(Antiquité grecque et romaine) c'êtait un instrument à trois pieds qui, dans le paganisme, entrait dans les actes de religion, et était lié avec elle.

Il serait impossible de remonter à l'origine des trépiés, elle se perd dans les temps les plus reculés. Homère en parle comme d'un usage établi, lorsqu'il écrivait. On connait l'emploi qu'on faisait des trépiés pour les oracles et pour les prédictions. Les trépiés étaient dans la Grèce, ce que les couronnes et les boucliers votifs furent dans la suite des temps chez les Romains, c'est-à-dire des offrandes plus ou moins chères, qu'on faisait à tous les dieux. Les inscriptions dont il était facîle de les orner, perpétuaient la mémoire de celui qui les avait offerts. La grandeur et la matière en étaient indifférentes.

Presque tous les enfants qui avaient exercé le sacerdoce d'Apollon chez les Thébains, laissaient un trépié dans le temple. Les trépiés étaient aussi donnés par récompense aux talents. Hésiode en remporta un pour prix de poésie à Chalcys sur l'Euripe. Echembrote en offrit un de bronze à Hercule avec cette inscription : " Echembrote Arcadien a dédié ce trépié à Hercule, après avoir remporté le prix aux jeux des Amphictyons ". Horace dit, l. IV. ode 8.

Donarem tripodas praemia fortium

Graïorum.

Si j'étais riche, mon cher Censorinus, je donnerais volontiers à mes amis, de ces beaux trépiés dont la Grèce récompensa autrefois la valeur de ses héros.

Pausanias cite le sujet d'un grouppe de marbre assez indécent pour les dieux, mais qui fait honneur aux trépiés. Hercule et Apollon y étaient représentés se disputant un trépié ; ils étaient prêts à se battre, mais Latone et Diane retenaient Apollon tandis que Minerve apaisait Hercule. On en voit peu de bien conservés, et la plupart sont romains.

On en a trouvé un dans la maison de campagne d'Hadrien, de la hauteur d'environ cinq pieds ; ce qui prouve qu'il n'a été destiné que pour une offrande. Il est de pierre de touche, du plus beau travail grec.

Les trépiés sacrés, car c'est ainsi qu'on les nommait, se trouvent souvent de différentes formes ; les uns ont des pieds solides, les autres sont soutenus sur des verges de fer ; il y en avait en manière de sieges, de tables, de cuvettes ; il y en avait qui servaient d'autels, et sur lesquels on immolait les victimes.

Enfin quelle que fût leur figure, les trois pieds des trépiés souffraient en particulier différentes formes, et pouvaient être décorés de différents ornements. Le noyau ou le pilier montant qui portait la cuvette, pouvait être formé par une ou plusieurs figures. On variait ces figures dans l'espèce et dans les proportions. La cuvette, toujours soutenue par les trois pieds, pouvait être ornée par des têtes de caractères, mais il était possible de la décorer à volonté, en-dedans comme en-dehors, par des bas-reliefs et des gravures. Aussi est-il constant que les Grecs alliaient dans les trépiés la sculpture et la gravure. Pour les Romains, ils n'ont guère été dans le goût d'embellir leurs trépiés. Ils les ont conservés dans leur première forme, c'est-à-dire simple, car en fait d'ornements, on augmente plutôt qu'on ne diminue, comme le remarque M. de Caylus, Antiq. Grecq. Rom. Etrusq. t. 2. (D.J.)

TRÉPIé, (Médailles) les médailles prouvent que les trépiés avaient un grand usage dans les sacrifices ; car les trois pieds étaient couverts d'un bassin, sous lequel on faisait du feu pour bruler l'encens et les parfums que l'on offrait aux dieux ; on a une médaille de l'empereur Vérus, dont la tête est gravée d'un côté, et sur l'autre on voit un trépié entouré d'un serpent : ce trépié marque un sacrifice que faisait l'empereur, et le serpent indique qu'il sacrifiait à Esculape, au sujet de sa santé. Pour rendre ce symbole intelligible, on dit que, comme le serpent quitte sa vieille peau, les malades, par le secours de la médecine, quittent la langueur qui suit les maladies.

On connait encore une médaille de Vitellius, sur le revers de laquelle on voit un trépié, la figure d'un dauphin au-dessus, et un oiseau que l'on croit être un corbeau au-dessous. La légende porte ces mots XV. VIR. SACR. FAC. qui nous apprennent que Vitellius était un des quindécemvirs préposés pour la solennité des sacrifices : en effet, le dauphin était consacré à Apollon, selon la remarque de Servius sur le troisième livre de l'Enéide : et à l'égard du corbeau, on prétend qu'il était sous la protection du même dieu. (D.J.)

TRÉPIé DE LA PYTHIE, (Mythologie) machine à trois pieds sur laquelle la Pythie assise rendait les oracles d'Apollon ; c'était là le sacré trépié, appelé en latin cortina ; il était couvert de la peau du serpent Python ; la prétresse ou le prêtre d'Apollon ne rendait les oracles du dieu, et n'annonçait l'avenir, qu'après s'être assise sur le sacré trépié.

Dans les premiers siècles de la découverte de l'oracle de Delphes, devint prophète qui voulut, dit M. Hardion. Les habitants du Parnasse n'avaient besoin, pour acquérir le don de prophétie, que de respirer la vapeur qui sortait de l'antre de Delphes. Le dieu de l'oracle pour se mettre en crédit, inspirait alors toutes sortes de personnes indifféremment. Enfin plusieurs de ces phrénétiques dans l'accès de leur fureur, s'étant précipités dans l'abyme, on chercha les moyens de remédier à cet accident. On dressa sur le trou une machine qui fut appelée trépié, parce qu'elle avait trois barres, et l'on commit une femme pour monter sur ce trépié, d'où elle pouvait, sans aucun risque, recevoir l'exhalaison prophétique. Cette exhalaison était une ivresse produite par quelques vapeurs qui sortaient de l'antre de Delphes, ou bien une ivresse réelle procurée par des aromates qu'on brulait, et qui attaquaient le cerveau délicat de la Pythie, ou plutôt encore, c'était une ivresse feinte, des emportements et des contorsions étudiées.

Il ne faut pas confondre le trépié sur lequel la prêtresse était assise pour rendre les oracles d'Apollon, avec le trépié d'or qui était placé auprès de l'autel dans le temple de Delphes, voyez donc TREPIE D'OR. Littérat.

On donnait aussi par excellence le nom de trépiés aux divers autels du fils de Jupiter et de Latone. Claudien nous représente ce dieu qui vient de les visiter dans son char tiré par des griffons.

Phoebus adest et froenis grypha jugalem

Riphaeo tripodus repetens detorsit ab axe.

TRÉPIé D'OR, (Littérature) ce trépié, dit Hérodote, liv. IX. était porté sur un serpent de bronze à trois têtes : il fut consacré à Apollon, et placé auprès de l'autel dans son temple de Delphes.

Pausanias, général des Lacédémoniens à la bataille de Platée, fut d'avis qu'on donnât cette marque de reconnaissance au dieu des oracles. Pausanias le grammairien, qui était de Césarée en Cappadoce, et qui dans le second siècle nous a donné une belle description de la Grèce, fait mention de ce trépié. Après la bataille de Platée, dit-il, les Grecs firent présent à Apollon d'un trépié d'or, soutenu par un serpent de bronze ; c'était un serpent d'airain à trois têtes, dont les différents contours faisaient une grande base qui s'élargissait insensiblement.

Il se pourrait bien que la colonne de bronze qui était à Constantinople, fût ce fameux serpent à trois pieds ; car outre Zozime et Sozomène, qui assurent que l'empereur Constantin fit transporter dans l'hyppodrome les trépiés du temple de Delphes, Eusebe rapporte que ce trépié transporté par ordre de l'empereur, était soutenu par un serpent roulé en spire.

Quoi qu'il en sait, la colonne de bronze aux trois serpens avait environ quinze pieds de haut ; elle était formée par trois serpens tournés en spirale comme un rouleau de tabac ; leurs contours diminuaient insensiblement depuis la base jusque vers les cous des serpens, et leurs têtes écartées sur les côtés en manière de trépiés, composaient une espèce de chapiteau : Mourat avait cassé la tête à un de ces serpens ; la colonne fut traversée, et les têtes des deux autres furent cassées en 1700, après la paix de Carlovitz. (D.J.)

TRÉPIÉS DE DODONE, (Littérature) l'airain qui resonnait dans ce temple était peut-être une suite de trépiés posés de manière que le resonnement du premier qu'on touchait se communiquait aux autres, et produisait un son continué pendant quelque temps. Voyez l'article ORACLE DE DODONE. (D.J.)

TRÉPIé, (Littérature) tripus, gen. odis, les trépiés des anciens étaient de grandes marmites ou de grands chauderons à trois pieds, de divers métaux. Il y en avait de deux sortes, les uns étaient pour mettre sur le feu, et on les appelait , et les autres servaient à mêler le vin avec l'eau, et ils étaient appelés , parce qu'on ne les mettait jamais au feu. On voit par-tout dans Homère que l'on faisait présent aux héros de bassins et de trépiés ; ainsi dans le liv. XIX. de l'Iliade, Achille reçoit d'Agamemnon vingt cuvettes et sept trépiés. (D.J.)

TRÉPIé, (Numismatique) le trépié sur les médailles romaines, marque quelque sacerdoce ou dignité sacerdotale. Le trépié couvert ou non, avec une corneille ou un dauphin, est le symbole des duumvirs députés pour garder les oracles des sibylles, et pour les consulter dans l'occasion ; ils étaient consacrés aux pieds de la statue d'Apollon palatin, à qui la corneille est consacrée, et à qui le dauphin sert d'enseigne dans les cérémonies des duumvirs. P. Jobert.

TRÉPIé, (Cirier) les blanchisseurs de cire nomment trépié, une petite table carrée faite de menus morceaux de fer, sur laquelle pose l'instrument en forme d'auge, qu'ils appellent la grelouoire. (D.J.)

TRÉPIé, terme de Marchand de fer, ustensîle de cuisine, fait d'un cercle de fer soutenu de trois pieds, sur lequel on pose les chauderons, fourneaux, poêles, etc. qu'on veut tenir solidement sur le feu. (D.J.)