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Catégorie : Grammaire & Jurisprudence
S. m. (Grammaire et Jurisprudence) est un ecclésiastique qui est préposé sur un monastère ou bénéfice qui a le titre de prieuré.

L'origine des prieurés est fort ancienne. Depuis que les réguliers eurent été enrichis par les libéralités des fidèles, comme outre les biens qu'ils possédaient aux environs de leurs monastères, ils avaient aussi quelquefois des fermes et des métairies considérables qui en étaient fort éloignées, ils envoyèrent dans chacun de ces domaines un certain nombre de leurs religieux ou chanoines réguliers, qui régissaient le temporel et célébraient le service divin entr'eux dans une chapelle domestique. On appelait ces fermes celles ou obédiences.

Celui qui était le chef des religieux ou chanoines réguliers d'une obédience, se nommait prieur ou prévôt ; et la chapelle et maison qu'ils desservaient, fut aussi nommée prieuré ou prévôté.

Le prieur, et ceux qui lui étaient adjoints, étaient obligés de rendre compte de leur régie tous les ans au monastère duquel ils dépendaient ; ils ne pouvaient prendre sur le revenu de la métairie que ce qui était nécessaire pour leur entretien.

L'abbé pouvait, lorsqu'il le jugeait à propos, rappeler le prieur ou prevôt et ses religieux dans le monastère.

Le relâchement de la discipline monastique s'étendit bientôt dans ces petits monastères. Le concîle de Latran tenu en 1179, ordonna que les choses seraient remises sur l'ancien pied, mais cela ne fut pas observé.

En effet, dès le commencement du XIIIe siècle, il y eut des abbés qui donnèrent des ordres à quelques-uns de leurs religieux, pour demeurer pendant leur vie dans une obédience, et pour en gouverner les biens comme fermiers perpétuels.

Cet usage fut d'abord regardé comme un abus. Le pape Innocent III. écrivant en 1213 à un abbé et aux religieux d'un monastère de l'ordre de saint Benait, leur défendit de donner ces obédiences à vie, et voulut que ceux qui les desservaient fussent révocables à la volonté de l'abbé.

Cependant cette loi ne fut pas exécutée ; les prieurs au contraire voyant que les abbés et autres officiers des monastères s'étaient attribué chacun une partie des revenus de l'abbaye, s'approprièrent aussi les revenus dont ils n'étaient originairement que fermiers.

Ce changement s'affermit si bien, que sur la fin du XIIIe siècle les prieurés qu'on nommait cependant encore obédiences et administrations, étaient réglés comme de vrais bénéfices.

Plusieurs titulaires de ces prieurés en expulsèrent les religieux qui y vivaient avec eux, et y demeurèrent seuls : de-là vient la distinction des prieurés conventuels, et des prieurés simples.

Le concîle de Vienne, auquel présidait Clément V. défendit à tous religieux qui avaient inspection sur les monastères ou prieurés, d'aliéner ou affermer les droits ou revenus à vie, et même de les accorder à temps pour de l'argent, à-moins que la nécessité ou l'utilité du monastère ne le demandât, ou du-moins sans le consentement de l'évêque du lieu, quand le prieuré était indépendant.

Il défendit aussi de conférer les prieurés, quoiqu'ils ne soient pas conventuels, à d'autres clercs qu'à des religieux profès âgés de 20 ans, et enjoignit à tous prieurs de se faire ordonner prêtres, sous peine de privation du bénéfice, dès qu'ils auraient atteint l'âge prescrit par les canons pour le sacerdoce, et leur ordonna de résider dans leurs prieurés, dont ils ne pourraient s'absenter que pour un temps en faveur des études, ou pour quelqu'autre cause approuvée par les canons. Enfin, ce concîle déclare que si les abbés ne confèrent pas les prieurés, administrations, et autres bénéfices réguliers dans le temps prescrit aux collateurs par le concîle de Latran, l'évêque du lieu où le prieuré est situé pourra en disposer.

Les prieurés-cures, qui se trouvent en grand nombre dans l'ordre de saint Augustin, et dans celui de saint Benait, sont aussi devenus des bénéfices, au lieu de simples administrations qu'ils étaient d'abord. Ceux-ci ne sont pas tous formés de la même manière.

Les uns étaient déjà des paroisses avant qu'ils tombassent entre les mains des religieux ; d'autres ne le sont devenus que depuis que les monastères en ont été les maîtres.

L'établissement des prieurés-cures de la première classe, vient de ce que les évêques donnèrent aux abbayes, tant de moines que de chanoines réguliers, les dixmes et autres revenus d'un grand nombre de paroisses, ce qu'ils appelaient altaria. L'abbé qui perce voit les revenus de la cure, était obligé de la faire desservir par un de ses religieux, quand la communauté était composée de chanoines réguliers, et par un prêtre séculier, quand la communauté suivait la règle de S. Benait.

A l'égard des prieurés-cures fondés par les monastères, ce n'étaient d'abord que des chapelles domestiques d'une ferme, qu'on nommait grange dans l'ordre des Prémontrés. Les religieux y célébraient le service divin, auquel leurs domestiques assistaient les fêtes et dimanches. On permit ensuite au prieur d'administrer les sacrements à ceux qui demeureraient dans la ferme, et insensiblement cela fut étendu à tous ceux qui demeuraient aux environs, sous prétexte que c'étaient aussi des gens qui servaient le prieuré ; et par ce moyen ces chapelles devinrent des paroisses, et ensuite des titres perpétuels de bénéfices, dans la plupart desquels les prieurs-curés sont demeurés seuls, de même que dans les prieurés simples, les religieux qui y demeuraient auparavant avec eux ayant été rappelés dans les monastères dont ils dépendaient.

Il y a néanmoins des monastères dont les prieurés qui en dépendent sont toujours demeurés sur le pied de simples administrations, dont les pourvus sont obligés de rendre compte à leur supérieur, lequel peut les révoquer quand il lui plait.

Pour posséder un prieuré simple, c'est-à-dire qui n'est ni claustral ni conventuel, ni à charge d'ames, il faut, suivant la jurisprudence du parlement, avoir quatorze ans, mais suivant la jurisprudence du grand-conseil, il suffit d'avoir sept ans. Voyez le P. Thomassin, d'Héricourt, Fuet, les mémoires du clergé, et les articles ABBAYE, BENEFICE, COMMENDE, COUVENT, CURE, MONASTERE, RELIGIEUX. (A)

Prieur chef d'ordre, voyez Prieuré chef d'ordre.

Prieur claustral, voyez Prieuré claustral.

Prieur commendataire, voyez Prieuré en commende.

Prieur conventuel, voyez Prieuré conventuel.

Prieur curé, voyez Prieuré cure.

Grand-prieur, voyez Grand-prieuré.

Prieur titulaire, voyez Prieuré en titre.

PRIEUR, (Juridiction consulaire) on donne ce nom en quelques villes de France, comme à Rouen, à Toulouse, à Montpellier, etc. à celui qui préside au consulat des marchands, et qui y tient la place que le grand-juge tient à la juridiction consulaire de Paris.

PRIEUR DE SORBONNE, (Histoire moderne) c'est un bachelier en licence que la maison et société de Sorbonne choisit tous les ans parmi ceux de son corps pour y présider pendant ce temps. Tous les soirs on lui porte les clés de la maison ; il préside aux assemblées tant des bacheliers que des docteurs qui y font leurs résidences. Il ouvre le cours des thèses appelées sorboniques, par un discours latin qu'il prononce dans la grande salle de Sorbonne en présence d'une assemblée, où les prélats qui se trouvent alors à Paris assistent. Il ouvre aussi chaque sorbonique par un petit discours et quelques vers à la louange du bachelier qui répond ; et dans les repas particuliers de la maison de Sorbonne donnés par ceux qui soutiennent des thèses ou qui prennent le bonnet, il doit aussi présenter des vers. Le prieur de Sorbonne pretend le pas dans les assemblées, processions, etc. sur toute la licence ; mais le plus ancien, ou le doyen des bacheliers le lui dispute. Cette contestation qui a produit de temps en temps divers mémoires, et qui a été portée au parlement, n'est pas encore décidée. La place de prieur de Sorbonne est honorable, dispendieuse, et demande des talents dans ceux qui la remplissent.

PRIEUR, GRAND, (Histoire moderne) chevalier de Malthe, distingué par une dignité de l'ordre qu'on nomme grand-prieuré. Dans chaque langue il y a plusieurs grands-prieurs ; par exemple, dans celle de France on en compte trois ; savoir, le grand prieur de France, celui d'Aquittaine et celui de Champagne. Dans la langue de Provence on compte ceux de S. Gilles et de Toulouse, et dans celle d'Auvergne le grand prieuré d'Auvergne. Il y a également plusieurs grands-prieurs dans les langues d'Italie, d'Espagne et d'Allemagne, etc. Les grands-prieurs, en vertu d'un droit attaché à leur dignité, confèrent tous les cinq ans une commanderie qu'on appelle commanderie de grâce, il n'importe si elle est du nombre de celles qui sont affectées aux chevaliers, ou de celles qui appartiennent aux servants d'armes, il peut en gratifier qui il lui plait. Il préside aussi aux assemblées provinciales de son grand-prieuré. La première origine de ces grands-prieurs parait être la même que celle des prieurs chez les moines. Les chevaliers de S. Jean de Jérusalem étaient religieux, menaient la vie commune comme ils la mènent encore à Malthe ; ceux qui étaient ainsi réunis en certain nombre avaient un chef qu'on a nommé grand-prieur, du latin prior, le premier, parce qu'en effet il est le premier de ces sortes de divisions, quoiqu'il ne soit pas le chef de toute la langue ; on nomme celui-ci pilier. Voyez PILIER.




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