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Catégorie parente: Histoire
Catégorie : Marine
S. f. (Marine) menue corde où les soldats du vaisseau attachent leur linge pour le laisser trainer à la mer, afin qu'il s'y lave. On dit à la traine, lorsqu'on destine quelque chose à trainer dans la mer, en l'attachant à une corde.

TRAINE, s. f. (terme de Pêche) c'est la même chose que le coleret ou la dreige ; et la dreige est un filet dont on se sert pour la pêche de mer. Ce filet est triple, c'est-à-dire, qu'il est composé de trois filets appliqués l'un sur l'autre, ce qui lui fait donner le nom de tramail ou filet tramaillé ; celui du milieu que l'on nomme nappe-dreige ou flue, filure ou feuillure, est le plus étroit ; ses mailles doivent être de 21 lignes en carré ; mais l'ordonnance permet de faire cette pêche avec des nappes dont les mailles n'ont que treize lignes, seulement pendant le temps du carême.

Les hamaux ou tramaux, filets à larges mailles qui sont des deux côtés de la nappe, doivent avoir neuf pouces en carré, et le bas du filet ne doit être chargé que 1 1/2 livre de plomb au plus par brasse, afin que le filet n'entre que peu avant dans le sable.

La nappe est mise entre les tramaux fort libre et flottante, afin que dans la manœuvre de la pêche les petites mailles puissent plus aisément former des sacs ou bourses dans les grandes mailles des tramaux, et ainsi retenir tout le poisson qui s'est trouvé sur le passage de la dreige.

Le haut du filet est garni de flottes de liege, afin qu'il tienne droit dans l'eau, sans cependant quitter le fond de la mer où il s'applique au moyen des lames de plomb dont la corde du pied est garnie.

Pour faire cette pêche qui est la plus ingénieuse de toutes celles qui se pratiquent à la mer, les pêcheurs étant arrivés sur des fonds de sable ou de graviers, amènent toutes leurs voiles et leurs mâts ; ils jettent leur dreige à la mer ; les deux bouts de la dreige sont frappés sur deux petits cablots ou orins que les Picards nomment hallins, dont l'un est amarré par les travers du bateau, et l'autre à la vergue du borset ; et pour mieux faire couler la dreige sur le fond de sable ou de gravier seuls convenables, ils amarrent encore à chaque bout de la dreige une grosse pierre qu'ils nomment cablière, afin de la mieux faire couler bas.

Le borset est une grande voîle D que les pêcheurs appareillent sur une vergue qu'ils jettent à l'eau ; la marée qui s'y entonne, gonfle le borset, comme s'il était appareillé au vent. Pour le faire mieux couler bas, les pêcheurs amarrent aux couets une cablière ; la vergue est soutenue à fleur d'eau par un gros barril de bouée ; la marée faisant dériver le borset D d'une part, et le bateau E d'autre part en même temps, ils entraînent la dreige A B C qui racle le fond et enlève si exactement tout ce qu'elle trouve en son chemin, que les pêcheurs rapportent même du fond de la mer leur pipe, quand elle est tombée dans un lieu où la dreige doit passer.

Quand le bateau E ne dérive pas de sa part autant que le borset, les pêcheurs mettent à l'avant leur grande voîle à l'eau ; elle y est appareillée comme lorsqu'elle est au vent sur son mât, et par ce moyen ils rétablissent l'égalité de vitesse.

On peut concevoir à présent le tort que fait la dreige sur les fonds où elle passe, lorsqu'elle se fait pendant l'été près de terre où tout le fray du poisson est pour lors. Cette perte est inconcevable. Voyez la représentation de cette pêche dans la fig. 4, Pl. VI. de pêche.

La pêche des huitres se fait avec de petits bateaux du port depuis quatre jusqu'à huit tonneaux, et de sept ou huit hommes d'équipage. On fait cette pêche à la voîle et à deux dreiges pour chaque bateau, pour pêcher à bas-bord et à tribord ; ils reviennent tous les soirs à terre, et débarquent les huitres de leur pêche qu'ils mettent en parcs sur la greve où les femmes qui font ordinairement ce travail, les rangent en gros sillons pour les faire dégorger. Elles n'y restent que peu de marées sans se nettoyer des ordures dont elles sont couvertes en sortant de dessus la roche, après quoi elles deviennent marchandes et aussi nettes qu'on les voit à Paris.

Le temps de cette pêche que l'on faisait autrefois durant toute l'année, a été borné d'office par les officiers d'amirauté du premier Septembre au dernier Avril, avec défense de la faire pendant le mois de Mai jusque et compris le mois d'Aout. Cette police était d'autant plus nécessaire que les huitres fraient durant les chaleurs, et qu'ainsi on empêcherait la multiplication d'un coquillage qui est la vraie manne des riverains ; joint aussi que les huitres durant cette saison sont de très-mauvaise qualité, et ne peuvent faire une bonne nourriture.

Les dreiges dont les pêcheurs d'huitres se servent, sont une espèce de chausse tenue droite par un châssis de fer dont les côtés qui raclent le fond de la mer, sont faits en couteaux qui grattent et enlèvent tout ce qui se rencontre sur leur passage ; les huitres détachées du fond entrent dans la chausse de la dreige que les pêcheurs halent à bord pour les retirer. Voyez les Planches de pêche et les articles CHAUSSE, DRAGUE, HUITRE, etc.

La dreige des pêcheurs du port des barques n'est pas le même filet que l'on appelle tramail de dreige dans l'ordonnance de 1680, et celui dont on se servit sous ce nom le long des côtes de la Manche avant la déclaration du roi du 23 Avril 1726. C'est la grande chausse ou cauche, mais bien moins nuisible que celle des pêcheurs de Cancale ; cette pêche ne diffère en rien de celle que les pêcheurs de Nantes nomment chalut, ni de celle qui se pratique le long des côtes de la Méditerranée sous le nom de pêche de la tartane et du grand gauguy. Quant au sac ou à la chausse qui est faite en forme d'un carré long émoussé ayant ordinairement huit brasses de gueule ou d'ouverture, autant de profondeur, et cinq à six brasses de large ; dans le fond, les mailles du sac sont de trois différentes sortes de grandeurs ; les plus larges sont à l'entrée, les médiocres au milieu, et les plus étroites dans le fond ; l'ouverture ou l'entrée du sac est garnie par-bas d'un cordage d'environ deux pouces de grosseur sur lequel le bas du sac est amarré, et qui est garni de deux ou trois plommées par brasse de la pesanteur d'environ demi-livre chaque ; le haut du sac est garni d'une double ligne d'un quart de pouce au plus de grosseur avec des flottes de liege rondes et enfilées.

Les deux coins du sac sont garnis d'un petit échallon de bois dans lequel sont passés et amarrés la corde de la tente et le cablot du pied qui forment l'ouverture du sac ; on passe entre ces deux cordages une pierre qui est arrêtée entre l'échallon et les cordages. On amarre ensuite sur les échallons une grande perche formée de plusieurs autres, pour en faire une de trente à trente-cinq pieds de long pour mieux contenir l'ouverture du sac ouverte, et prendre ainsi les poissons qui se trouvent dans le passage de cette dreige que l'on traine comme le chalut. Voyez CHALUT.

La dreige, breige, ou grande traine tramaillée, est une sorte de filet qui diffère des dreiges en ce qu'elle est tramaillée ; elle sert à la pêche des saumons et des aloses, qui se fait depuis la saint Martin jusqu'à Pâques. Quant à la manœuvre de cette pêche, on la tend de même que la seine, avec un seul bateau, le bout forain garni d'une bouée de sapin, et l'autre Ve à la dérive avec le bateau où il reste amarré, et dérivant soit de flot, soit de jussant à fleur d'eau, parce que les plombs dont le bas est garni ne le peuvent faire caler sur le fond à-cause du liege dont la tête est garnie, n'ayant au-plus que trois quarterons de plomb par brasses.

Ce ret est du genre des rets volans ou courants ; deux hommes dans la filadière suffisent pour faire cette pêche ; le filet dérive au courant, et les pêcheurs, par l'augmentation ou diminution des flottes de liege, font aller au fond entre deux eaux, ou à fleur d'eau leur filet, selon qu'ils s'aperçoivent que le poisson monte ou descend. Cette même manœuvre se pratique pour les pêches des aloses dans la rivière de Seine, et pour celle des harengs à la mer : après que le filet a dérivé deux ou trois cent taises, on le relève de la même manière qu'on fait les rets verquants au milieu de la rivière sans le haler à bord, comme on fait les seines qui servent à faire la même pêche.

Les mailles des breiges ou dreiges de brane ont la maille de l'armail ou des hameaux qui sont des deux côtés, de dix pouces deux lignes en carré, et celle de la carte-nappe ou ret du milieu jusqu'à vingt-six lignes aussi en carré.

TRAINE ou PICOT, terme de Pêche usité dans le ressort de l'amirauté de Caen ; cette pêche est aussi nommée traine en pleine mer ou folles trainantes et dérivantes. En voici la description telle qu'elle se pratique par les pêcheurs de ce ressort.

Les pêcheurs qui font cette pêche ne sont qu'au nombre de deux seulement dans les bateaux picoteux ; quand ils font la pêche du picot en grande traine à la mer, ils fournissent chacun une pièce de filet qu'ils joignent ensemble ; ils soutiennent qu'ils font leur pêche à cinq et six lieues au large sur dix brasses d'eau ; on peut juger du risque qu'ils courent éloignés de la côte dans de si petits bateaux ; ils assurent encore que le filet Ve quelquefois entre deux eaux, et quelquefois qu'il se soutient à fleur d'eau, au moyen des flottes de liege dont la tête est chargée, et qu'il dérive au gré de la marée sans être trainé sur le fond.

Il est constant que ce filet est moins une traine qu'une folle trainante en dérive ; qu'avec des mailles aussi larges ils ne peuvent jamais pêcher que des rayes et des turbots, sans pouvoir arrêter aucun poisson rond ; il y aurait peu d'abus à craindre de son usage si les pêcheurs qui la font se servaient pour la pratiquer de grandes plates ou de bateaux à quille du port au-moins de deux à trois tonneaux.

Les pêcheurs se servent de plusieurs calibres ; ceux dont ils se pourraient servir dans les plates de deux tonneaux, ont les mailles de dix-neuf et vingt et une lignes en carré, et les abusifs n'ont que seize, quinze et quatorze lignes.




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