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Catégorie parente: Logique
Catégorie : Etymologie
(Science, Etymologie) on sait qu'on entend par siege, une dignité, une juridiction, une place, un canton dépendant de quelque prélat ; en voici l'étymologie et la filiation. Du mot grec , on a fait le mot latin sella, par l'affinité du sifflement entre H et S, et du mot sella on a fait le mot français siege. Les hélies de Pindare, qu'Homère nomme selles, étaient le siege, le lieu de l'oracle. Le fertîle canton, qu'Hésiode appelle Hellopie, était toutes les terres de la dépendance de ce même siege ; et le fleuve Selléis, qui en prit le nom, y coulait ; cette explication semble répandre la lumière sur une infinité de passages obscurs. Enfin le christianisme, qui a consacré jusqu'aux termes de religion employés par les payens, et qui quelquefois même a été plus loin, appelle à son tour sieges les endroits où doivent résider les principaux de ses ministres, les lieux de leur juridiction ; et en conséquence la première de toutes ces juridictions, est nommée le saint siege. Le pape a pris un titre magnifique, pour désigner son district ; cependant il a donné lui-même ce titre à l'archevêché de Mayence. (D.J.)

SIEGE, s. m. (Astronomie) est une étoîle fixe de la seconde grandeur, qui se trouve dans la jointure de la jambe et de l'épaule gauche de la constellation, appelée pégase. Voyez PEGASE. (O)

SIEGE, LE SAINT, (Histoire ecclésiastique) le saint siege est proprement l'évêché de Rome, que l'église romaine est convenue de regarder comme le centre de son unité ; mais si Rome était détruite ou devenait hérétique, l'église conviendrait d'un autre centre d'unité, qu'on regarderait toujours comme le saint siege, tant qu'on y conserverait la foi de l'église. Ainsi ce n'est pas l'église qui doit se régler sur l'évêché où est le saint siege ; car il était autrefois à Antioche ; mais c'est cet évêché qui doit garder les dogmes et se conformer aux règles de l'église ; et ce n'est que tant qu'il conserve ces dogmes et qu'il garde ces règles, que l'église le regarde comme le centre de l'unité.

La cour de Rome est fort différente du saint siege ; quelquefois on entend simplement par ce mot, les officiers du pape ; c'est en ce sens que l'on dit se pourvoir en cour de Rome ; mais la cour de Rome dans un autre sens, c'est cet assemblage de courtisans attentifs à relever la grandeur et la puissance des papes, afin d'y trouver eux-mêmes de quoi se relever et s'enrichir ; c'est une foule de flatteurs, qui attribuent aux pontifes romains des perfections que Dieu seul possede, et qu'il n'a communiquées à aucun homme mortel ; ce sont enfin des gens qui n'oublient rien, pour changer l'humilité sainte et le désintéressement apostolique, en un intérêt condamnable et en une domination arbitraire. C'est de cette extravagante prétention, que sont venus tant d'abus et de désordres qui désolent l'église chrétienne et fortifient le schisme. (D.J.)

SIEGE, dans l'Art militaire, est le campement d'une armée autour d'une place à dessein de s'en emparer, soit par famine en faisant des retranchements tout-au-tour, et empêchant tout convoi de s'y introduire, soit à force ouverte en combattant les fossés et faisant des attaques formelles. Voyez LIGNES, TRANCHEE, APPROCHE.

Ce mot signifie à la lettre demeure, faisant allusion à ce que l'armée y fait sa demeure jusqu'à la réduction de la place.

Les sieges les plus célèbres de l'antiquité sont ceux de Troie, de Tyr, d'Alexandrie, de Numance, etc. et parmi les modernes, ceux d'Ostende, de Candie, de Grave, de Prague, etc.

Les sieges peuvent se diviser en plusieurs espèces, suivant la nature des villes qu'on doit attaquer, et la méthode qu'on y emploie.

Le premier est le siege royal ou le véritable siege ; c'est celui dans lequel on fait tous les travaux nécessaires pour s'emparer de la place, en chassant successivement l'ennemi de toutes les fortifications qui la défendent ; cette sorte de siege ne se fait qu'aux villes considérables et importantes, et c'est de ce siege qu'on entend parler ordinairement, lorsqu'on dit qu'une armée fait le siege d'une place.

Le siege qui ne demande point tous les travaux du siege royal se nomme simplement attaque ; c'est pourquoi, lorsqu'un corps de troupes est envoyé pour s'emparer d'un poste important, comme d'un château ou de quelqu'autre petit lieu occupé par l'ennemi ; on ne dit point qu'on en Ve faire le siege, mais l'attaque.

M. de Folard, dans son Traité de l'attaque et de la défense des places des anciens, blâme avec raison ceux qui confondent le siege avec le blocus ou le bombardement. Il attaque à ce sujet un officier d'artillerie, qui dans un mémoire donné à l'académie des Sciences, sur la méthode de tirer les bombes avec succès, ne met aucune différence entre un siege dans les formes et un bombardement. Cet officier réduit à vingt-cinq les défauts où l'on tombe dans le jet des bombes pour y remédier, et les corrige autant que faire se peut : voici, dit-il, ce que j'ai pratiqué aux sieges de Nice, Alger, Gènes, Tripoli, Rose, Palamos, Barcelone, Alicant, et nombre d'autres places que j'ai bombardées. " Qui ne croirait, en lisant cela, dit M. de Folard, qu'Alger, Gènes et Tripoli, ont soutenu un siege ? et ces sieges sont imaginaires, du moins de son temps. Ces trois villes furent bombardées par mer, et personne ne mit pied à terre ; c'est donc improprement qu'on se sert du terme de siege, lorsqu'il s'agit d'un bombardement, confondant ainsi l'un avec l'autre.

La résolution des sieges est une affaire de cabinet, elle est une suite naturelle de la supériorité que l'on croit avoir sur ses ennemis : mais leur exécution étant une des plus sérieuses, des plus importantes et des plus difficiles parties de la guerre, elle demande aussi le plus de mesure et de circonspection ; leur succès dépend de plusieurs choses.

1°. Du secret sans lequel il est difficîle de réussir.

2°. Des forces qu'on a sur pied pour attaquer les places des ennemis, et défendre les siennes.

3°. De la disposition des ennemis ; car s'ils sont réunis et aussi forts que celui qui veut les attaquer, ils peuvent empêcher le succès du siege.

4°. De l'état des magasins les plus à-portée des lieux sur lesquels on peut entreprendre.

5°. De la conjoncture des temps ; car tous ne sont pas propres aux sieges, et rien n'étant plus ruineux pour les armées que ceux d'hiver, on les doit éviter tant qu'on peut.

6°. Des fonds nécessaires à leur dépense ; car l'argent étant le nerf de la guerre, sans lui on ne saurait réussir en rien.

Ce sont toutes mesures à prendre de longue-main, qui doivent être dirigées à loisir ; et après tout cela, quand on croit les avoir bien prises, souvent tout échappe ; car l'ennemi qui n'est jamais d'accord avec vous pourra vous interrompre.

1°. Parce qu'il sera aussi fort que vous, et qu'il vous observera de près.

2°. Parce qu'il aura aussi dessein d'entreprendre de son côté sur des places, dont la conservation vous importe plus, que la conquête de celles sur lesquelles vous pourriez entreprendre.

3°. Parce qu'il sera en état de courir sur votre pays et d'y porter la désolation, pendant que vous serez occupé au siege d'une place, dont la prise, qui peut être incertaine, ne vous dédommagerait pas des pertes que vous pourriez souffrir.

4°. Enfin, parce qu'il peut se mettre à-portée de vous combattre, avant que vous puissiez être établi devant la place que vous voulez attaquer.

Il faut bien peser toutes ces considérations avant que de se déterminer, et prendre toujours si bien son temps, que l'ennemi ne puisse vous tomber sur les bras avant votre établissement.

Dans l'un et l'autre cas le mieux est d'être le plus fort, et d'avoir deux armées quand on le peut ; savoir, une qui assiège, et l'autre qui observe. Celle qui assiège se renferme dans ses lignes, et celle qui observe ne fait que rôder et occuper les avenues par où l'ennemi peut se présenter ou prendre des postes, et s'y retrancher, ou le suivre s'il s'éloigne, en le côtoyant et se postant toujours entre lui et l'armée assiégeante, le plus avantageusement qu'il est possible.

L'armée d'observation est encore d'un grand secours à l'assiégeant dans le commencement du siege, parce qu'elle veille à sa conservation, pour le favoriser, escorter ses convais, lui fournir des fascines, et faire plusieurs autres corvées. Réciproquement l'armée assiégeante la peut renforcer dans le besoin, après les six ou sept premiers jours de tranchée, quand elle a bien pris ses avantages contre la place.

C'est encore une circonstance bien favorable de pouvoir attaquer avant que l'ennemi se puisse mettre en campagne avec toutes ses forces, ou dans l'arrière saison, après qu'une partie de ses troupes s'étant retirée, il n'est plus assez fort pour s'opposer aux entreprises. M. de Vauban, Attaq. des places.

Un des objets les plus importants, lorsqu'on entreprend un siege ; c'est de l'environner de manière que l'ennemi ne puisse y faire entrer aucun secours. M. de Vendôme ayant assiégé Verue à la fin de l'année 1704, sans couper absolument la communication de cette place avec l'armée de M. le duc de Savoie ; la ville se défendit depuis le 14 Octobre de cette année jusqu'au 7 Avril de la suivante, et M. de Vendôme aurait été obligé d'en lever le siege, s'il n'était parvenu à couper la communication avec l'armée ennemie ; c'est ce qu'il fit la nuit du premier au second de Mars.

Ayant fait après cela sommer le gouverneur de se rendre, celui-ci lui répondit, qu'il comptait n'être assiégé que du jour de l'interruption de la communication, quoiqu'il y eut déjà près de cinq mois que M. de Vendôme fût devant la place.

Avant de former un siege, on doit évaluer à-peu-près la quantité de troupes et de munitions dont on aura besoin pour la prendre ; cette évaluation est assez difficile, et nous n'avons aucun livre où elle soit traitée avec précision.

Ciran, l'un de nos plus anciens ingénieurs, suppose que l'armée assaillante doit être dix fois plus nombreuse que la garnison, et qu'ainsi il faut une armée de dix mille hommes pour attaquer une place dans laquelle il y en a mille ; mais ce rapport qui peut être assez exact dans cette supposition, pourvu qu'il n'y ait point à craindre qu'il vienne une armée au secours de la place, ne serait pas suffisant dans une ville où il y aurait deux mille hommes, surtout s'il fallait se circonveiller contre l'ennemi.

Ce rapport se trouvera donc trop petit dans plusieurs cas, mais il sera aussi trop grand dans d'autres. Par exemple, on n'a pas besoin d'une armée de deux cent mille hommes pour assiéger une place dans laquelle il y en a vingt mille ; c'est au général à déterminer par la grande connaissance qu'il doit avoir de la guerre, le nombre de troupes dont il a besoin pour faire un siege quelconque, relativement à la grandeur de la place, à l'excellence de ses ouvrages, au nombre et à la valeur de la garnison qui y est renfermée.

Pour l'amas de munitions qu'on peut consommer dans un siege, il faut régler d'abord quelle en sera à-peu-près la durée, quelles seront les différentes batteries qu'il faudra élever, ce qu'elles pourront consommer par jour, etc. on a des tables dans plusieurs livres, notamment dans les mémoires d'artillerie de Saint-Remy, qui contiennent le détail des munitions de guerre menées à différents sieges ; mais comme on n'y rend aucune raison de la quantité des choses qu'elles contiennent, elles ne peuvent être d'un grand secours aux généraux. Cependant au défaut des préceptes, on joint ici quelques-uns de ces états pour donner une idée de la quantité de ces munitions qui se consomment dans un siege.

Comme dans le temps des sieges pour lesquels on a dressé les états précédents, on ne faisait point usage des obus, il n'y en est pas fait mention ; mais comme l'on s'en est servi avec succès, au siege de Maestricht, en 1747, on ne doit point oublier d'en insérer dans le détail des munitions qui concernent les sieges. Voyez sur tout ce qui concerne ce sujet, et le détail des sieges, notre traité d'artillerie, et celui de l'attaque des places, seconde édition. (Q)

SIEGE d'aisance, s. m. (Architecture) c'est la devanture et la lunette d'une aisance.

SIEGE d'une selle, (Manège) le siege d'une selle est l'endroit du haut de la selle où le cavalier est assis.

SIEGE, s. m. (terme de Potier de terre) c'est une planche un peu panchée en-devant, placée derrière la roue, sur laquelle s'assied l'ouvrier quand il veut tourner un vase, ou quelqu'autre ouvrage de poterie. Cette planche a des deux côtés deux pièces de bois qu'on nomme des payens, qui sont fendues en hoches, de distance en distance pour lui servir comme de marche-pié. C'est sur ces hoches que l'ouvrier met ses pieds lorsqu'il travaille, ce qui les lui tient fort écartés l'un de l'autre, pour qu'il ait plus de facilité à se servir du tournoir, avec lequel il donne le mouvement à sa roue ; les payens sont mis en penchant aussi-bien que la planche. Savary. (D.J.)

SIEGE, voyez GARDON.




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