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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Antiquité grecque & romaine
S. f. (Antiquité grecque et romaine) en latin lustratio, cérémonies sacrées accompagnées de sacrifices ; par lesquelles cérémonies les anciens payens purifiaient les villes, les champs, les troupeaux, les maisons, les armées, les enfants, les personnes souillées de quelque crime, par l'infection d'un cadavre ou par quelqu'autre impureté.

On faisait les lustrations de trois manières différentes ; ou par le feu, le soufre allumé et les parfums, ou par l'eau qu'on répandait, ou par l'air qu'on agitait autour de la chose qu'on voulait purifier.

Les lustrations étaient ou publiques ou particulières. Les premières se faisaient à l'égard d'un lieu public, comme d'une ville, d'un temple, d'une armée, d'un camp. On conduisait trois fois la victime autour de la ville, du temple, du camp, et l'on brulait des parfums dans le lieu du sacrifice.

Les lustrations particulières se pratiquaient pour l'expiation d'un homme, la purification d'une maison, d'un troupeau. A tous ces égards il y avait des lustrations dont on ne pouvait se dispenser, comme celles d'un camp, d'une armée, des personnes dans certaines conjonctures, et des maisons en temps de peste, etc. Il y en avait d'autres dont on s'acquittait par un simple esprit de dévotion.

Dans les armilustres qui étaient les plus célèbres des lustrations publiques, on assemblait tout le peuple en armes, au champ de Mars, on en faisait la revue, et on l'expiait par un sacrifice au dieu Mars ; cela s'appelait condere lustrum, et le sacrifice se nommait solitaurilia ; parce que les victimes étaient une truie, une brebis, et un taureau. Cette cérémonie du lustre se faisait ou devait se faire tous les cinq ans le 19 Octobre ; mais on la reculait fort souvent, surtout lorsqu'il était arrivé quelque malheur à la République, comme nous l'apprenons de Tite-Live. Eo anno, dit-il, lustrum propter capitolium captum et consulem occisum, condi religiosum fuit ; on se fit scrupule cette année de terminer le lustre à cause de la prise du capitole et de la mort d'un des consuls. Voyez LUSTRE.

Les anciens Macédoniens purifiaient chaque année le roi, la famille royale, et toute l'armée, par une sorte de lustration qu'ils faisaient dans leur mois Xanthus. Les troupes s'assemblaient dans une plaine, et se partageaient en deux corps, qui après quelques évolutions s'attaquaient l'un l'autre, en imitation d'un vrai combat. Voyez-en les détails dans Potter, Archaeol. graec. Lib. II. c. xx. t. I.

Dans les lustrations des troupeaux chez les Romains, le berger arrosait une partie choisie de son bétail, avec de l'eau, brulait de la sabine, du laurier et du soufre, faisait trois fois le tour de son parc ou de sa bergerie, et offrait ensuite en sacrifice à la déesse Palès, du lait, du vin cuit, un gâteau, et du millet.

A l'égard des maisons particulières, on les purifiait avec de l'eau et avec des parfums, composés de laurier, de genièvre, d'olivier, de sabine, et autres plantes semblables. Si l'on y joignait le sacrifice de quelque victime, c'était ordinairement celui d'un cochon de lait.

Les lustrations que l'on employait pour les personnes, étaient proprement appelées des expiations, et la victime se nommait hostia piacularis. Voyez EXPIATION.

Il y avait encore une sorte de lustration ou de purification pour les enfants nouveaux nés, qu'on pratiquait un certain jour après leur naissance, et ce jour s'appelait chez les Romains lustricus dies, jour lustral. Voyez LUSTRAL, JOUR. (Antiquité grecque et romaine)

Il parait donc que lustration signifie proprement expiation ou purification. Lucain a dit purgare maenia lustro ; ce qui signifie purifier les champs en marchant tout-autour en forme de procession.

On peut consulter les auteurs des antiquités grecques et romaines qui ont rassemblé plusieurs choses curieuses sur les lustrations des payens ; mais Jean Lomeyer a épuisé la matière dans un gros ouvrage exprès intitulé de lustrationibus veterum gentilium, à Utrecht 1681, in 4°. (D.J.)




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