S. m. pl. (Blason) marques de noblesse et de dignité, composées régulièrement de certaines figures et d'émaux, données ou autorisées par les souverains, pour la distinction des personnes et des maisons. On les nomme armoiries, parce qu'on les portait principalement sur le bouclier, sur la cuirasse, et sur les bannières, et qu'elles ont pris leur origine des armes. Les plus belles armoiries, selon l'art, et les plus belles à voir, sont les moins chargées, et celles dont les figures sont faites de simples traits, comme les partitions, et les pièces honorables. Il n'y a que quatre couleurs et deux émaux qui entrent dans les armoiries. Ce mot vient d'armure, à cause qu'on peignait autrefois sur les écus, les casques, et les cottes d'armes des chevaliers, les marques qu'ils avaient prises pour se distinguer les uns des autres, tant à la guerre que dans les tournois. Voyez TOURNOIS.

Les savants ne sont point d'accord sur l'origine des armoiries. Favyn prétend qu'elles ont été dès le commencement du monde ; Segoin, du temps des enfants de Noé ; d'autres, du temps d'Osiris, ce qui est appuyé par quelques passages de Diodore de Sicîle ; d'autres, du temps des Hébreux, parce qu'on a donné des armes à Moyse, à Josué, aux douzes tribus, à Esther, à David, à Judith, etc. et d'autres, dès les temps héroïques, et sous l'empire des Assyriens, des Medes, et des Perses, s'appuyant sur Philostrate, Xenophon et Quinte-Curce. Quelques-uns prétendent qu'Alexandre régla les armoiries et l'usage du Blason. Le P. Monet veut qu'elles aient commencé sous l'empire d'Auguste ; d'autres pendant les inondations des Goths ; et d'autres, sous l'empire de Charlemagne. Chorier, dans son Histoire du Dauphiné. tom. I. pag. 97. remarque que les titres étaient les boucliers des Gaulois, qui les couvraient entièrement ; que chaque soldat y faisait peindre quelque marque qui lui était propre, et par la vue de laquelle il pouvait être reconnu entre ses compagnons : il cite sur cela Pausanias, qui le dit en effet ; et c'est-là, selon Chorier, l'origine des armes des familles nobles. Il dit ailleurs qu'il y aurait de l'ignorance à croire que les Romains aient entièrement manqué d'armoiries ; mais qu'il n'y en aurait guère moins à soutenir qu'ils en aient eu des propres à chaque famille. Spelman dit que ce sont les Saxons, les Danois et les Normands qui les ont apportées du Nord en Angleterre, et de-là en France. Il est certain que de temps immémorial, il y a eu parmi les hommes des marques symboliques pour se distinguer dans les armées, et qu'on en a fait des ornements de boucliers et d'enseignes : mais ces marques ont été prises indifféremment pour devises, emblèmes, hiéroglyphes, etc. et ce n'étaient point des armoiries comme les nôtres, qui sont des marques héréditaires de la noblesse d'une maison, réglées selon l'art du Blason, et accordées ou approuvées par les souverains. Ainsi avant Marius, l'aigle n'était point l'enseigne perpétuelle du général des Romains ; ils portaient indifféremment dans leur étendarts, ou un loup, ou un léopard, ou une aigle, selon le choix de celui qui commandait. On remarque la même diversité à l'égard des François ; ce qui fait que les auteurs sont partagés lorsqu'ils parlent des armoiries de France.

Il n'y avait originairement que les seules nobles qui eussent le droit d'avoir des armoiries : mais Charles V. par sa charte de l'an 1371, ayant annobli les Parisiens, il leur permit de porter des armoiries ; et sur cet exemple, les bourgeois les plus notables des autres villes en prirent aussi. (V)