette partie du vêtement indiquait qu'on était déchu. L'histoire rapporte que la veuve de Philippe I. duc de Bourgogne, renonça au droit qu'elle avait à sa succession, en quittant sa ceinture sur le tombeau du duc. Voyez INVESTITURE.

La distinction des étoffes et des habits subsista en France jusqu'au commencement du XVe siècle. On a un arrêt du parlement de 1420, qui défend aux femmes prostituées la robe à collet renversé, la queue, les boutonnières, et la ceinture dorée ; mais les femmes galantes ne se soumirent pas longtemps à cette défense, l'uniformité de leur habillement les confondit bientôt avec les femmes sages ; et la privation ou l'usage de la ceinture n'étant plus une marque de distinction, on fit le proverbe, bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.

L'usage des ceintures parmi nous n'étant point passé, mais seulement restreint, comme nous l'avons dit, nous avons une communauté de Ceinturiers. Les Ceinturiers s'appelaient autrefois Courroyers. Voyez CEINTURIERS.

CEINTURE DE VIRGINITE des anciens. C'était la coutume chez les Grecs et les Romains, que le mari dénouait la ceinture de sa femme le premier soir de ses nôces.

Homère, liv. XI. de son Odyssée, appelle cette ceinture, , ceinture virginale.

Festus rapporte qu'elle était de laine de brebis, et que le mari la déliait lorsqu'il était dans le lit avec sa femme. Il ajoute qu'elle était nouée d'un nœud singulier, qu'on appelait le nœud d'Hercule, et que le mari le défaisait, comme un présage qui lui promettait autant d'enfants qu'Hercule en avait laissé en mourant.

Les Poètes donnent à Venus une espèce de ceinture appelée cestus, à laquelle ils attribuent le pouvoir d'inspirer de l'amour. Voyez CESTE. (G)

* CEINTURE DE VIRGINITE des modernes ; elle n'a rien de commun avec celle des anciens. Chez les anciens, l'époux ôtait à sa femme la ceinture virginale la première nuit de ses nôces ; et chez les modernes, c'est un présent qu'un mari jaloux lui fait quelquefois dès le lendemain. Cette ceinture est composée de deux lames de fer très-flexibles, assemblées en croix, ces lames sont couvertes de velours. L'une de ces lames fait le tour du corps au-dessus des reins ; l'autre passe entre les cuisses, et son extrémité vient rencontrer les deux extrémités de la première lame ; elles sont toutes trois tenues réunies par un cadenat dont le mari seul a le secret. Voyez CADENAT. La lame qui passe entre les cuisses, est percée de manière à assurer un mari de la sagesse de sa femme, sans géner les autres fonctions naturelles. On dit que cet instrument si infame, si injurieux au sexe, a pris naissance en Italie ; c'est peut-être une calomnie : ce qu'il y a de certain, c'est que l'Italie n'est pas le seul pays où l'on en ait fait usage.

Chrétien de la ceinture, Molaraekkel, dixième calife de la famille des Abassides, ordonna l'an 235 de l'hégyre de Jesus-Christ 856, aux Juifs et aux Chrétiens de porter une grande ceinture de cuir pour marquer leur profession, ce qu'ils pratiquent encore aujourd'hui dans tout l'Orient. Depuis ce temps-là les chrétiens d'Asie, et surtout ceux de Syrie et de la Mésopotamie, qui sont presque tous Nestoriens ou Jacobites, sont appelés chrétiens de la ceinture. (G)

CEINTURE DE LA REINE, (Histoire moderne) ancien impôt ou taxe qu'on lève à Paris de trois ans en trois ans, sur le pied de trois deniers par chaque muid de vin, et de six pour chaque queue, pour l'entretien de la maison de la reine. On l'a depuis augmenté, et mis sur quelques autres denrées ou provisions, comme le charbon, etc. On l'appelait aussi la taille du pain et du vin, comme il parait par des registres de la chambre des comptes. Vigenere suppose que le nom de ceinture a été donné à cet impôt, parce qu'autrefois la ceinture servait de bourse ; mais il ajoute qu'on levait il y a deux mille ans en Perse une pareille taxe, et sous le même nom, et cite pour le prouver l'Alcibiade de Platon, Cicéron et Athenée.

Il y a en Angleterre, pour la même destination, un impôt à-peu-près semblable, qu'on appelle aurum reginæ, or de la reine (queen-gold) ; c'était originairement un don qui se faisait librement et sans être exigible. On en a fait depuis une dette, au payement de laquelle les particuliers sont contraints. (H)

CEINTURE DE VIF ARGENT, terme de Médecine ; c'est une espèce de ceinture couverte et remplie de mercure. Voyez MERCURE.

Elle est de cuir, de linge, de drap, de coton, ou d'autre étoffe, qui enveloppe du mercure préparé ou éteint avec la salive d'une personne à jeun, de la graisse ou autre matière, qui en amortit la trop grande vivacité. On l'attache en forme de topique autour des reins, quelquefois avec succès, quelquefois aussi au préjudice du malade ; car elle est souvent dangereuse aux personnes qui sont d'un tempérament faible ou sujettes aux convulsions : on s'en sert pour guérir la gale, pour tuer la vermine, etc. (N)

CEINTURE du four, en terme de Boulanger et d'autres ouvriers ; c'est le tour intérieur du four, ou la partie du mur qui le forme, et sur laquelle la voute est appuyée.

CEINTURE OU PEIGNON, voyez PEIGNON et CORDERIE.