S. m. terme de rivière, sorte de bateau qui est des plus grands dont on se serve sur les rivières. Il y en a qui ont 28 taises entre chef et quille, sans le gouvernail.

Le grand-maître a 37 taises de long, y compris le gouvernail.

Description de la construction d'un foncet et des pièces qui le composent. Pour la construction d'un bateau de 170 pieds de longueur, à compter du pied du chef jusqu'au pied de la quille.

Le chef commence de dessus la planche du fond en-avant, et contient en montant jusqu'au nez 22 pieds de longueur.

Du pied de la quille qui est sur le derrière en montant jusqu'au haut, il y a environ deux pieds et demi de pente.

L'on donne à un pareil bateau, 22 pieds de largeur dans son milieu.

Pour le construire, l'on commence par poser à plat des planches des deux côtés qui ont trois pouces d'épaisseur, que l'on nomme semelles.

Au bout de ces semelles en-avant, l'on y pose deux planches de la même épaisseur, que l'on nomme des ailes, qui arrondissent le fond de devant du bateau.

Et en-arrière l'on met aussi deux ailes de même épaisseur que les semelles, qui vont en arrondissant joindre la quille.

En-dedans de ces semelles et de ces ailes, l'on met à plat des contre-semelles ; ce sont des planches sciées en chanlatte, qui ont 3 pouces d'épaisseur du côté qui joint les semelles et les ailes, et du côté du fond seulement deux pouces et demi.

Les autres planches qui sont en-dedans de ces contre-semelles qui garnissent le fond (raison pour laquelle on les nomme planches de fond) ont 2 pouces et demi d'épaisseur, et doivent être toutes de hêtre.

Ces planches de fond sont jointes et retenues ensemble avec des bouts de merrain de 6 pouces que l'on nomme tasseaux, et que l'on pose à trois pieds et demi de distance les uns des autres sur la jointure de deux planches, et l'on remplit les jointures entre les tasseaux avec des pièces de merrain de trois pieds et demi de longueur, que l'on cloue, ainsi que les tasseaux, avec du clou à tête de diamant pour une plus longue durée.

La quille est une pièce de bois que l'on met debout à l'extrémité de derrière ; elle a 14 pieds de hauteur sur 12 à 14 pouces d'épaisseur ; elle est sciée en chanlatte, et le côté du gouvernail n'a que 6 à 7 pouces d'épaisseur.

Par-dessus les ailes de devant, l'on place de chaque côté quatre petites lambourdes ; ce sont des planches qui ont comme celles du fond, deux pouces et demi d'épaisseur ; elles sont plus longues les unes que les autres, et ont 15 à 16 pouces de largeur et même plus par le bout qui prend dessus le chef, et elles viennent en diminuant se fermer sur le fond, où elles se trouvent réduites à 7 ou 8 pouces de largeur, et on les cloue sur les ailes avec de gros clous aigus.

L'on met aussi de chaque côté par-dessus ces quatre petites lambourdes, trois grandes lambourdes ; ce sont des planches aussi de deux pouces et demi d'épaisseur, et plus longues les unes que les autres : la première doit avoir, quand cela se peut trouver, 30 à 35 pieds de longueur ; la seconde 40 à 45 pieds ; et la troisième 50 à 55 pieds : elles ont de même 15 à 16 pouces de hauteur, et même plus du côté du pied du chef, et vont en diminuant se fermer sur le fond, où elles se trouvent réduites à 7 à 8 pouces de hauteur.

Il ne se met que trois lambourdes derrière de chaque côté, de deux pouces et demi d'épaisseur, sur 18 à 20 pouces de hauteur en montant à la quille, et elles vont en diminuant aussi de moitié se fermer sur le fond.

Entre les lambourdes de devant et celles de derrière, pour clorre la bordaille on met de chaque côté deux planches que l'on nomme rebords, qui ont 3 pouces d'épaisseur sur 18 à 20 pouces de largeur, et 40 à 45 pieds de longueur, dont on encloue sur le fond, c'est-à-dire contre les semelles, environ 30 à 32 pieds, et le surplus qui est le même bout, monte sur les côtés des lambourdes de devant et de derrière.

Par-dessus les rebords et les lambourdes, on met un tour de planches qui ont deux pouces et demi d'épaisseur, et de 16 à 17 pouces de hauteur, qui prennent des deux côtés du bateau depuis le chef jusqu'à la quille ; ce qui forme avec les rebords le second bord, dont on donne 2 pouces à chaque bord.

Par-dessus ce tour de planches on en met un pareil qui prend aussi du chef à la quille, de la même épaisseur et pareille hauteur ; ce qui fait le troisième bord.

Et par-dessus ce troisième bord on met la sous-barque ; c'est un quatrième tour de planches qui prend de même du chef à la quille, à la réserve qu'elles ont 3 pouces d'épaisseur sur 20 à 22 pouces de hauteur.

Toutes ces planches de tour sont encouturées avec des clous aigus et des clous à clan, et l'on met des agnans en-dedans pour retenir les pointes desdits clous à clan.

L'on met sur les planches du fond du bateau 60 et tant de rables, qui ont 9 pouces de hauteur et 9 pouces de marche, et 55 à 60 pièces de lieure de même hauteur en largeur ; ces rables et ces lieures sont posés en-travers dudit bateau, et le bras de lieure monte contre la bordaille pour la retenir ; on les place tant vide que plein.

A la levée de devant au lieu de rables, on y met sept crochuaux ; ce sont des pièces de bois ceintrées qui s'entaillent dans le chef, et qui montent des deux côtés de la levée, où ils sont retenus avec de bons boulons de fer et des chevilles.

Les rables et les lieures sont seulement retenus avec de bonnes chevilles, dont la tête est par-dessous le fond du bateau.

Sur chaque bout des rables, il se place un clan à bosse de huit pouces en carré, plus fort en haut contre la sous-barque, qu'en-bas pour soutenir le porte-l'eau.

Et sur le bout des pièces de lieure, l'on met aussi contre la bordaille un clan simple, moins gros que le clan à bosse.

Tous les bras du lieure et tous les clans sont retenus avec de bonnes chevilles en bordaille ; et pour plus de sûreté on met un boulon de fer dans chaque bras des pièces de lieure.

Il y a des liernes en-dedans du bateau, de bout en bout le long de la bordaille : ce sont des planches de deux pouces et demi d'épaisseur, sur 5 à six pouces de hauteur, qui sont entaillées dans les clans et dans les bras des lieures, ces liernes servent à mettre des jambes de filleu, et d'autres jambes pour retenir les rubans du mât.

Par-dessus la hauteur des clans et des bras de lieure, on met des portelots ; ce sont des pièces de bois de 10 pouces d'épaisseur et 10 pouces de marche, sciées en chanlatte, que l'on pose en-dedans et le long du bateau, sur lesdits clans et bras de lieure, à la hauteur de la sous-barque.

Et devant et derrière du bateau pour fermer au chef et à la quille, on met des allonges de portelots ; ce sont des pièces de bois ceintrées et de pareille grosseur que les portelots, qui vont en tournant des deux côtés, tant du chef que de la quille, qui sont aussi posés sur partie de clans et des bras de lieure, et sur les crochuaux, à la hauteur de la sous-barque.

Les portelots et allonges de portelots sont retenus ensemble avec une bande de fer dessus, entaillée dans lesdits portelots et allonges, et une autre bande de fer au côté en-dedans, avec de gros clous aigus, et en outre deux boulons que l'on met en-dehors qui traversent la sous-barque, et l'un le portelot, et l'autre l'allonge, puis les deux bouts de la bande de fer en-dedans du bateau, auxquels boulons l'on met en-dedans des écriteaux pour les retenir.

Les arcillières sont des pièces de bois de 30 à 35 pieds de longueur, d'un pied de hauteur et de 17 à 15 pouces de marche, ceintrées et tournantes, que l'on pose sur les allonges de portelots en-devant du bateau des deux côtés, et dont l'épaisseur diminue en montant au chef.

Les arcillières de derrière sont aussi ceintrées et tournantes, ont 25 à 26 pieds de longueur, un pied d'épaisseur, et 14 à 15 pouces de marche ; elles se posent pareillement sur les clans à bosse et bras de lieure des deux côtés de derrière en-dedans du bateau, et viennent se fermer à la quille en diminuant aussi de leur épaisseur.

Entre les arcillières de devant et celles de derrière, il se met de chaque côté du bateau trois platbords ; ce sont des pièces de bois d'un pied de hauteur et de 15 pouces de largeur ou de marche ; elles se posent sur les portelots, et s'étendent aussi sous la sous-barque.

Ces plat-bords sont retenus aux écarts, c'est-à-dire à leur jonction, avec les arcillières de trois bandes de fer entaillées dans le bois, savoir une bande dessus, une en-dehors, et l'autre en-dedans, avec de bonnes fiches de fer et de bons boulons, garnis d'écriteaux, comme il est dit ci-dessus.

A 7 à 8 pieds du bout du chef, l'on place un seuil ; c'est une pièce de bois de 7 à 8 pouces de hauteur, sur 18 pouces de marche, que l'on pose en-travers sur les arcillières des deux côtés, et qui est retenue avec deux boulons et des fichenards dont les boulons percent au-travers des sous-barques. C'est au milieu de ce seuil que l'on place la bitte.

A 15 ou 16 pieds du bout du chef, on place deux courbes, une de chaque côté ; elles sont chacune retenues d'un bon boulon qui perce la sous-barque, l'allonge du portelot, et qui traverse encore la courbe ; et d'un autre boulon au pied de la courbe, qui porte dessus le rable.

La levée dudit bateau se place entre lesdites courbes et le seuil.

En-deçà desdites courbes on met un chantier ; c'est une pièce de bois de 7 pouces de hauteur, sur 8 pouces de marche, qui se pose en-travers sur les arcillières de chaque côté, ainsi que le seuil.

A deux pieds et demi ou trois pieds de la quille, on met un seuil ; c'est une pièce de bois de 6 pouces de hauteur sur 15 à 16 pouces de marche, que l'on pose aussi en-travers sur les arcillières des deux côtés de derrière ; et c'est au milieu de ce seuil que l'on pose le bitton.

A 22 à 24 pieds en-avant de la quille, on place deux courbes, une de chaque côté ; et elles sont retenues de la même manière que les deux courbes de devant.

La bitte, le bitton et les quatre courbes sont des morceaux de bois arrondis de 14 à 15 pouces de diamètre, sur un pied et demi ou environ d'élévation par-dessus les seuils et les arcillières, et ils servent à fermer les cordes.

Entre la quille et les deux courbes de derrière, il se construit une travure et un emprunt ; l'emprunt est sous le bitton.

La galerie est faite en-avant de la travure ; elle contient trois pieds de largeur, et elle se trouve placée entre et vis-à-vis les deux courbes de derrière.

Attenant cette galerie se trouve le chantier de derrière, il s'y place à une certaine distance six matières, pour composer dans ledit bateau sept greniers, outre le dessus de la levée, de la travure, et de l'emprunt. Les six matières sont six pièces de bois de 7 pouces d'épaisseur, sur 16 à 17 pouces de marche ; elles sont mises en-travers, et sont portées et entaillées sur et dans les plats-bords de chaque côté ; elles y sont chacune retenues avec deux petites bandes de fer de chaque côté, entaillées et clouées avec des clous aigus, et en outre un bon boulon qui prend dans la sous-barque, traverse le portelot, et dont le même bout qui sort au-dessus de la matière, y est retenu avec un écriteau et une ruelle.

Sous chaque matière il se met un potelet de 6 pouces en carré, dont un bout est entaillé dans le rable, et l'autre entaillé sous le milieu de la matière pour la soutenir, et en même temps pour empêcher le fond du bateau de s'élever.

Il se perce dans la quille quatre trous à distance égale, pour y mettre quatre verrelles ; ce sont des espèces de gonds, auxquels le gouvernail est accroché.

Le gouvernail est composé de plusieurs planches, qui toutes ensemble ont par en-bas 25 pieds de largeur, et par le haut environ 14 ou 15 pieds ; elles sont retenues par sept barres de bois de chaque côté, posées à distance à-peu-près égale en-travers desdites planches, et clouées avec de bons clous.

La crosse a environ 60 pieds de longueur dont le gros bout est carré, avec une entaille d'environ un demi-pié de profondeur, dans laquelle entrent les planches du gouvernail, sur lesquelles la crosse est posée ; l'autre bout est arrondi et vient jusqu'au grenier, qui est en avant de la travure.

Pour pousser cette crosse et dresser le bateau, il se pratique en-avant et attenant la galerie une élévation, au moyen de trois bouts de planches qui sont debout sur les plat-bords de chaque côté, sur lesquelles il s'en place trois autres en-travers, garnies de tasseaux que l'on nomme planches de harnais, sur lesquelles monte le pilote ; et au bout de la crosse l'on ferme une enfouaille ; c'est une petite corde qui sert à retenir le bout de la crosse lorsqu'il s'écarte du bateau.

L'on met quatre crampons, savoir deux de chaque côté de la levée du dedans du bateau, qui prennent dans les allonges dix portelots, comme dans les arcillières, pour fermer les cordes d'un vindas pour barrer le bateau quand il est demeuré.

L'on met aussi en tête du chef, c'est-à-dire sur le nez du bateau, un anneau pour y fermer une bitte, qui est un bout de corde, servant à retenir la flette devant le bateau, pour le dresser quand il Ve en avalant.

On ne donne point l'explication du mât.

Le filleu est une pièce de bois ronde, plus grosse que le mât, laquelle se place en-travers du bateau, quelques greniers en-arrière de celui où est planté le mât ; elle est retenue par de grosses cordes passées dans les liernes de chaque côté, que l'on nomme des jambes, ainsi qu'il a été dit ci-devant, sur lequel filleu l'on ferme le bout des cordes de traits et autres qui sont passées par le mât, pour servir au montant du bateau.

* FONCET, (Serrurerie) est dans une serrure une pièce qui se substitue à la couverture, et sur laquelle se monte le canon de la serrure, quand il y en a un. On y pratique l'entrée de la clé. Voyez, dans nos Planches en A, un foncet ; en B, un foncet un pas dedans ; et en C, le pied du foncet.